[MUSIQUE] Vous le savez, la communication sociale est impactée en autisme. Maintenant, nous allons parler de stratégies de remédiation de ces compétences de communication sociale. On appelle ça aussi compétences sociales, habiletés sociales, mettons ça sous le même terme. La frustration qui nous vient d'habitude quand on travaille avec des personnes avec autisme, dans cette thématique-là, c'est qu'on a envie d'aller trop vite et peut-être faire quelque chose de trop compliqué, c'est pourquoi il nous faut une bonne évaluation. Mettons que vous recevez quelqu'un qui a envie de travailler sur la remédiation de ses compétences de communication sociale. Par exemple, la semaine passée j'ai rencontré Dylan. Dylan m'a dit, j'ai envie d'avoir plus d'amis. C'était aussi la demande de ses parents. Il faut d'abord voir quelles sont les compétences sous-jacentes, les compétences qui manquent. Pour ça, il faut faire une enquête, une enquête auprès de Dylan, une enquête auprès de ses parents, une enquête auprès de l'école, pourquoi pas de certains de ses camarades. Il existe des outils standardisés comme le SRS-2, il existe aussi des questionnaires disponibles en ligne que je vous encourage à utiliser lors de cette enquête. Ensuite, on va aussi étudier ou discuter de quelles sont les barrières au développement de ces amitiés. Peut-être que Dylan a eu peu d'occasions d'avoir des amitiés parce qu'à la fin de la journée, il est tellement épuisé qu'il n'a pas l'énergie de pouvoir voir encore d'autres personnes. Peut-être qu'il a ce qu'on appelle une impuissance apprise, j'ai tellement essayé, ça n'a pas marché, et maintenant j'ai acquis le schéma que de toute façon ça ne marchera pas. Peut-être que j'ai un manque d'outils, que Dylan a un manque d'outils, qu'il ne sait pas comment faire, il faut étudier aussi quelle est la motivation sociale. L'autisme est un spectre et la motivation sociale c'est la même chose. Il y a des personnes avec autisme qui n'ont pas très envie d'avoir beaucoup de relations sociales et qui sont bien seules, et des personnes avec autisme qui ont très envie d'avoir des motivations sociales. Il faut étudier un peu ce style de motivation sociale, en discuter, peut-être discuter aussi de l'impact d'un manque de communication sociale. Ensuite, on sera prêt pour mettre en place des objectifs, se mettre d'accord avec Dylan, et ensuite on pourra passer à l'enseignement de compétences théoriques. Ça peut se faire par programmes, ça peut se faire par boîtes à outils, on va le voir un petit peu plus loin. Quand on sera prêt, on mettra ça en application à travers par exemple des jeux de rôles, en impliquant l'école, en impliquant un groupe de compétences sociales, nous verrons ça aussi plus tard. Un des outils de la boîte à outils ce sont les scénarios sociaux. Carole Gray a été une des premières personnes à parler de ça, il s'agit de courtes histoires individualisées pour décrire une situation sociale. Ça peut prendre différentes formes, vidéos, photos, dessins, scripts, etc. Il faut qu'il y ait trois règles, que ça soit rédigé à la première personne, que ça soit décrit, que la situation soit décrite du point de vue de la personne concernée, et puis expliciter le comportement social attendu. Un exemple, parfois je joue aux cartes en famille. Je, lorsque je perds aux cartes, parfois je jette les cartes et j'écris, et alors le reste de ma famille me dit stop. J'ai décrit la situation du point de vue de la personne concernée. Alors, lorsque je perds aux cartes, je reste calme, je félicite le vainqueur, et lorsque je [INAUDIBLE] et je félicite le vainqueur, donc comportement attendu, mes parents sont fiers et on continue de jouer. Cette méthode a un grand avantage, elle est très visuelle, très explicite. Elle présente un inconvénient. À moins de co-créer le scénario social, la personne n'est pas acteur de la réflexion sociale. On lui apprend le comportement social attendu. Il existe aussi des scénarios sur un mode explicatif. Par exemple, voilà comment ça va se passer chez le dentiste, voilà comment ça va se passer lorsque tu feras une prise de sang. Un autre outil très utile c'est l'outil vidéo. Il y a deux grandes façons d'utiliser ces outils vidéos qui ont été étudiés dans la littérature, le video modeling et le video feedback. Le video modeling, il s'agit d'un apprentissage sans erreurs. Je vais filmer un modèle qui va faire l'activité sans erreurs, par exemple se brosser les dents, ou par exemple si on reste à quelque chose de social, se présenter ou dire bonjour. Ensuite, une fois que la personne avec autisme aura appris ça, on va le filmer lui en train ou filmer la personne en train de faire ce modèle sans erreurs. Ça correspond à tout niveau de fonctionnement. Le video feedback, il faut un petit peu plus de métaréflexion, de réflexion sur la situation, parce qu'on va filmer une interaction, une discussion, et ensuite se regarder. Ça permet plusieurs choses, ça permet déjà de prendre conscience de la situation, prendre conscience, de son langage non verbal et puis, on peut se mettre d'accord sur des objectifs assez précis. Par exemple, on pourrait se dire l'objectif maintenant c'est qu'on ait un temps de conversation équilibré. Peut-être que la personne avec autisme, lorsqu'on leur a parlé de son intérêt restreint aura l'impression que le temps de conversation était équilibré, alors qu'en réalité, lorsqu'elle va se voir sur le video feedback, elle va se rendre compte qu'en fait, non, c'est elle qui a beaucoup plus parlé que l'autre. Il est bien sûr important de mentionner les nombreux programmes de remédiation de communication sociale qui existent, parmi lesquels PEERS ou la méthodologie Social thinking, qui choisit de plutôt s'attaquer à des problématiques particulières, par exemple le détective social. On va faire appel au détective social qui est en toi pour inférer les intentions, les pensées, les émotions des autres. On va pouvoir aussi s'attaquer à la thématique des règles cachées. Dans certains contextes, il y a des règles qui ne sont pas explicites, mais que tout le monde comprend. Je ne peux pas vous cacher que la plupart des méta-analyses concernant ces programmes sont contrastés. On note pour la plupart une amélioration de l'estime de soi, du sentiment de compétence, du sentiment d'amitié, mais le problème principal reste la généralisation. En contexte de groupe, en contexte de soutien psychologique, ça marche, la généralisation à l'école est plus compliquée. Et donc, les recherches les plus prometteuses sont les interventions qui sont en situation, à l'école, auprès des camarades, auprès des enseignants, voire pour les adultes auprès de leur lieu de travail. Marie Jeanne [INCONNU] vous en parlera ou vous en a déjà parlé dans le module Scolarité. En conclusion, aucun programme ne change le fonctionnement interne autistique, et donc les particularités de communication sociale vont rester. Par contre, on peut faire des progrès importants en faisant une bonne évaluation de base, en y allant lentement, pas à pas, et en apprenant des stratégies pour s'adapter au monde social. [MUSIQUE] [MUSIQUE]