[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je vais vous parler maintenant de l'intervention précoce dans un cadre collectif où l'intervention ne se passe plus cette fois de manière individuelle en un pour un, mais bien en groupe. Le professeur Giacomo Vivanti, dont vous écouterez l'interview dans une prochaine séquence et son équipe ont beaucoup étudié justement cette possibilité d'intervenir au sein d'un groupe d'enfants avec un TSA. Leur travail repose sur la mise en place du modèle ESDM, mais cette fois dans le cadre d'un groupe, c'est pourquoi qu'elle s'appelle le G-ESDM. Cette séquence va donc essentiellement se reposer sur ses travaux. Comme nous l'avons vu lors du premier module, on reconnaît aujourd'hui que les thérapies devraient se faire de plus en plus dans un milieu dit naturel pour l'enfant. Il semble donc approprié qu'une intervention ne se fasse pas seulement au domicile de l'enfant ou encore dans un cabinet, mais aussi dans un lieu d'accueil de la petite enfance, comme une crèche ou un jardin d'enfants, parce que ce sont dans ces lieux que beaucoup d'enfants âgés de 1 à 4 ans passent leur temps. Comme l'écrivent Monsieur Viventi et son équipe, cette intervention en groupe propose plusieurs avantages. D'abord, dans un cadre collectif, le ratio peut être différent. Imaginez qu'au lieu d'être un ratio d'un thérapeute pour un enfant, on soit dans une configuration d'un thérapeute pour deux à quatre enfants. On voit vite les avantages qui peuvent apparaître. Premièrement, on peut étendre la prestation à un plus grand nombre d'enfants avec TSA mais aussi diminuer les coûts de ces prestations. Lorsque l'intervention se passe au domicile de l'enfant, cela demande qu'un membre de la famille soit présent à la maison lorsque le thérapeute vient pour délivrer la thérapie, ce qui n'est pas toujours simple pour toutes les familles. Un autre avantage que nous donnent les auteurs du G-ESDM dans leur livre, est l'augmentation des opportunités pour travailler les compétences avec les pairs. La crèche ou le jardin d'enfants est le lieu de socialisation des jeunes enfants. En intervenant directement dans un lieu comme celui-ci, on va augmenter naturellement les opportunités pour cibler les compétences sociales avec les pairs. Les jeunes enfants avec un TSA vont pouvoir apprendre à s'engager dans un jeu, partager des jeux, communiquer directement avec des enfants. Quand on intervient en un pour un pour travailler les compétences sociales, l'adulte va s'efforcer de réagir un peu comme un jeune enfant le ferait. Mais c'est quand même difficile pour lui d'avoir ces réactions, et c'est beaucoup plus naturel d'entraîner ces compétences-là directement avec des enfants. À nouveau, il faut se référer au développement typique pour savoir à quel niveau de compétence sociale dans le jeu se trouve l'enfant avec lequel je travaille. Dans le développement typique, il existe des étapes, des phases dans ce domaine. Francine Ferland, une ergothérapeute canadienne, dans un de ses ouvrages, les résume très bien. Tout petit, l'enfant préfère jouer seul, il explore son environnement. Puis, ensuite, il commence à apprécier être à côté de ses pairs, c'est ce qu'on appelle le jeu parallèle. À ce moment-là , le partage reste encore difficile, l'enfant préfère garder ses jouets pour lui. C'est aussi à cet âge que l'enfant dit que tout est à lui et qu'il s'énerve quand on prend ses jouets. C'est après seulement qu'il apprécie jouer avec les autres enfants et ensuite commencer à leur apporter son aide. Comme pour la communication, il est important en intervention précoce de respecter l'étape à laquelle se trouve l'enfant dans son propre développement. Nous avons insisté lors du premier module sur l'individualisation du programme. Peut-être vous demandez-vous, mais comment le faire dans ce cadre collectif? L'intensité ne sera-t-elle pas diminuée? Dans le G-ESDM, chaque enfant va avoir ses propres objectifs. Les enfants qui se trouvent dans un même groupe vont avoir leurs propres compétences et leurs propres défis. Ils vont donc avoir leurs propres programmes thérapeutiques. Dans une intervention en groupe plutôt qu'en individuel, on va pouvoir mettre en place par exemple une activité dans lequel chaque enfant a des objectifs à travailler. Si je prends par exemple une activité de dessin à table, comme vous le voyez à l'écran, le but de l'activité pour l'enfant va être d'utiliser des crayons, de commencer à faire des gribouillages. Et maintenant pour le deuxième, le but de l'enfant va être de commencer à faire des points, des traits. Et pour ce troisième dessin, l'objectif est de commencer à dessiner des formes, à coller, décoller des autocollants, alors que pour ce dernier, l'enfant va lui-même dessiner l'arbre et repasser sur des traitillés pour faire des lettres. Les objectifs des enfants à travers cette activité vont être différents. Lors de cette activité, on peut aussi imaginer de mettre à disposition que quelques autocollants, quelques crayons, pour encourager et créer des opportunités de demande et d'échange entre les enfants. Rappelez-vous également que nous avons insisté sur l'importance d'impliquer les parents. Comment peut-on le faire dans ce cadre collectif? Dans le G-ESDM, les parents doivent définir avec l'équipe les objectifs des enfants. Que l'intervention se passe à la maison ou à la crèche, les objectifs sont individualisés et correspondent aux priorités que les parents ont déterminé pour leur enfant. Comme vous l'avez aussi entendu précédemment, il est important que les parents comprennent la thérapie qui est délivrée à leur enfant, qu'ils soient en accord avec celle-ci pour l'appliquer également à leur tour. Dans le G-ESDM, les stratégies, les valeurs de la famille sont prises en compte. Cela nécessite de pouvoir communiquer facilement et régulièrement avec elle. Les parents vont aussi définir avec l'équipe les objectifs de leurs enfants. Que l'intervention soit individuelle ou en groupe, nous venons de le voir, les objectifs sont individualisés et correspondent aux priorités que les parents ont déterminées pour leur enfant. Je vous ai présenté les grandes lignes d'une intervention dans un lieu collectif, à travers l'ESDM en groupe. Je donne maintenant la parole à Hilary, qui a eu la grande chance de pouvoir interviewer directement M Giacomo Vivanti. Nous les écoutons. [MUSIQUE] [MUSIQUE]