[MUSIQUE] Bonjour ! Dans la séquence précédente nous avons vu ce qu'est un groupe de compétences sociales, quel format est typiquement employé pour mettre en place ces groupes et quelles compétences sont généralement travaillées dans les groupes de compétences sociales. Dans cette séquence nous allons nous intéresser particulièrement aux techniques qui sont utilisées pour travailler sur les compétences sociales, ainsi que pour renforcer la motivation et diminuer les comportements des filles qui peuvent survenir dans le cadre de ces groupes. Donc, au niveau des techniques qui sont employées dans les groupes de compétences sociales, typiquement on voit une alternance entre du contenu un peu plus théorique qui va être enseigné aux jeunes et des mises en pratiques. De manière intéressante, la revue de la littérature montre que plus ces groupes contiennent des mises en pratique, plus l'efficacité des groupes est importante. Au niveau des techniques, donc plus spécifiquement, qui peuvent être employées, les premières techniques sont l'enseignement et la psychoéducation. Ça, ça va consister vraiment à expliquer les comportements sociaux qui sont attendus dans une situation donnée et fournir des informations plus théoriques par rapport à un sujet. Évidemment qu'on va chercher à adapter le format de la présentation aux jeunes qui participent au groupe, par exemple en utilisant beaucoup de supports visuels ou en utilisant des scénarios sociaux comme vous l'avez appris précédemment. On peut également utiliser du support vidéo pour illustrer certains comportements. Personnellement, j'aime beaucoup utiliser des extraits de film dans lequel on va pouvoir voir des exemples d'interactions sociales qui vont permettre aux jeunes de réfléchir et de commenter ces interactions. Ce qui peut être également intéressant dans le cadre de ses enseignements est d'utiliser des concepts clés ou des mots clés qui vont revenir tout au long des séances et qui vont permettre de fournir un langage commun entre les thérapeutes et les jeunes. Une deuxième technique qui est beaucoup utilisée dans le cadre des groupes de compétences sociales, ce sont les jeux de rôle entre les co-thérapeutes. Et à ce moment-là , les jeunes qui participent au groupe sont placés dans un rôle d'observateur actif ou ils vont pouvoir observer le jeu de rôle et ensuite le commenter. On peut soit essayer de faire un jeu de rôle qu'on va appeler « Réussi » dans lequel on va chercher à modeler des comportements qui sont socialement attendus. Ce qui peut également être intéressant, ça va être de faire des jeux de rôle qui contiennent des erreurs sociales que les jeunes vont devoir repérer dans le cadre du jeu de rôle. Ça va éviter de mettre par exemple les jeunes en échec et d'éviter qu'ils réalisent eux-mêmes ces erreurs par la suite dans leur jeu de rôle à eux. À travers ces jeux de rôle, ce qu'on va vraiment chercher c'est à utiliser une méthode qu'on appelle une méthode socratique, c'est-à -dire essayer que les jeunes découvrent la solution ou les bonnes réponses, ou les concepts attendus, par eux-mêmes, plutôt que de nous leur enseigner ces concepts. Ce qu'on va également pouvoir utiliser, c'est ce qu'on appelle des questions de perspective, c'est-à -dire demander à un jeune : Mais à ton avis, comment est-ce que la personne dans ce jeu de rôle pouvait se sentir, et comment est-ce que la personne qui posait les questions, par exemple, pouvait se sentir ? Et ça, ça permet vraiment aux jeunes d'essayer de se décentrer de pouvoir mieux comprendre la perspective d'autrui dans le cadre d'un jeu de rôle. Et finalement, une dernière technique qui est beaucoup utilisée, ça va être le jeu de rôle qui implique cette fois-ci les jeunes eux-mêmes. Cette technique, elle va permettre de pouvoir vraiment effectuer un feedback direct sur l'interaction entre les jeunes ou entre un thérapeute et un jeune. À nouveau, on va vraiment pouvoir aussi utiliser cette méthode socratique et les questions de perspective, comme je vous l'ai expliqué précédemment. Ce qui est également possible, c'est d'utiliser la technique de vidéo feedback telle qu'elle vous a été précédemment, afin de pouvoir remontrer un jeu de rôle au jeune afin qu'il puisse se revoir et identifier par exemple quels signaux sociaux il a fourni à son interlocuteur dans le cadre d'un jeu de rôle. On peut également essayer d'investiguer différentes stratégies d'interaction au travers de ces jeux de rôle, par exemple en rejouant la même situation différente fois, afin de pouvoir voir comment est ce que nos adaptations ont un effet sur notre interlocuteur. Pour vous rendre un petit peu plus concret ces groupes de compétences sociales, j'ai choisi de vous montrer un petit extrait d'un entretien que j'ai réalisé avec Vittorio, qui est un jeune de 19 ans qui a un trouble du spectre de l'autisme et qui a participé à plusieurs reprises à des groupes de compétences sociales. Au début de la séquence, vous allez voir finalement il va vous décrire quelles difficultés sociales il rencontre encore dans sa vie quotidienne et comment le groupe social lui a permis de travailler sur certaines difficultés qu'il rencontre. Dans ta vie de tous les jours, est-ce que tu dirais que tu as des difficultés à gérer certaines situations sociales ? >> Un peu, oui. Alors, j'ai fait pas mal de progrès récemment, mais il faut quand même dire que parfois, ouais c'est comme si j'évoluais un peu sur un plan plus différent des autres. Je veux dire, j'ai toujours du mal parfois à comprendre certains aspects de la vie en société, disons... En particulier, quand il s'agit de discuter via message. Je sais qu'il y a des gens qui préfèrent ça, mais moi franchement j'ai plus de mal, parce que disons un message est plus facilement interprétable, a plus de liberté d'interprétation qu'une discussion directe qu'on voit, qu'on entend le ton de la voix, qu'on voit l'expression des gens et tout ça. >> T'as l'impression que t'as moins d'indices un peu, c'est ça ? >> C'est ça, c'est ça oui. Je vois qu'en ce moment, j'ai de la peine surtout en ce qui concerne les relations amoureuses, ça c'est disons, déjà j'ai un peu de peine avec l'amitié et tout ça, du coup, donc avec les relations amoureuses, voilà des sentiments plus forts, forcément ça augmente d'un cran. Alors, si j'ai fait quelques progrès, mais disons que c'est pas encore tout à fait au point. >> T'as participé plusieurs années à ce qu'on appelle des groupes de compétences sociales, est-ce que ça c'est quelque chose qui t'a aidé pour mieux gérer justement des situations sociales qui te questionnaient ? >> Ben, ça oui quand même, parce que j'ai quand même reçu des conseils utiles, et j'ai aussi pu me mettre un peu en situation et de voir un peu ce que les autres pouvaient penser d'une situation qui pour moi me posait une certaine difficulté. Et surtout le fait de pouvoir interagir aussi avec des autres Asperger, ça me permettait aussi justement d'échanger un peu nos idées là -dessus. >> Donc, quand tu dis échanger vos idées, ça se passait comment ? >> Ben, disons qu'on parlait, on regardait un peu ce qu'ils pouvaient penser si moi j'apportais une thématique bien particulière. Je peux voir comment eux ils interprétaient leur chose. Et parfois c'était assez différent de la mienne, du coup ça me permettait d'avoir un autre point de vue. >> Et ça, c'était utile pour toi ? >> Oui. >> Pour terminer cette séquence, je voulais brièvement vous illustrer quelques techniques qui vont permettre de gérer la motivation et les comportements des filles, tels qu'ils peuvent s'exprimer dans un groupe de compétences sociales. Évidemment que ces recommandations vont être dépendantes du groupe auquel on a affaire, parfois ces recommandations sont particulièrement pertinentes, et parfois il n'y a pas de technique particulière à mettre en place, parce qu'il n'y a pas de comportement des filles au sein du groupe. Si on s'intéresse d'abord à la motivation, ce qui va être important ça va être de pouvoir renforcer ce qu'on appelle la motivation intrinsèque des jeunes à participer au groupe, c'est-à -dire qu'ils ne doivent pas avoir le sentiment d'être uniquement envoyés dans un groupe par leurs parents, alors qu'eux n'y voient pas du tout le sens. Une chose qui va pouvoir aider à renforcer cette motivation intrinsèque va consister à définir des objectifs qui sont vraiment personnalisés en fonction du groupe. Donc, ça va vraiment être de demander au groupe les situations par rapport auxquelles ils aimeraient pouvoir travailler. Ça va permettre de renforcer aussi leur autodétermination et de donner un sens aux séances qui leur sont proposées. Afin de renforcer aussi leur motivation, ça va être très important de pouvoir leur donner également des repères assez clairs sur ce qu'on attend d'eux dans le cadre du groupe. Pour certains jeunes, cela va pouvoir passer par le fait de définir des comportements qui sont attendus dans une séance. Par exemple, pour un jeune qui aurait beaucoup de difficultés à prendre la parole en groupe, ou qui n'y verrait pas tellement le sens, et bien ce qu'on pourrait faire, c'est proposer un nombre de fois minimum ou le jeune devrait prendre la parole au cours d'une séance de 60 ou 90 minutes. Un élément qui va également renforcer la motivation, va être de pouvoir fournir beaucoup d'encouragement et de feedback positif aux jeunes durant ces groupes. Éventuellement, on peut également utiliser le feedback des jeunes eux-mêmes entre eux pour renforcer leur motivation. Finalement, si ces techniques ne sont pas suffisantes, on peut essayer d'utiliser un système de renforcement par système de points pour augmenter la motivation. Par exemple, on pourrait attribuer un certain nombre de points par individu, ou pour le groupe en entier, si certains comportements tels que ceux qu'on a formulés dans les objectifs individuels, par exemple un nombre de prises de parole, sont réalisés par les participants. En fonction du nombre de points obtenus, le groupe pourrait obtenir une récompense. Dans le cas d'un groupe ou on observe beaucoup de comportements « défis », il va être important de pouvoir mettre en place un certain nombre de stratégies pour essayer de réduire le nombre et la fréquence de ces comportements des filles. Vous aurez également davantage d'informations sur les comportements des filles dans des séquences qui suivront. Un premier élément qui est important, c'est de pouvoir formuler des règles de vie pour le groupe et de pouvoir les formuler ensemble avec les jeunes. Ça pourrait être, par exemple, le fait de respecter les prises de position des uns et des autres dans le groupe. Le fait de rester tranquillement assis durant le groupe, ou alors encore le fait de pouvoir être libre de dire ce qu'on souhaite durant le groupe, pour autant que ce ne soit pas offensant pour un des autres membres du groupe. Ce qui est important, c'est de pouvoir formuler ces règles de manière positive et pas seulement sous forme d'interdiction. Idéalement, il ne devrait pas y avoir trop de règles et ces règles devraient être affichées en tout temps durant les groupes. Le deuxième point qui est important est de pouvoir développer une sorte de protocole claire, en fonction des réponses des participants à ces règles, en particulier s'il y a un non respect des règles qui sont formulées pour le groupe. Par exemple, en cas d'agitation trop importante on pourrait proposer à un jeune de se rendre avec l'un des thérapeutes dans une salle calme qui se trouve à coté. À nouveau, on peut aider le respect de ces règles de groupe au moyen de supports visuels, comme par exemple en utilisant les feux de circulation qui représenteraient le comportement des jeunes dans le groupe : vert, pas de difficultés de comportement ; orange, le comportement commence à devenir plus agité ; et rouge, c'est à ce moment-là qu'on proposerait par exemple la salle calme. Comme pour la motivation, on peut également proposer un renforcement par système de points afin de travailler sur les comportements des filles. Et finalement, on peut également proposer certaines aides externes, comme par exemple des balles sensorielles ou des hand spinners qui permettent parfois à certains jeunes de pouvoir occuper leurs mains pendant un groupe et qui permettent de réduire l'agitation au sein du groupe. Voilà , en conclusion, dans cette séquence nous avons appris quelles sont les techniques qui peuvent être utilisées dans le cadre d'un groupe de compétences sociales pour travailler ces compétences spécifiques. Vous avez également vu le témoignage de Vittorio au sujet de ces groupes de compétences sociales et pour terminer nous avons parlé des techniques qui peuvent être utilisées pour renforcer la motivation et réduire les comportements des filles dans le contexte d'un groupe. [MUSIQUE] [MUSIQUE]