[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous. Dans cette vidéo, on va aborder les troubles anxieux dans le contexte du TSA et notamment la complexité du lien entre ces deux troubles. Pour illustrer ce lien, on va prendre deux exemples. Le premier sera la phobie sociale et les difficultés sociales qu'on retrouve dans le TSA et le deuxième sera les compulsions du trouble obsessionnel compulsif et les comportements répétitifs dans le TSA. Une des raisons qui explique la complexité de ce lien, c'est notamment la fréquente cooccurrence qu'on retrouve en clinique entre les TSA et les troubles anxieux. Les chiffres sont un peu variables mais une étude a montré qu'il y a jusqu'à 40 % des personnes avec un TSA qui présentent aussi un diagnostic ou des diagnostics de troubles anxieux associés et dans la littérature on retrouve même certaines études qui vont jusqu'à dire qu'il y a jusqu'à 80 % des personnes avec un TSA qui présentent des symptômes de troubles anxieux associés, sans forcément complètement remplir les critères diagnostics mais en tout cas des symptômes. Pourquoi est-ce qu'on a une cooccurrence si fréquente entre les TSA et les troubles anxieux? On n'a pas encore de réponse dans la littérature. Il y a plusieurs hypothèses qui émergent, notamment une certaine étiologie commune entre les deux troubles et ça c'est soutenu par certaines études de neuro-imagerie qui mettent en évidence certaines similitudes entre des altérations au niveau cérébral. Une autre hypothèse serait éventuellement qu'il y ait plusieurs facteurs de risques communs qui se cumulent et qui font que la personne présente les deux troubles. Une autre hypothèse serait éventuellement que c'est vraiment deux troubles distincts et que c'est une coïncidence si on retrouve autant de cooccurrences en clinique. La réponse est probablement mixte mais ce qu'on sait c'est qu'il y a un des concepts qu'on a évoqué auparavant, le concept de diagnostic overshadowing, qui est très présent dans cette comorbidité. On sait que la fréquence des troubles anxieux est différente en fonction de la tranche d'âge des patients et que c'est quelque chose qu'on va plus facilement retrouver chez les grands enfants et les adolescents. On sait aussi qu'une population qui est particulièrement à risque de développer un trouble anxieux, c'est les patients avec un TSA de bon niveau, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de retard au niveau cognitif parce qu'ils ont une meilleure capacité de représentation. Toutefois il pourrait y avoir aussi un biais qui fait qu'on sous-diagnostique les troubles anxieux dans la population qui a un retard cognitif parce que c'est des personnes qui vont exprimer cette anxiété certainement de manière différente. Par exemple, un enfant qui est non verbal il ne pourra jamais dire, j'ai peur, je ne suis pas bien mais il va peut-être l'exprimer par d'autres comportements, comme des comportements agressifs et c'est une des explications qui pourrait être liée au fait que les troubles anxieux sont moins fréquents parce que moins diagnostiqués dans les personnes avec un TSA qui ont un moins bon niveau de fonctionnement. Les autres facteurs de risque pour développer un trouble anxieux dans la population TSA sont finalement les mêmes que ceux qu'on retrouve dans la population générale c'est-à-dire des événements traumatiques de vie comme des accidents mais également un environnement social ou scolaire qui est précaire et instable. Dans la suite de la vidéo, je vous propose qu'on regarde quelques éléments cliniques qui nous permettent de distinguer les troubles anxieux des troubles du spectre autistique pour nous aider à mieux dépister cette comorbidité ou alors au contraire à statuer sur un diagnostic différentiel. Je propose qu'on commence par les éléments qui distinguent la phobie sociale des difficultés sociales dans le TSA et dans la phobie sociale on a vraiment cette notion de peur du jugement d'autrui lors d'exposition à des situations sociales. Avec cette peur s'accompagnent souvent des symptômes somatiques que ce soit des rougissements, des palpitations ou de la transpiration. On peut prendre l'exemple d'une personne qui va refuser une promotion au travail parce que son nouveau poste va régulièrement l'exposer à devoir parler en public, comme donner des conférences, et que cette personne sait que chez elle c'est quelque chose qui entraîne des rougissements, de la palpitation, des sudations et que rien que l'idée de devoir parler en public va déjà pouvoir provoquer chez elle ces symptômes. Alors que dans les difficultés sociales qu'on retrouve dans le TSA il s'agit plutôt de la nature du contact qui est particulière. Il y a un manque de capacité d'adaptation, un manque de stratégies pour communiquer, un manque de réciprocité dans la communication, donc vraiment un manque de savoir-être et de savoir-faire. Toutefois ces deux diagnostics, que ce soit la phobie sociale ou les difficultés sociales dans le TSA, peuvent entraîner chez la personne un évitement des situations sociales. Comme deuxième exemple, je vous propose qu'on regarde les compulsions qu'on retrouve dans le trouble obsessionnel compulsif et les comportements répétitifs dans le TSA. Les compulsions sont vraiment en réponse à une anxiété qui est engendrée par des obsessions qui sont des pensées récurrentes et intrusives chez le patient. Ces compulsions sont souvent jugées par la personne elle-même comme étant excessives, inadéquates, inappropriées et qui va essayer de les cacher ou alors de les minimiser. On peut prendre l'exemple d'une personne qui a peur d'être contaminée au quotidien et qui du coup va avoir des comportements de lavage de mains ou alors de lavage du corps entier plusieurs fois par jour et ça va lui prendre plusieurs heures dans sa journée. Alors que les comportements répétitifs dans le TSA sont plus une activité qui est privilégiée par le patient et qui intervient dans des moments d'excitation plutôt positive. Dans les deux cas si les comportements sont interrompus cela peut provoquer de la détresse chez le patient et ils sont le plus souvent perçus comme inappropriés par autrui et donc très stigmatisants. Pour cette comorbidité entre les troubles anxieux et le TSA malheureusement il n'existe pas d'outils de dépistage standardisés. Il y a certains questionnaires qui peuvent être utilisés, qui sont utilisés en rechercher et en clinique mais on n'a pas encore de gold standard et les études récentes se questionnent si finalement on n'utiliserait pas d'autres mesures que les mesures classiques en se penchant plutôt sur des mesures physiologiques par exemple le rythme cardiaque ou la conductance cutanée. Cette vidéo est aussi l'occasion d'aborder l'impact de la timidité lors des évaluations diagnostiques standardisées pour le TSA. En effet une personne réservée ne soutiendra pas forcément le regard, répondra de manière très succincte aux questions de l'examinateur, sera réservée au niveau de la motricité par exemple ne fera pas beaucoup de gestes. Ce qui va nous permettre de différencier une personne réservée d'une personne avec un TSA, ça va être notamment l'évolution au cours du temps du comportement de la personne. Une personne qui est réservée va se sentir de plus en plus à l'aise au fil de l'évaluation, au fil des consultations et une autre option qui nous permet de nous aider à nous statuer c'est d'aller observer le patient dans un environnement qui lui est familier, par exemple à l'école. On l'a plusieurs fois répété dans ce module, l'importance de pouvoir dépister une comorbidité et de pouvoir adapter la prise en charge. Au niveau de la prise en charge des troubles anxieux, on a notamment la thérapie cognitivo-comportementale qui peut être utilisée dans une population avec un TSA avec quelques adaptations. Par exemple, on peut utiliser des supports visuels ou alors les intérêts restreints comme renforçateurs. Toutefois les études qui ont validé cette méthode thérapeutique ont surtout étudié une population avec un TSA de haut niveau et il existe peu d'études pour les TSA avec un niveau de fonctionnement inférieur. Une autre option thérapeutique est la médication et notamment les antidépresseurs. On arrive à la fin de cette vidéo. Donc on a vu le lien complexe entre les troubles anxieux et le TSA et l'importance de dépister cette comorbidité pour adapter la prise en charge. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]