[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous. Dans cette vidéo, on va s'intéresser à la comorbidité entre le trouble du déficit d'attention avec ou sans hyperactivité abrégé TDH et le TSA. Tout d'abord, une première question qu'on peut se poser c'est pourquoi on s'intéresse aujourd'hui à cette comorbidité. Un des éléments de réponse serait qu'on observe en clinique une fréquente co-occurrence entre ces deux troubles. En effet, la littérature montre que jusqu'à 80 % des personnes avec un TSA présentent en plus des symptômes de TDH. Ils ne remplissent pas forcément tous les critères diagnostiques mais ils présentent certains symptômes. Et inversement, jusqu'à 50 % des personnes avec un TDH présentent aussi des symptômes de TSA. Tout comme le TSA, la prévalence du TDH augmente, et c'est un trouble qui touche davantage les garçons que les filles. Un autre élément de réponse est que les changements entre la classification diagnostique du DSM4 au DSM5 qui est sorti en 2013 a permis vraiment la reconnaissance en termes diagnostiques de cette comorbidité. En effet, dans le DSM5, le TDH et le TSA sont deux troubles distincts, mais qui ne sont plus mutuellement exclusifs. Ça veut dire que depuis le DSM5, un enfant ou un patient peut recevoir les deux diagnostics en même temps, ce qui n'était pas le cas avant. L'intérêt qu'on porte à cette comorbidité aujourd'hui est principalement d'un point de vue neurodéveloppemental. C'est-à -dire qu'on suppose qu'il y a des voies du développement communes entre ces deux troubles. Ce qui nous laisse supposer ça c'est qu'il y a certaines études, les études récentes, qui ont montré des similitudes entre le TDH et le TSA, que ça soit au niveau clinique, au niveau cognitif, au niveau neurologique et aussi au niveau génétique. Je vous propose que dans la suite de cette vidéo, on regarde un peu plus en détail ces similitudes. On peut commencer par les similitudes au niveau cognitif, et plus particulièrement au niveau des fonctions exécutives. Les fonctions exécutives sont des fonctions cognitives dites supérieures, c'est-à -dire ce sont des fonctions qui nous permettent d'intégrer des informations et d'adapter notre comportement en conséquence. Par exemple, la fonction de la planification m'a permis de préparer le texte que j'avais, le contenu de la vidéo avant le jour du tournage aujourd'hui ; la fonction de l'inhibition me permet de ne pas me retourner alors que j'entends un bruit derrière moi et que je suis en train de vous parler ; et la fonction de la flexibilité mentale permet par exemple de s'adapter à des nouvelles règles pour un jeu de société. L'exemple typique c'est le jeu du Uno où personne n'a les mêmes règles. La flexibilité mentale va me permettre de m'adapter aux nouvelles règles de mes amis pour passer une bonne soirée. Les fonctions exécutives font partie de ce qu'on appelle les processus intentionnels, et les réseaux cérébraux qui les dirigent sont situés au niveau du lobe frontal, la partie antérieure du cerveau. Ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'on a un déficit de ces fonctions exécutives, que ça soit dans le TSA ou dans le TDH, mais malheureusement, on n'a pas encore réussi à vraiment caractériser ce déficit quand on se trouve face à une comorbidité TDH/TSA. Les études de neuro-imagerie récentes montrent qu'il y a certaines similitudes et certaines différences entre le TSA et le TDH. Malheureusement, il y a peu d'études qui étudient directement la comorbidité entre ces deux troubles, et les études qu'il y a sont principalement faites avec une population d'adultes. Ce que ça a montré jusqu'à présent, c'est qu'il y a certaines régions qui sont plus spécifiques à cette comorbidité, que ça soit notamment au niveau des régions frontales, donc le lobe frontal du cerveau qu'on a notamment évoqué en parlant des fonctions exécutives, mais aussi des régions comme les ganglions de la base, qui sont des régions plus profondes dans le cerveau, le corps calleux, qui est la partie qui relie les deux hémisphères du cerveau, ou alors encore le cervelet qui est une partie plus postérieure dans le cerveau. Un autre point qui est important à regarder dans cette comorbidité c'est au niveau génétique. On sait que le TSA et le TDH ont une composante héréditaire. Par contre, ce qu'on sait aussi c'est qu'il n'y a pas de marqueur génétique spécifique à chaque trouble, c'est-à -dire qu'il n'existe pas un gène pour le TDH, un gène pour le TSA. On sait qu'il y a plus de 1 000 gènes par exemple pour le TSA, mais on sait aussi qu'il y a certaines modifications génétiques qui sont similaires entre les deux troubles et qu'il y aurait donc certaines voies génétiques communes. Ce qui nous laisse penser ça, c'est notamment les études récentes sur les fratries, et qui ont montré qu'un enfant qui a un grand frère avec un TSA est à risque non seulement de développer un TSA mais aussi un TDH. Et à l'inverse, si cet enfant a un grand frère avec un TDH, il a un risque de développer non seulement un TDH mais aussi un TSA et ce qu'on appelle une augmentation du risque croisé. On a vu à travers cette vidéo que la question de la comorbidité entre le TSA et le TDH est importante est difficile à élucider, et ça peut être pareil quand on se pose finalement la question plutôt d'un diagnostic différentiel que d'une comorbidité. Et par la suite, on va s'intéresser à quelques outils d'évaluation qui pourraient nous aider en clinique à statuer sur cette question. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]