[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour à tous. Cette vidéo aborde les recommandations générales que l'on peut faire pour le dépistage d'une comorbidité ou diagnostic différentiel psychiatrique dans une population avec un TSA. Ces recommandations incluent les outils de dépistage qui ont été déjà abordés précédemment. Pour illustrer ce chemin de dépistage, on peut prendre l'exemple de Simon, un petit garçon de sept ans qui vient dans un cabinet spécialisé en autisme parce que le diagnostic de TSA a été évoqué par un psychologue en privé. Si on se met à la place des professionnels qui reçoivent Simon, on aurait tout d'abord envie de confirmer ou d'infirmer le diagnostic de TSA pour répondre à la question de la famille et cela on va le faire grâce à un bilan standardisé spécifique au TSA qui a déjà été mentionné dans un module précédent, c'est-à -dire avec l'ADOS et l'ADI. L'ADOS va non seulement nous permettre de quantifier les symptômes que présente Simon, mais aussi de pouvoir refaire cette évaluation dans le temps pour suivre son évolution. Une fois qu'on a confirmé ou non le diagnostic, on aurait envie aussi de connaître un peu mieux l'histoire de Simon, c'est-à -dire comment s'est passée sa grossesse? Comment s'est passé l'accouchement? À quel âge il a marché? Est-ce qu'il a des problèmes médicaux connus ou est-ce qu'il a eu des problèmes médicaux dans le passé? Ça va nous permettre de connaître un peu les facteurs de risque qui l'exposent au développement d'un trouble, notamment s'il avait une prématurité ou un petit poids de naissance, ça pourrait être un facteur de risque pour développer un TDH. En plus de l'histoire de Simon, on a aussi envie de connaître l'histoire de sa famille et on va notamment aller rechercher des potentiels diagnostics psychiatriques ou du développement dans la lignée maternelle et dans la lignée paternelle mais également dans sa fratrie. En effet, si Simon avait par exemple un frère avec un diagnostic de TDH, Simon aurait jusqu'à neuf fois plus de risque selon les études de développer lui aussi un TDH, en comparaison avec un autre enfant qui n'aurait pas de grand frère avec ce diagnostic. Une fois qu'on connaît l'histoire de Simon et de sa famille, on a aussi envie de savoir un peu plus précisément où il se situe au niveau de son développement et au niveau cognitif. Pour ça on va aussi utiliser des évaluations qui ont déjà été mentionnées dans les modules précédents et ça va nous permettre d'évaluer son langage et notamment ses capacités de représentation et d'expression pour ses symptômes. Grâce à ça, on va savoir après quel outil on va pouvoir utiliser avec Simon pour la suite des dépistages. Notamment on sait qu'avec lui on va pouvoir utiliser par exemple le QESADS parce que Simon a un niveau d'expression et de compréhension qui est tout à fait dans les normes pour son âge. Ces évaluations vont nous permettre d'avoir un niveau de base, c'est-à -dire comme si on prenait une photo de Simon à ce moment-là et de pouvoir déceler aussi tout déclin par la suite qui pourrait être annonciateur d'une pathologie naissante. Par exemple, si on revoit Simon à l'adolescence et que l'on observe un déclin cognitif ça pourrait être un des premiers signes annonciateurs d'une entrée dans la psychose. Sur la même idée, on a aussi envie d'évaluer un peu mieux son fonctionnement et aussi de pouvoir établir un niveau de base, de prendre cette fameuse photo que ça soit pour sa gestion des émotions, ses comportements, mais aussi son autonomie dans la vie quotidienne. La littérature a montré qu'un bas niveau de fonctionnement est particulièrement suspicieux de comorbidité. Donc si en faisant cette évaluation on se rendait compte que Simon avait vraiment un bas niveau, on aurait davantage envie d'aller creuser pour une autre comorbidité. Ensuite, pendant ce bilan de dépistage on a aussi envie de connaître l'environnement dans lequel évolue Simon, que ça soit son environnement familial, par exemple est-ce qu'il y a eu des événements traumatiques dans sa vie? Mais également son environnement scolaire ou professionnel selon son âge. Par exemple, là on aurait envie de savoir si Simon il se rend à l'école, comment ça se passe? Est-ce qu'il subit du harcèlement scolaire ou autre? Tout ça va nous permettre de savoir s'il y a des facteurs qui exposent Simon à d'autres troubles et par exemple si Simon subissait du harcèlement scolaire, on pourrait se poser la question d'un trouble anxieux qui s'ensuit ou alors un trouble de l'humeur. Connaître le contexte dans lequel évolue Simon va aussi nous permettre de savoir quels sont les soutiens ou obstacles potentiels à une bonne évolution. Ensuite pour compléter ce bilan, on va pouvoir par exemple utiliser les outils de dépistage qui ont été abordés et selon ce qui ressort de ces évaluations, on va pouvoir aller vers d'autres évaluations plus spécifiques pour une pathologie qu'on aurait en tête. Pour Simon par exemple, ses parents nous ont beaucoup parlé de difficultés à se concentrer, qu'il est tout le temps agité, qu'il a de la peine à rester à faire une activité notamment ses devoirs pour l'école. Du coup on aurait envie de lui proposer un bilan pour évaluer un potentiel TDAH. Il faut garder à l'esprit que pas tous les diagnostics ont la même pertinence selon l'âge du patient et c'est aussi important d'avoir les critères principaux, les critères diagnostics selon la SIM 10 ou le DSM -5 principaux en tête tout en sachant qu'un trouble peut s'exprimer de manière différente dans un contexte de TSA. Suite à ce bilan, on peut avoir besoin de faire recours à des spécialistes, que ça soit généticiens ou neurologues ou neuropédiatres, selon ce qui n'a pas encore été fait et selon ce qui nous questionne. Ce sont aussi des spécialistes qui ont été évoqués dans les modules précédents. Pour la suite, ce qui va être important c'est d'avoir un suivi régulier de Simon. Il n'existe pas de fréquence prédéfinie, ça va vraiment se faire en fonction de qu'est-ce qui se passe, comment Simon évolue, qu'est-ce que les parents nous rapportent? Il faut vraiment être particulièrement attentif au fait que les proches ont tendance à rapporter plutôt des troubles qui sont externalisés donc avec une répercussion sur le comportement, plutôt que des troubles qui sont internalisés, c'est-à -dire silencieux. Un autre point auquel il va falloir être attentif c'est la restitution aux parents. Le but n'est pas de faire une liste de diagnostic, loin de là , mais vraiment de pouvoir cerner aux mieux les forces et les faiblesses de l'enfant et de vraiment caractériser son profil et c'est ça qu'il va être important de transmettre aux parents. Ça peut être d'autant plus délicat que parfois on est face à un tableau d'un trouble neurodéveloppemental mixte et qu'on n'a pas forcément un ou des diagnostics précis à restituer mais vraiment plutôt les caractéristiques de l'enfant. Finalement, le but ultime de dépister une comorbidité et de bien cibler le profil de l'enfant est de pouvoir adapter la prise en charge. On sait que l'autisme en tant que tel ne se traite pas, qu'on agit sur les symptômes mais on sait qu'aussi certaines comorbidités psychiatriques qu'on peut retrouver dans le TSA, on peut agir dessus avec des thérapies ou avec de la médication et les traiter. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]