[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour. Je m'appelle Maude Schneider. Je suis psychologue à la Fondation Pôle Autisme et je suis également chercheuse à l'Université de Genève dans le domaine des troubles du neurodéveloppement. Je vais vous accompagner tout au long de ce module avec le docteur Aurélie Bochet. Ce module va s'intéresser principalement à la comorbidité et au diagnostic différentiel dans les troubles du spectre de l'autisme. Brièvement, jusqu'à présent vous vous êtes vraiment intéressés spécifiquement aux troubles du spectre de l'autisme et dans ce module, nous nous allons nous intéresser aux diagnostics complémentaires qui peuvent parfois survenir conjointement à un TSA. Nous allons brièvement vous introduire les concepts qui sont importants pour comprendre la question de la comorbidité et du diagnostic différentiel dans les deux premières leçons. Ensuite nous ferons un focus sur les quatre comorbidités et diagnostics différentiels principaux qu'on peut observer dans le contexte des TSA. La déficience intellectuelle ou le retard global du développement, le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, les troubles anxieux et de l'humeur et enfin les troubles psychotiques. Donc pour bien comprendre ces concepts de comorbidités et de diagnostics différentiels, on peut prendre l'exemple d'un jeune patient qui se présente à la consultation. Il s'appelle Damien. Il a huit ans et il se présente avec ses parents pour une suspicion d'un trouble du spectre de l'autisme. Quand on rencontre Damien, on voit qu'il présente un certain nombre de particularités au niveau social. Il est plutôt inhibé, en retrait, et ses parents nous décrivent qu'il a vraiment besoin d'avoir beaucoup de routine pour le rassurer dans son quotidien. Donc le clinicien qui reçoit Damien peut très vite avoir différentes hypothèses diagnostiques en tête. Il peut imaginer par exemple que Damien présente effectivement les critères pour un trouble du spectre de l'autisme et il va faire un certain nombre d'investigations dans ce sens mais il pourrait aussi par exemple imaginer que ce jeune garçon présente aussi les critères diagnostiques plutôt pour un trouble anxieux par exemple. Donc il va mener son investigation en parallèle par rapport à ces deux pistes diagnostiques pour arriver au meilleur diagnostic possible. C'est ce qu'on appelle le diagnostic différentiel, de pouvoir au final déterminer si un patient rencontre un diagnostic plutôt qu'un autre. En résumé, le diagnostic différentiel c'est vraiment une démarche clinique qui consiste à évaluer plusieurs pistes par rapport à des diagnostics qui sont proches au niveau symptomatiques et pour arriver à la meilleure conclusion possible. Plus tard dans le processus d'évaluation, le clinicien pourrait être amené à formuler une autre hypothèse. Est-ce que Damien pourrait rencontrer les critères diagnostiques pour un trouble du spectre de l'autisme et un trouble anxieux de manière simultanée? C'est ce qu'on appellerait une comorbidité. Comme on le verra dans ce module, le trouble du spectre de l'autisme peut fréquemment s'associer à d'autres symptômes qui ne font pas directement partie de la palette des symptômes du spectre autistique et donc on va pouvoir éventuellement attribuer un certain nombre de diagnostics complémentaires qui vont s'ajouter en plus du diagnostic de TSA. C'est ce qu'on appellera des comorbidités. Donc le premier message important que j'aimerais que vous reteniez de cette vidéo, c'est que dans le cadre des TSA la comorbidité est la règle plutôt que l'exception. Il y a beaucoup d'études qui ont réalisées dans ce domaine et qui montrent qu'on observe fréquemment d'autres troubles comorbides dans le contexte des TSA, même si les chiffres ont tendance à varier beaucoup d'une étude à l'autre selon la méthodologie qui est utilisée. Pour vous illustrer ça, j'ai choisi de brièvement vous présenter une étude de Levy et collaborateurs qui a été effectuée en 2010 sur un échantillon de plus de 2 000 enfants, avec TSA, de huit ans et cette étude globalement ce qu'elle montre c'est que dans plus de 80 % des cas les enfants avec TSA présentent également un autre trouble développemental. Ça peut être par exemple un trouble du langage, ça peut être un trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité ou ça peut être une déficience intellectuelle. L'autre résultat important de cette étude, c'est que dans 10 % des cas environs, les enfants présentent un autre trouble psychiatrique associé au TSA, par exemple un trouble anxieux ou un trouble oppositionnel avec provocation. Donc on se rend compte que même dans des échantillons d'enfants, le taux de comorbidité est plutôt élevé. Le deuxième message que je voudrais vous transmettre dans cette vidéo, c'est pourquoi est-ce que c'est si important de s'intéresser aux comorbidités dans le contexte des TSA. Ce qui est important de retenir c'est qu'il y a assez peu d'études qui ont été effectuées dans ce domaine mais le peu d'études qui ont été effectuées montre que les personnes qui ont une comorbidité en plus d'un TSA, ça va avoir un impact négatif à la fois sur leur fonctionnement adaptatif, donc la manière dont ils vont pouvoir fonctionner dans leur vie quotidienne mais également sur leur qualité de vie et donc ce qui est vraiment important c'est de pouvoir déterminer l'existence et de prendre en charge ces comorbidités dans le but d'optimiser le fonctionnement dans la vie quotidienne et la qualité de vie de nos patients.[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]