[MUSIQUE] [MUSIQUE] En 1980, ce sont deux à quatre personnes pour 10 000 qui sont considérées comme affectées d'autisme. En 2000, c'est une à cinq personnes pour 1 000 et à partir de 2010, on considère que c'est plus qu'une personne pour 100 qui est affectée d'autisme. Cette augmentation de l'incidence de l'autisme a beaucoup questionné les professionnels, le public, le politique. Elle pose les questions suivantes : est-ce qu'il y a une réelle augmentation du nombre de personnes atteintes de TSA ou pas? Est-ce qu'il s'agit d'un changement inquiétant dans les facteurs de risque de notre société ou de notre environnement? Est-ce qu'on porte un regard différent comme professionnel sur le TSA? Est-ce qu'il y a une forme de mode ou une exploitation économique de ce diagnostic? Est-ce que, en d'autres termes, cette augmentation est bien réelle? La réponse est oui, mais. Parce qu'on a beaucoup de raisons de penser que les facteurs de risque connus se sont renforcés avec les années. L'âge des parents, par exemple, a beaucoup augmenté depuis les années 1970 au moment du premier enfant. La prise de certains médicaments n'existait pas avant, sont pris aujourd'hui durant le premier trimestre de la grossesse. Ainsi, certains anti-épileptiques ou la pilule abortive du lendemain très utilisée par exemple en Amérique du Sud, ont été associés au risque augmenté d'autisme. Les techniques de procréation médicalement assistée sont de plus en plus employées. Enfin, la grande prématurité, on parle ici d'enfants d'un poids de naissance inférieur à 1,5 kg ou 2 kg a aussi augmenté. Mais une partie de l'augmentation est due au changement du regard que les personnes portent sur le TSA. Avant 1980, on avait la vision d'un tableau psychiatrique de TSA très sévère. Aujourd'hui, on considère un spectre qui est beaucoup plus hétérogène et des personnes qui n'auraient pas été considérées dans le spectre avant le sont. Notamment, parce qu'on a découvert au cours des 20 ou 30 dernières années, que certaines maladies génétiques pouvaient causer un trouble du spectre de l'autisme sévère, pouvaient aussi causer des symptômes beaucoup plus légers, soit un TSA léger, soit encore simplement des traits ou des symptômes isolés de TSA. Une des grandes découvertes dans l'autisme a donc été l'hétérogénéité de ce trouble. On parle aujourd'hui de notion de spectre, et qui entend spectre, entend aussi des extrêmes qui vont vraiment d'un TSA sévère classique tel qu'il aurait été décrit dans les années 70-80, à un spectre beaucoup plus léger. Une autre raison de cette augmentation, c'est l'amélioration des outils diagnostiques. La structuration, la standardisation des outils a augmenté la fiabilité et la certitude diagnostique des cliniciens. Le dernier facteur est l'awareness ou conscience de la fréquence de l'autisme. Aujourd'hui, dans la communauté des professionnels, on dit qu'il faut penser à l'autisme devant tout enfant qui parle tard ou évite le regard ou encore est décalé dans son développement. Ces trois facteurs combinés, environnement, amélioration des outils diagnostiques et awareness ont augmenté durant la dernière décade de la fréquence de un pour 1 000 à un pour 100 l'incidence de l'autisme. Mais, depuis quelques années, la conscience de l'hétérogénéité, les techniques diagnostiques n'ont pas foncièrement changé, alors que la prévalence continue d'augmenter. C'est donc qu'il y a de nouveaux facteurs de risque. Les études ont essayé de quantifier la responsabilité relative de ces différents facteurs et on sait aujourd'hui que 25 % est dû à un meilleur diagnostic grâce aux nouvelles connaissances. 15 % est dû à une augmentation de la conscience de l'autisme ou awareness. 10 % est dû à une augmentation de l'âge parental au premier enfant dans la population. Mais, 50 % sont inconnus. C'est donc sur ces facteurs inconnus que se concentrent aujourd'hui les recherches en neurobiologie. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]