[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette vidéo, on va parler de la question du diagnostic différentiel entre le trouble du spectre de l'autisme et les troubles psychotiques. Je vous présenterai également quelques éléments relatifs à l'évaluation des troubles et des symptômes psychotiques dans la deuxième partie de la vidéo. Pour vous illustrer cette question du diagnostic différentiel, j'ai à nouveau choisi de vous présenter une petite vignette clinique qui est le cas de Guillaume qui a 15 ans. Guillaume se présente à la consultation parce qu'il présente une déscolarisation depuis environ six mois, il refuse d'aller à l'école. Il n'a jamais reçu de diagnostic particulier au cours de sa vie, mais ce qu'on apprend de sa part et de la part de ses parents, c'est qu'il passe énormément de temps à jouer aux jeux vidéos, qu'il a très peu d'interactionS avec ses pairs, et il a très peu d'amis, et il se décrit lui-même comme quelqu'un de plutôt méfiant qui a de la difficulté à faire confiance aux autres. Donc face à un tableau clinique comme celui-ci, on peut faire un certain nombre d'hypothèses au niveau diagnostic et en particulier je pense que la question du diagnostic différentiel entre un trouble du spectre de l'autisme et un trouble psychotique va se poser vraiment en première ligne. Pourquoi est-ce qu'on va se poser cette question? C'est comme vous l'aurez compris, il y a vraiment un certain nombre de recoupements au niveau symptomatique entre ces deux troubles, entre ces deux catégories de troubles, qui vont faire que parfois, la discrimination entre les deux va être compliquée. En particulier, on peut noter des recoupements à un certain nombre de niveaux. Dans les troubles du spectre de l'autisme et dans les troubles du spectre de la psychose, on observe des difficultés au niveau des interactions sociales et de la communication. En particulier dans le cadre de la psychose, on va retrouver ces symptômes plutôt sous le terme de symptômes dits négatifs de la psychose, qui concernent vraiment des symptômes qui vont se caractériser plus par une absence de comportements qu'on attend typiquement chez une personne. Ça, ça va être vraiment le premier point de recoupement. Un deuxième point de recoupement entre les TSA et les troubles du spectre de la psychose concerne plutôt les capacités de communication de manière plus spécifique. Dans le cas du TSA, on observe fréquemment un retard du langage, et qui peuvent se manifester aussi par, plus tard dans la vie, des particularités aussi au niveau de la conversation sociale réciproque qui ne va pas être un des points forts des personnes avec un TSA. Dans le cadre de la psychose, on va parler plutôt de pauvreté du discours, donc avec des personnes qui vont avoir la difficulté à élaborer spontanément leur discours ou alors à élaborer leurs réponses quand on leur pose une question. Et donc ce recoupement au niveau symptomatique va aussi compliquer le diagnostic différentiel. Au niveau de l'expression des émotions, on va aussi pouvoir observer un certain nombre de similitudes. Donc, dans le cadre du TSA, on va parler d'un manque de réciprocité sociale, donc une difficulté à communiquer aussi ses affects à l'autre et à pouvoir être dans une conversation et dans une interaction qui est fluide à la fois au niveau verbal et au niveau non-verbal. Dans le cadre de la psychose, on va plutôt parler d'émoussement des affects, donc avec des personnes qui vont avoir tendance à se présenter avec un affect qui va être toujours neutre et parfois même aussi avec une difficulté chez les personnes elles-mêmes à discriminer entre les différentes émotions qu'ils ressentent ou alors entre les différentes intensités d'une émotion. Un quatrième recoupement entre le TSA et la psychose concerne plutôt les processus de pensée. Dans le cadre du TSA, on va fréquemment observer que les personnes peuvent faire des lectures erronées d'une situation sociale, en raison de difficultés à se représenter par exemple les intentions d'autrui. Dans le cadre de la psychose, on observe fréquemment des idées délirantes qui peuvent aussi être interprétées d'une certaine manière comme une lecture erronée d'une situation. Et finalement, le dernier point de recoupement va concerner plutôt le traitement sensoriel. On sait que dans le TSA, il y a vraiment beaucoup de particularités au niveau du traitement sensoriel avec par exemple des hypersensibilités à certaines stimulations sensorielles. Comme par exemple, une personne va pouvoir dire qu'elle va être gênée par des bruits que la plupart du temps les personnes autour d'elle ne remarquent même pas, comme par exemple le bruit de l'électricité qui passe dans un câble. Et dans le cadre de la psychose, un des critères principaux de la psychose, ça va être la présence d'altérations imperceptibles, donc par exemple d'hallucinations qui sont présentes, le fait d'entendre des choses que les autres ne peuvent pas percevoir. Et donc vous voyez qu'au niveau de tous ces domaines, il y a des différences vraiment subtiles entre le TSA et la psychose, et ça va vraiment être un examen clinique très fin au niveau de la phénoménologie, qui va parfois nous permettre de pouvoir pencher plutôt en faveur d'un TSA ou d'un trouble du spectre de la psychose. L'autre point qui va vraiment être déterminant va être la trajectoire aussi d'évolution de ces manifestations. En effet, on sait que dans le TSA, il va y avoir vraiment une apparition très précoce de ces manifestations et qu'elles ont tendance à être plutôt stables au cours du temps. Alors que dans le cadre de la psychose, on va avoir une émergence qui va être plutôt progressive de ces manifestations, généralement pendant la période de l'adolescence ou au début de l'âge adulte. Il y a relativement peu d'études qui se sont intéressées à identifier les spécificités des personnes qui présentent soit un TSA, soit un trouble du spectre de la psychose. Certaines études ont cependant été effectuées et elles ont tendance à montrer que les personnes avec un TSA, elles ont davantage de difficultés au niveau de la communication et des interactions sociales que les personnes qui ont un trouble psychotique, à l'inverse des personnes avec une psychose, vont avoir tendance à avoir davantage de distortions perceptives que les personnes avec un TSA. Une caractéristique commune qu'on retrouve aussi dans les deux troubles, ça va être des difficultés au niveau de ce qu'on appelle la cognition sociale, donc tous les processus cognitifs qui permettent de se représenter les intentions des autres, ou alors par exemple identifier les émotions qui sont exprimées par une autre personne. Cependant, ce que les études montrent, c'est que les personnes avec un TSA ont tendance à avoir davantage de difficultés à ces tâches de cognition sociale que les personnes avec un trouble psychotique. Au niveau de l'évaluation du diagnostic différentiel, quand on a ces deux pistes diagnostiques en tête, le TSA et un trouble psychotique, il n'y a pas d'outil particulier qui a été mis à disposition pour évaluer les troubles psychotiques dans le contexte d'un TSA, donc il faut vraiment pouvoir s'appuyer sur les outils d'évaluation qui sont disponibles dans la population générale. Je vous ai précédemment parlé de l'outil qui est le K-SADS, et qui permet par exemple de faire un balayage systématique par rapport aux troubles psychotiques. Si vous suspectez qu'une personne pourrait présenter des symptômes de la psychose mais sans nécessairement rencontrer tous les critères diagnostiques pour un trouble psychotique, vous pouvez à ce moment-là utiliser des instruments qui évaluent plutôt le risque de psychose. Et ça, ça peut être fait par le biais d'entretiens semi-structurés comme le CAARMS, le Comprehensive Assessment of the At-Risk Mental States, ou alors encore la SIPS, la Structured Interview for Psychosis-Risk Syndromes, qui sont deux outils d'évaluation qui évaluent vraiment le risque de développer un trouble psychotique. Dans cette vidéo, je vous ai brièvement présenté les principaux points de recoupement qui existent entre les TSA et les troubles du spectre de la psychose, et je vous ai rendus attentifs au fait de pouvoir vraiment effectuer une évaluation fine au niveau phénoménologique pour pouvoir vraiment distinguer entre ces deux catégories de troubles. Je vous ai également brièvement listé quelques instruments qui peuvent être utilisés et qui peuvent permettre de vous aider dans ce processus d'évaluation. Nous arrivons maintenant à la conclusion de ce module qui a couvert vraiment les aspects liés à la comorbidité et au diagnostic différentiel dans le TSA. Pour terminer, je vous invite à vous référer au Powerpoint de conclusion qui va vraiment brièvement vous synthétiser les points importants à retenir. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]