[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette leçon, on va s'intéresser à la comorbité entre la déficience intellectuelle et le trouble du spectre de l'autisme. Pourquoi est-ce que l'on s'intéresse à cette comorbidité? C'est que, premièrement, elle est très fréquente, et ce sont deux troubles qui vont avoir tendance à se potentialiser, c'est-à -dire qui vont, lorsqu'ils sont présents conjointement, ils vont amener vraiment des challenges particuliers par rapport à l'évaluation et par rapport à la prise en charge des patients. Et dans la prochaine vidéo, on s'intéressera plus particulièrement à la question du diagnostic différentiel entre ces deux troubles. Comme vous l'avez déjà appris dans les précédentes leçons, la déficience intellectuelle s'associe fréquemment au diagnostic du trouble du spectre de l'autisme, et si vous vous rappelez des critères diagnostiques pour le trouble du spectre de l'autisme dans la version cinq du DSM, il faut maintenant vraiment préciser, ça fait partie des critères diagnostiques de préciser, si un patient présente ou non une déficience intellectuelle qui est associée au TSA. Donc, je vous rappelle brièvement juste les critères diagnostiques de la déficience intellectuelle, toujours selon le DSM-5. Donc, la déficience intellectuelle, elle se définit par trois grands critères, le premier c'est évidemment une limitation des fonctions intellectuelles. Cette limitation des fonctions intellectuelles, elle doit avoir été attestée dans la plupart des cas ou en tout cas quand c'est possible par un test approprié comme par exemple un test de QI. Et le score à ce test doit être généralement en-dessous de deux écarts-types pour que l'on puisse parler d'une déficience intellectuelle. Donc, pour les personnes qui sont familières avec ces tests de QI classiques comme par exemple les échelles de Wechsler, ça correspond à un score qui se situe en dessous de 70. Le deuxième critère pour définir la déficience intellectuelle, ça doit être la limitation ou les altérations, en tout cas, au niveau du fonctionnement adaptatif, c'est-à -dire que la personne doit présenter des difficultés dans différents domaines de sa vie quotidienne. Donc, ça peut être au niveau de son autonomie quotidienne, ça peut être au niveau de sa capacité à suivre une scolarité ou bien à avoir un emploi. Et puis le troisième critère pour définir la déficience intellectuelle, c'est l'âge d'apparition des difficultés et donc, dans le DSM c'est défini assez largement mais c'est, le critère dit qu'il faut que ces difficultés apparaissent durant la période du développement, et non à l'âge adulte. Donc ça, ça serait par exemple, en comparaison à une personne qui aurait un accident à l'âge adulte, qui limiterait ses fonctions intellectuelles après coup, alors que son développement aurait été typique. Et donc, à ce moment-là , on ne parlerait pas de déficience intellectuelle. Donc, si on s'intéresse maintenant à la prévalence entre la déficience intellectuelle et le TSA, à nouveau les chiffres varient un petit peu d'une étude à l'autre, mais il y a une grande étude qui a été effectuée très récemment en 2018 sur un échantillon à nouveau très important de plus de 3 000 enfants qui sont âgés de huit ans et qui s'est intéressée à caractériser le fonctionnement intellectuel de ces 3 000 enfants. Et donc, ce que montre l'étude, c'est que, en moyenne, il y a un peu près 30 % des enfants qui ont des scores à un test de QI qui se situent en-dessous de 70 donc dans la frange qui est définie pour la déficience intellectuelle. Il y a un peu près 25 % de ces enfants qui sont dans une frange qui est considérée comme limite qui correspond à des scores de QI entre 71 et 85 et puis finalement 44 % des enfants qui ont des scores au-dessus de 85, donc, qui se situent vraiment dans un score qui est considéré comme étant dans la moyenne par rapport aux enfants du même âge. Donc, selon cette étude, il y a environ 30 % des enfants qui se situent dans le range de la déficience intellectuelle. Et si on prend maintenant la question dans l'autre sens, c'est-à -dire si on prend un échantillon de personnes qui ont une déficience intellectuelle et qu'on s'interroge à savoir quel est va être le pourcentage de personnes qui rencontrent les critères de TSA à l'intérieur de ce groupe, il y a à nouveau un certain nombre d'études qui ont été effectuées et qui montrent que le TSA serait présent dans environ 18 % des cas. Ce qui est très intéressant, c'est que dans les dernières années, il y a vraiment eu une augmentation du diagnostic de trouble du spectre de l'autisme chez les personnes avec une déficience intellectuelle, probablement, pour une série de raisons dont vous avez déjà entendu parlé préalablement. Et donc, selon certains auteurs, en fait, finalement, l'augmentation de la prévalence du trouble du spectre de l'autisme qu'on observe depuis les 20 dernières années, elle serait en partie expliquée par le fait qu'on arrive mieux maintenant à diagnostiquer le TSA chez les personnes qui ont une déficience intellectuelle. Donc, comme je vous le disais en introduction de cette vidéo, la déficience intellectuelle et le TSA sont deux troubles qui ont tendance à se potentialiser entre eux et donc les patients qui présentent ce double diagnostic, ils ont un certain nombre de caractéristiques qui sont différentes par rapport aux personnes qui ont un TSA sans déficience intellectuelle, en particulier, donc, ces patients ont tendance à avoir davantage de stéréotypies, notamment, au niveau moteur, elles ont tendance aussi à avoir davantage d'écholalies, donc le fait de répéter, en fait, des mots ou des phrases qui ont été entendues préalablement ou alors elles ont encore tendance à avoir davantage de comportements qui peuvent être dangereux pour eux-mêmes comme par exemple des automutilations ou pour les autres, comme par exemple des comportements défis, donc, le fait d'avoir des comportements agressifs vis-à -vis d'autres enfants ou alors des comportements d'opposition. Et donc, ce profil particulier, en fait, de symptômes, il va représenter un défi particulier pour la prise en charge et donc, il considère, il représente finalement un sous-groupe particulier de patients. Et finalement, le dernier point que je voudrais aborder dans cette vidéo, c'est finalement pourquoi est-ce qu'on observe un regroupement si fréquent entre la déficience intellectuelle et le TSA? Donc, il y a plusieurs hypothèses qui peuvent être formulées par rapport à ça. La première c'est au niveau génétique. Comme vous l'avez déjà entendu, il y a un certain nombre de mutations génétiques et aussi de petites délétions ou de petites duplications dans le génome qui sont connues pour augmenter le risque de TSA et ce qui est intéressant dans les études, c'est qu'on observe que finalement, ces même petites délétions ou duplications, elles ont également tendance à augmenter le risque de déficience intellectuelle. Donc, on observe finalement, des facteurs de risque qui sont partagés au niveau de la génétique. Et puis, l'autre hypothèse que l'on peut formuler, c'est au niveau des facteurs de risque, on va dire, durant la période de la naissance, c'est qu'il y a un certain nombre de facteurs de risque, comme par exemple, le fait d'avoir vécu des complications obstétricales au moment de la naissance ou le fait d'avoir un particulièrement petit poids de naissance qui sont connues pour augmenter à la fois le risque du trouble du spectre de l'autisme et de déficience intellectuelle. Donc, à nouveau, on peut comprendre par ce biais là , pourquoi est-ce que ce regroupement est si fréquent entre ces deux troubles. [MUSIQUE] [MUSIQUE]