[MUSIQUE] Nous arrivons maintenant à la fin de ce MOOC sur la biologie et les neurosciences de l'autisme, et nous vous remercions de l'avoir suivi avec nous jusqu'au bout. Pour terminer maintenant ce cours, ce qu'on avait voulu faire avec vous, c'est prendre les modules un par un et regarder ensemble quels étaient les éléments qui nous ont le plus frappé parmi les choses que nous avons présentées. >> Dans le premier module, nous avons vu que c'est l'altération des gènes qui conduit à des anomalies des protéines qui à leur tour influencent défavorablement le fonctionnement des neurones et des synapses et qui sont la cause principale de l'autisme. Mais ces gènes interagissent également avec des facteurs environnementaux. Ces facteurs environnementaux ont pour certains potentiellement une toxicité directe sur le cerveau, les neurones et le fonctionnement des synapses, mais pour d'autres facteurs, ils vont moduler la réaction inflammatoire et neuro-inflammatoire. Vraisemblablement, nous sommes ici tout au début de la compréhension de l'impact des mécanismes d'immunité sur la trajectoire du développement de l'autisme. >> Dans le deuxième module, nous avons survolé ensemble les différents mécanismes par lesquels les symptômes d'autisme pourraient émerger et nous avons discuté quelles étaient les différentes théories qui étaient actuellement prédominantes. Ce que je trouve particulièrement frappant dans cette littérature, c'est le fait que finalement, d'une théorie à l'autre, les mécanismes postulés sont des mécanismes qui sont extrêmement différents. C'est-à-dire que certaines théories vont pouvoir proposer plutôt l'émergence d'un type de symptômes, l'autre d'un autre type de symptômes, donc on a encore un petit peu de peine d'avoir une vue d'ensemble et une théorie qui est unifiée pour comprendre finalement d'où viennent ces symptômes d'autisme. Donc, ceci ça nous dit que c'est aussi un domaine dans lequel la recherche a encore beaucoup à évoluer pour qu'on puisse finalement mieux comprendre ce trouble qu'est l'autisme. Dans le troisième module, nous avons abordé les différentes nouvelles technologies qui peuvent nous aider à comprendre cet autisme de mieux en mieux, on a passé beaucoup de temps à discuter de l'eye-tracking, et moi ce que je trouve frappant quand on discute de l'eye-tracking, c'est de voir comment la recherche est progressivement sortie du laboratoire pour s'infiltrer de plus en plus dans le quotidien de ces personnes. C'est-à-dire qu'à l'époque, l'eye-tracking était vraiment quelque chose qui était finalement un device qui est assez gros, qui est assez cher, qui est un matériel de laboratoire qui peut se faire uniquement dans un laboratoire, et de plus en plus les nouvelles technologies nous permettent de pouvoir faire ça par exemple sur des smartphones, sur des tablettes, ou de pouvoir à l'aide de vidéos reconstruire l'orientation du regard des personnes ou encore l'orientation de leurs mouvements, la direction de leurs mouvements. Et ça c'est quelque chose qui est très intéressant parce que ça nous permet progressivement d'être de plus en plus dans le quotidien de ces personnes-là et de pouvoir aussi ouvrir des pistes par rapport à des applications thérapeutiques. Ensuite, dans le quatrième module, nous avons discuté de neuro-imagerie, et nous avons vraiment fait un tour d'ensemble de toutes ces études d'imagerie, et là, ce que je trouve particulièrement frappant dans ce domaine-là, c'est l'idée de voir que très rapidement, c'est un champ dans lequel les différents groupes se sont organisés pour créer des consortiums dans lesquels il y a un certain nombre de données qui ont été distribuées publiquement pour que les personnes qui font de la recherche en imagerie et en autisme puissent avoir accès à des bases de données qui sont des bases de données à large échelle, pour développer des outils et mieux comprendre finalement quelles sont les altérations cérébrales de la structure ou de la fonction du cerveau chez les personnes qui sont sur le spectre. Ce qui est assez intéressant, c'est que dans l'autisme finalement, j'ai l'impression que c'est une révolution qui est arrivée plus vite que dans d'autres domaines. Par exemple, dans le domaine de la schizophrénie, les gens ont beaucoup plus tardé avant de mettre leurs données en commun. Dans le domaine de l'autisme, peut-être parce que les gens ont réalisé que l'hétérogénéité était importante et qu'il y avait vraiment besoin de se regrouper, ou alors peut-être parce que c'était des personnes qui étaient particulièrement difficiles à scanner, on a l'impression c'est un champ de la recherche dans lequel ces bases de données ont été vraiment très vite distribuées, comme par exemple c'est le cas avec Abide ou Abide II. Et c'est quelque chose qui est très important parce que c'est seulement par des études à grande échelle qu'on va pouvoir commencer à comprendre un petit peu mieux l'hétérogénéité sur le spectre de l'autisme. >> Dans le cinquième module, nous avons vu que la littérature sur l'alimentation et les régimes est très décevante par rapport à sa potentielle implication dans l'autisme en regard de toute l'attention qui a été donnée ces dernières années à des questions comme les régimes sans gluten ou l'essai de différents suppléments. Par contre, de façon intéressante, il y a des suppléments comme la vitamine D ou le folate qui sont susceptibles d'avoir un effet neuroprotecteur sur des personnes qui sont génétiquement à risque d'autisme. Mais le domaine qui a suscité l'attention la plus importante au cours des trois dernières années c'est le microbiote, avec déjà des premières études qui visent à modifier le microbiote dans le but d'améliorer les symptômes digestifs dans le TSA mais aussi les symptômes potentiellement au cœur de l'autisme. De premières études sur la souris montrent que l'altération du microbiote modifie l'état inflammatoire de l'organisme et du cerveau, que ce soit dès le début de la vie mais également pendant la grossesse à travers de substances qui passent dans le placenta, viennent influencer le microbiote maternel sur le développement du cerveau fœtal. On peut dire que l'interaction entre le microbiote et le cerveau en développement attire l'attention sur le rôle des facteurs inflammatoires sur le développement du cerveau pendant la grossesse, mais aussi sur le développement pendant les premières années de vie et probablement le bon fonctionnement cérébral tout au long de la vie. Nous avons aussi parlé du sommeil. Nous nous sommes intéressés à l'impact des troubles du sommeil sur le fonctionnement de la personne TSA et de sa famille, mais on se rend compte au cours de ces dernières années, que la bonne structure du sommeil et notamment du sommeil profond, est essentielle au fonctionnement cérébral à long terme. En effet, c'est durant ces périodes profondes de sommeil que se fait en quelque sorte la maintenance et l'entretien neuronales. Si cette maintenance est compromise, il est vraisemblable que cela ait un effet délétère et potentiellement même aggravant de l'autisme. Dans le module consacré à la psychopharmacologie de l'autisme, nous avons vu combien il y a eu peu de changements dans la prescription pharmacologique du TSA au cours de ces 40 dernières années. Malgré tout, issue des dix dernières années de recherche en neurosciences et en génétique, grâce à la compréhension des mécanismes synaptiques qui sont altérés par les mutations d'un certain nombre de gènes, il y a une nouvelle génération de molécules beaucoup plus ciblées qui sont en développement. Il est évident que ces molécules n'agiront qu'auprès de sous-groupes de patients qui ont une altération spécifique. Il est inéluctable qu'à terme, la psychopharmacologie des symptômes de TSA passera par une médecine personnalisée en fonction du génotype et des causes identifiées de l'autisme chez une personne donnée. >> En conclusion, nous espérons que nous avons pu vous donner un aperçu de toutes ces recherches dans le domaine de l'autisme, dans le domaine de la biologie et des neurosciences de l'autisme. Vous avez aussi réalisé que c'est un domaine qui est vraiment en pleine expansion, dans lequel il y a beaucoup d'études qui sont publiées chaque année. Comme nous le disions en préambule, plus de 5 000 études qui sont publiées chaque année au cours des deux dernières années, et c'est vraiment une augmentation exponentielle du nombre de publications, qui montre que c'est vraiment un domaine dans lequel les connaissances sont vraiment en pleine accélération. Ce que ça veut aussi dire, c'est que finalement, tout ce que nous vous avons enseigné ici est vraiment voué à être affiné et enrichi au termes des années à venir. Ceci va contribuer à terme très clairement à pouvoir affiner aussi non seulement notre compréhension de l'autisme, mais notre manière de pouvoir traiter de manière plus ciblée l'autisme. >> Nous avons eu beaucoup de plaisir à faire ce MOOC, et j'espère que ce plaisir est partagé. Pour notre prochain volet, toujours en collaboration entre l'Université de Genève et la fondation Pôle Autisme, nous parlerons des interventions pertinentes dans le domaine des troubles du spectre de l'autisme. [MUSIQUE] [MUSIQUE]