[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans ce module nous avons discuté ensemble de deux domaines qui représentent des préoccupations majeures pour la famille qui a un enfant, un adolescent ou un adulte sur le spectre de l'autisme. C'est d'une part les troubles alimentaires et d'autre part les difficultés du sommeil. Alors, en ce qui concerne les difficultés alimentaires, nous avons vu ensemble que les différentes difficultés que peuvent présenter les jeunes qui sont sur le spectre sont principalement en lien avec des aspects d'inflexibilité, c'est-à -dire l'idée qu'ils insistent pour avoir toujours le même type de nourriture qui a quelque chose de l'ordre du rituel, que ce soit un type de nourriture en particulier, une couleur ou encore une texture. Donc ça c'est vraiment une des préoccupations majeures. Et puis l'autre préoccupation qui amène finalement a des difficultés alimentaires c'est tout ce qui est de l'ordre des difficultés sensorielles qui font que les jeunes, finalement, préfèrent avoir une texture particulière et qu'il est difficile pour eux, par exemple, souvent, de commencer les solides pendant les premières années de vie. Au-delà du fait qu'ils sont relativement sélectifs sur le plan alimentaire, il y a aussi des particularités dans le fonctionnement du tube digestif qui font que, souvent, les personnes qui sont sur le spectre peuvent présenter plus de diarrhées, plus de constipations ou plus simplement plus de maux de ventre un peu indéfinis. Alors on a discuté ensemble des causes possibles qui pouvaient expliquer ces difficultés alimentaires, et puis vous avez appris qu'il y a quelque chose qui nous intéresse beaucoup dans la recherche, c'est ce qu'on appelle le microbiote. Alors le microbiote, qu'est-ce c'est? C'est la flore intestinale. Vous avez appris que nous hébergeons dans notre intestin des milliers et des milliers de bactéries qui sont des microorganismes vivants qui auraient évolué avec nous et dont le fonctionnement est vraiment indispensable au bon fonctionnement physiologique. C'est indispensable d'une part sur le plan digestif, mais c'est aussi indispensable parce qu'il y a beaucoup de liens entre le microbiote et le fonctionnement cérébral qui sont des choses qu'on commence à connaître de mieux en mieux. Alors pour ce qui est du cas des personnes qui sont sur le spectre de l'autisme, on sait qu'il y a, maintenant, des altérations de ce microbiote qui ont été reportées, qui sont mises en lien avec, finalement, la sévérité des troubles de l'autisme mais aussi la sévérité des troubles gastro-intestinaux, et ça a ammené certains auteurs à proposer l'idée qu'on pourrait faire des transplantations de ce microbiote fœtal, c'est-à -dire qu'on pourrait simplement prendre la flore intestinale d'une personne saine, qui n'a pas de trouble du développement, et puis la transplanter chez une personne qui est sur le spectre de l'autisme. Ceci sont des premières études assez prometteuses qui ont amené, finalement, à des résultats qui sont des résultats intéressants, qui montrent qu'il y a des améliorations des symptômes d'autisme jusqu'à deux ans après la transplantation de microbiote. Bien sûr, ce sont des études qui sont actuellement en cours et il est possible que ça n'ait pas un impact aussi important chez tous les enfants mais qu'il y ait seulement un sous-type d'enfant qui bénéficie directement de ces implants de microbiote. Alors quand on parle d'alimentation on parle aussi volontiers de régime particulier, les parents sont souvent très intéressés à pouvoir proposer un régime particulier à leur enfant ou à leur adolescent en pensant que ça va améliorer les symptômes d'autisme, et dans ce domaine-là le régime le plus souvent proposé c'est un régime sans gluten puisqu'on sait qu'il y a un certain nombre de personnes sur le spectre qui ont une intolérance au gluten ou à la caséine. Cela étant dit, c'est un régime qui est extrêmement contraignant pour la famille, c'est un régime qui est aussi coûteux, et donc il n'y a pas d'indication actuellement puisqu'on le sait, on a étudié ça en long et en large, il n'y a pas d'indication à pouvoir proposer un régime de ce type si l'enfant, l'adolescent ou le jeune adulte n'a pas de difficultés, n'a pas d'intolérance au gluten. Donc la conclusion, finalement, de toutes ces études sur le plan alimentaire, c'est qu'il n'y a pas d'indication particulière à proposer des compléments multivitaminés s'il n'y a pas de carences chez l'enfant, et il n'y a pas d'indication particulière à proposer un régime particulier si on identifie pas d'intolérance ou d'allergie chez cet enfant. Ensuite nous avons discuté ensemble des troubles du sommeil, qui sont quelque chose qu'on retrouve aussi fréquemment chez les personnes qui sont sur le spectre de l'autisme, et pour ça nous avons bénéficié de l'expertise de Carmen Schröder qui est spécialiste dans le domaine. Elle nous a expliqué l'importance du sommeil pour un certain nombre de processus physiologiques, et en particulier l'importance du sommeil dans le développement cérébral. Ensuite, elle nous a expliqué que les personnes qui étaient sur le spectre avaient une tendance augmentée à présenter des troubles du sommeil, et qu'en général on pouvait catégoriser ces troubles du sommeil dans deux types : le premier c'est vraiment les difficultés d'endormissement, dont on sait qu'elles sont en lien avec un retard dans la sécrétion de mélatonine, donc simplement un retard dans la phase de mélatonine qui fait que le sommeil survient plus tard, et d'une autre part on peut aussi avoir des troubles du sommeil qui sont de type réveils nocturnes, et là on sait que c'est potentiellement en lien avec un défaut de sécrétion de la mélatonine, c'est-à -dire qu'il n'y a pas assez de mélatonine pour maintenir le sommeil pendant toute la nuit. On sait que ces troubles du sommeil, ils ont un impact qui est majeur, clairement un impact sur la vie familiale, avec un épuisement parental qui est vraiment extrêmement important, et aussi un impact sur la personne affectée puisque, finalement, ça va aggraver les symptômes d'autisme et ça va aussi avoir un impact direct sur les fonctions cognitives de cette personne-là . Donc il y a vraiment une importance à pouvoir les dépister, les diagnostiquer, ensuite les traiter, et là Carmen Schröder nous a expliqué quelle était la démarche qui est vraiment basée en particulier sur l'anamnèse, donc sur la recherche de ces troubles du sommeil avec des outils tels qu'un carnet de bord, et que dans des cas particuliers on peut aller plus loin dans les investigations, soit en utilisant des techniques comme l'actimétrie, qui mesure le mouvement, soit en faisant un enregistrement complet du sommeil avec une polysomnographie, ou encore dans certains cas extrêmement particuliers, en mesurant des profils de sécrétion de mélatonine soit dans le sang, soit dans l'urine. Donc une fois que la démarche diagnostique est aboutie, on va vraiment pouvoir prendre en charge ces troubles du sommeil, en général, dans la majorité des cas, c'est une prise en charge qui est vraiment une prise en charge comportementale, en agissant sur l'environnement pour pouvoir créer un environnement qui favorise le maintien et l'induction du sommeil. Donc là on va agir, par exemple, sur le fait d'avoir des routines le soir, sur le fait de pouvoir avoir des activités relativement hypostimulantes le soir, de limiter par exemple les écrans, ça c'est tout des choses qu'on a discutées avec Carmen Schröder qui rentrent dans le cas de ce qu'on peut appeler des mesures d'hygiène du sommeil, et pour les cas dans lesquels ces mesures-là ne suffiraient pas on a la possibilité d'utiliser des mesures pharmacologiques, et là on parle principalement de supplémenter avec de la mélatonine, que ce soit de la mélatonine avec une action immédiate, ou de la mélatonine avec une action prolongée. Donc vous voyez que vraiment, ces deux domaines qui touchent extrêmement le fonctionnement familial dans lesquels les familles vont être tentées de pouvoir aller chercher des stratégies qui sont des stratégies qu'ils vont chercher tout seuls parce que des fois c'est des choses qu'ils ont la difficulté à discuter avec les professionnels, donc on va avoir beaucoup de familles qui vont se tourner vers des compléments alimentaires, beaucoup de familles qui vont se tourner peut-être vers différentes médications pour aussi induire le sommeil. Dans un cas comme dans l'autre, il est vraiment important de pouvoir en parler avec un spécialiste parce que la première chose qu'on voudrait c'est ne pas faire du mal, c'est-à -dire ne pas avoir un effet délétère avec les compléments qui sont utilisés ou la mélatonine qui est utilisée, et puis on sait qu'il y a finalement peu d'effets d'un certain nombre de compléments alimentaires, et pour la mélatonine, on l'a vu, il est possible de trouver sur le marché, en parapharmacie, des composants qui ont finalement des dosages qui ne sont pas des dosages contrôlés. Donc à la fin de ce module, ce que vous devriez vraiment retenir c'est qu'il y a beaucoup d'altérations dans l'alimentation comme dans le sommeil mais qu'il est vraiment important de pouvoir en discuter avec des spécialistes pour ne pas se tourner vers, finalement, des thérapies qui sont des thérapies qui ne sont pas scientifiquement reconnues. [MUSIQUE] [MUSIQUE]