[MUSIQUE] À ce jour, peu de traitements se sont montrés efficaces pour traiter les symptômes principaux de l'autisme. En effet, seules les prises en charge intensives comportementales chez le jeune enfant autiste montre des améliorations des symptômes constitutifs de l'autisme sur le plan des interactions sociales. Des personnes atteintes de TSA et leurs proches recherchent souvent des approches de médecine alternative et des stratégies de traitement non médicamenteuses. Par exemple, environ 25 % de la population avec TSA utilise des interventions diététiques tels que les régimes diététiques, les plus communs étant le régime sans gluten ou sans caséine. Un autre exemple nutritionnel sont les suppléments tels que vitamines, minéraux, acides aminés, Oméga 3 et régimes à base de plantes. Lorsque l'on parle de compléments alimentaires, on parle de substances non alimentaires comestibles qui contiennent des éléments ayant un léger effet nutritionnel ou physiologique tel que des vitamines, des minéraux, des enzymes probiotiques. Leur popularité dans le traitement des symptômes du TSA a énormément augmenté depuis les années 90. Les compléments alimentaires les plus utilisés selon les études sont vitamine B6 le magnésium, la vitamine D, la vitamine C et les suppléments d'Omega 3. L'efficacité de ces produits diététiques en matière de TSA est toujours largement controversée, et des études sont encore en cours. Une des explications vient du fait que la plupart des auteurs étudient les régimes alimentaires dans leur ensemble sans qu'il y ait vraiment une différenciation des interventions spécifiques des différents nutriments ou des différents régimes constituant l'intervention mise en place pour un enfant ou un adulte. Ces études évaluent la réponse aux traitements comme une mesure globale, sans se focaliser sur le noyau spécifique des symptômes constitutifs du TSA. Plus récemment, des approches de méta-analyses, qui combinent un grand nombre d'études publiées jusqu'à maintenant nous donnent quelques résultats préliminaires pour mieux comprendre les effets des compléments alimentaires. Les méta-analyses ont révélé que la supplémentation alimentaire Oméga 3 et vitamines semble avoir été plus efficace que le placebo pour traiter les symptômes ou les groupes fonctionnels tels que anxiété, difficultés générales associées à l'autisme, troubles du comportement et impulsivité, hyperactivité et irritabilité, langage en général ou encore comportements sociaux autistiques et stéréotypiques. Cependant que l'on considère une supplémentation combinée d'Oméga 3 et de vitamines, une supplémentation isolée d'Oméga 3 ou isolée de vitamines, les effets demeurent toujours extrêmement modestes. Il n'y a donc pas d'effet fort et majeur des supplémentations. Séparément, une récente étude s'intéressant aux effets de déficience de la vitamine D durant la grossesse a montré sur une méta-analyse incluant près de 900 patients affectés de TSA que les taux dans le sang de vitamine D étaient significativement inférieurs à ceux de témoins. Ceci fait conclure aux auteurs qu'un taux de vitamine D inférieur pourrait être un facteur de risque ou d'aggravation du TSA. Les mécanismes par lesquels les vitamines agissent sur le métabolisme sont complexes et dépendent évidemment des différentes vitamines concernées. Ils incluent des mécanismes antioxydants de neuroprotection et de modulation du signal cellulaire entre les neurones. Les Omega 3, eux, agissent probablement via une interaction sur la structure des membranes, des effets anti-inflammatoires et la modulation de la transcription. Que ce soit pour le complément vitaminé ou encore les compléments d'Oméga 3, ces suppléments semblent être essentiels dans la modulation des facteurs des neuropeptides inflammatoires et rejoignent ainsi les mécanismes que nous avons évoqués dans la section consacrée aux microbiotes. Tous ces résultats sur les effets positifs de certains compléments doivent encore être largement confirmés. En effet, il existe également de nombreuses études qui montrent, malgré un [INAUDIBLE] soigneux, utilisant des placebos et des traitements randomisés en double-aveugle, qu'il n'y a pas toujours un effet significatif et que cet effet est vraisemblablement limité et peut-être aussi limité à certaines périodes du développement ou du dévéloppement cérébral de l'enfant. Les auteurs de ces différentes études concordent aujourd'hui sur les conseils d'utilisation. En effet, on peut dire qu'il est nettement préférable de consulter un médecin avant d'envisager un traitement par compléments ou suppléments vitaminiques. Il est préférable de s'assurer du besoin. Souvent, les carences alimentaires ne sont pas confirmées par des analyses. Il est enfin préférable d'intégrer un seul complément à la fois, ceci alors que souvent les compléments vitaminiques sont mélangés. Il est recommandé de respecter les dosages. En conclusion, on peut dire que l'utilisation des compléments alimentaires dans le TSA reste un sujet largement débattu. Il est difficile de comprendre l'impact exact de ces compléments sur les symptômes constituants de l'autisme. Une fois de plus, l'hétérogénéité symptomatique de l'autisme rend difficile l'évaluation des effets de ces suppléments. Dans la plupart des études, les effets sont rapportés de manière anecdotique, et nous manquons encore clairement de preuves scientifiques fondées ainsi que d'informations quant à l'effet au long terme des compléments vitaminiques prescrits aux personnes avec TSA. Pour terminer sur le thème des compléments alimentaires, récemment, des études se sont intéressé aux effets des compléments alimentaires cette fois-ci durant la grossesse, sur le cerveau en développement rapide du fœtus. Ces études indiquent qu'une supplémentation prénatale en vitamines données près de l'accouchement pourrait réduire le risque d'autisme. C'est le folate qui reçoit ici une attention particulière. Nous savons que le folate est essentiel à la production et au maintien des cellules, à la synthèse et à la méthylation des molécules d'ADN, ainsi qu'à la prévention des modifications des mutations de l'ADN et de différents autres processus cellulaires. La supplémentation en folate pré et périconceptionnel soutient les fonctions neurologiques, le développement du neurocomportement, qui renforce le fonctionnement social cognitif et verbal. On a aujourd'hui émis l'hypothèse que dans l'autisme, le folate peut agir comme un donneur méthyl qui favorise la méthylation au début de l'embryogénèse et modifie ainsi les facteurs épigénétiques et donc nécessaires à la bonne régulation de l'expression génétique. Même si on considère généralement pas que le folate protège spécifiquement contre le TSA, il pourrait atténuer d'autres risques comme chez les mères ou les nourrissons qui sont porteurs de variants génétiques ayant une incidence sur l'efficacité du métabolisme dépendant du folate chez le fœtus qui présente des modifications du tube neural. Le folate présenterait ainsi un facteur protecteur pour compenser des facteurs génétiques et métaboliques d'enfants qui sont à plus haut risque de développer un TSA. Quelques études préliminaires s'intéressent aussi à la prescription d'Omega 3 durant le développement embryonnaire du fœtus. Les résultats sont pour le moment contradictoires. Comme nous l'avons vu, le rôle du tractus gastro-intestinal, le plus grand organe immunitaire du corps humain, et le rôle de plusieurs aspects de l'immunité et de l'inflammation potentiellement pertinents pour l'étiologie des TSA ont été évoqués dans la section sur le microbiote. Il semble aujourd'hui acquis que certaines bactéries probiotiques migrent de la mère à l'enfant et que la supplémentation en probiotiques pendant la grossesse est un domaine prometteur, même s'il reste encore largement inexploré et que de futures études sur les facteurs de protection de l'autisme pendant la grossesse sont encore nécessaires. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]