[MUSIQUE] Le glutamate est le neurotransmetteur excitateur le plus répandu dans le cerveau. Il est impliqué dans les Troubles du Spectre de l'Autisme de plusieurs façons, mais il y a au moins deux grands domaines sur lesquels nous devons nous concentrer afin de comprendre le rôle potentiel des médicaments pharmacologiques glutamatergiques dans les TSA. Le premier concerne la relative déconnexion entre les régions du cerveau. Les personnes avec autisme ont beaucoup de mal à intégrer les informations, parce qu'il y a une réduction de la connectivité entre les régions du cerveau, les connectivités de longue distance sont réduites. Ceci signifie essentiellement qu'il y a une réduction du nombre de synapses, les contacts entre les cellules du cerveau. Qui sont nécessaires pour le traitement en réseau, de l'information multimodale. Le deuxième aspect est que lorsqu'il y a une réduction du nombre d'épines dendritiques et de synapses, et qu'il ne reste seulement quelques synapses, il existe une plus grande possibilité que ces synapses soient activées par de multiples voies convergentes, et donc, de générer des souvenirs qui resteront entraînés dans le cerveau, et cela génère l'attirance pour la similitude, les traits obsessionnels et la fixation qui caractérisent souvent les personnes avec autisme. Donc tout type d'intervention capable d'augmenter le nombre d'épines dendritiques et de synapses, tout type d'intervention capable de faciliter la connectivité entre les cellules nerveuses devrait donc avoir des effets bénéfiques. Maintenant, afin de comprendre l'utilisation potentielle des médicaments glutamatergiques, nous devons revoir brièvement au moins un domaine du fonctionnement du glutamate dans le cerveau. Le glutamate agit sur de multiples récepteurs, certains d'entre eux sont ionotrope, ce sont des canaux qui permettent aux ions d'entrer dans la cellule, et d'autres sont métaboliques. Les récepteurs ionotropes sont d'au moins deux différents types, des récepteurs NMDA ou des récepteurs non-NMDA, incluant les AMPA, kainate et d'autres groupes. Le fonctionnement de ces récepteurs doit être compris afin de pouvoir comprendre le fonctionnement des médicaments glutamatergiques ou l'utilisation potentielle des médicaments glutamatergiques. Il y a notamment un domaine d'intérêt sur lequel nous devons nous concentrer. Tous ces récepteurs ionotropes sont comme des canaux qui permettent au sodium d'entrer dans la cellule et cela dépolarise la cellule. Cependant seuls les récepteurs NMDA sont perméables, pas seulement au sodium, mais aussi au calcium. Le calcium n'est pas seulement un ion, c'est un deuxième messager. Le calcium est nécessaire pour que les neurones assimilent les changements plastiques qui sont nécessaires pour l'apprentissage, la mémoire et l'adaptation. Malheureusement, les récepteurs NMDA ne s'ouvrent pas facilement. Ils s'ouvrent seulement si la cellule est dépolarisée, pourquoi ? Parce que les récepteurs NMDA, afin de s'ouvrir, ont besoin de la fixation du glutamate, la fixation d'un autre co-transmetteur appelé glycine, et ils ont aussi besoin de la suppression d'un bouchon d'ions de magnésium qui bouche le canal. Ce retrait n'a lieu que lorsque la cellule est dépolarisée. Qu'est-ce que cela signifie ? Que l'ouverture par un récepteur NMDA nécessite la coïncidence de l'activation de plusieurs voies convergentes dans la même cellule. Ceci est la base de l'apprentissage associatif, et c'est aussi la base de ce qui est communément fait dans les thérapies de réhabilitation, dans les thérapies comportementales, ce qui est essentiel pour stimuler le cerveau à produire des changements, en co-activant plusieurs voies en utilisant le jeu, les stimuli visuels, les stimulations sensorielles de différents types, de différentes sortes. Comment pouvons-nous faciliter ce processus d'apprentissage ? Il existe au moins deux médicaments glutamatergiques qui agissent sur la synapse, qui ont été testés à ce jour pour les Troubles du Spectre de l'Autisme. L'un est la D-Cycloserine et l'autre est la Mémantine. La D-Cycloserine est un antagoniste partiel au site de la glycine sur le récepteurs NMDA. Donc ce qu'il fait c'est augmenter la durée d'ouverture du canal, la quantité de calcium qui entre, augmenter les épines dendritiques, augmenter le nombre de synapses, augmenter le nombre de connexions entre les cellules nerveuses. Il y a au moins deux grandes études qui incluent la D-Cycloserine qui méritent d'être mentionnées. L'une d'entre elles a enregistré des améliorations significatives des symptômes autistiques, des symptômes core de l'autisme, et l'autre que je trouve particulièrement intéressante parce qu'elle n'a pas simplement testé la D-Cycloserine elle-même, elle a testé la D-Cycloserine conjointe avec une formation en compétences sociales. Ce qui est une forme d'intervention comportementale qui essaie d'améliorer la cognition sociale de l'enfant à travers différentes approches. L'aspect intéressant de cette étude est que la D-Cycloserine n'était pas significativement plus efficace que le placebo à la fin de la formation en compétences sociales, ni 11 semaines plus tard, mais 22 semaines plus tard, les enfants qui avaient reçu de la D-Cycloserine maintenaient les effets positifs de la formation dans une plus large mesure. Cela signifie donc que ce médicament a accru la permanence des effets bénéfiques de l'intervention comportementale à travers le temps. La Mémantine est un médicament différent. La Mémantine est un antagoniste non compétitif du récepteur NMDA. Sa lente affinité est telle qu'elle ne produit pas d'effets négatifs sur l'apprentissage et la mémoire. Mais plutôt, comme démontré par plusieurs études, avec des patients atteints d'Alzheimer par exemple ou des modèles animaux, elle augmente également le nombre de synapses et d'épines dendritiques. Cependant, les résultats concernant la Mémantine sont un peu plus mitigés. Dans le sens où il y a deux essais contrôlés randomisés qui ont été publiés. L'une d'entre elle a inclu 121 enfants, et n'a montré aucune efficacité significative du médicament sur les symptômes core de l'autisme. L'autre a testé la Mémantine en tant que complément à la Rispéridone. Ce que cette étude plus tardive à montré c'est une certaine efficacité lorsqu'on ajoute la Mémantine à la Rispéridone. Toutefois, de manière générale, les preuves concernant la Mémantine sont moins solides que celles pour la D-Cycloserine actuellement. Néanmoins, dans l'ensemble, les différents domaines d'investigation concernant les les médicaments glutamatergiques dans le domaine de l'autisme sont prometteurs. Et le message le plus important que j'aimerais souligner ici est que les médicaments dans le domaine de l'autisme ne sont pas nécessairement à considérer comme un traitement au quotidien afin d'améliorer les symptômes core de l'autisme, mais peuvent aussi être efficaces en augmentant la durée ou l'efficacité des interventions comportementales, de la psychothérapie, des interventions basées sur l'environnement. [MUSIQUE]