[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous allons maintenant parcourir avec vous un schéma qui propose une représentation du processus de raisonnement clinique. Il illustre les processus cognitifs qu'empruntent les cliniciens pour résoudre des problèmes cliniques. Il est issu de la modélisation du raisonnement clinique dont Virginie vous a parlé dans l'introduction de ce module. Voici comment interpréter ce schéma. Le processus débute aussitôt que le clinicien aperçoit son patient ou qu'il obtient certains renseignements à son sujet, par exemple, la raison de consultation, inscrite par l'infirmière dans son dossier. Dès ces premiers instants le clinicien recueille déjà une série d'indices, l'âge, le sexe, les signes vitaux notés par l'infirmière, la démarche du patient qui vient vers lui, son teint, son expression faciale. À ce moment précoce, la représentation du problème est souvent floue, voire imprécise. Une fois le partient installé, le clinicien tente de cerner le but de la rencontre. Ce premier échange permettra de déterminer non seulement les objectifs mais aussi d'établir les priorités. Graduellement le clinicien tente de cerner la cause des problèmes exprimés par le patient. Il formule des questions orientées pour confirmer ou infirmer ses hypothèses. Il chemine en fonction des réponses obtenues. C'est l'anamnèse. Par la suite le clinicien va procéder à un examen physique ciblé en fonction des hypothèses diagnostiques retenues suite à l'anamnèse. On parle du processus de raisonnement clinique hypothéticodéductif. Le clinicien utilise aussi un raisonnement que certains auteurs appellent le raisonnement intuitif. Le clinicien reconnaît alors rapidement un pattern, ou un cas analogue. Par la suite il s'assure de vérifier son hypothèse en récoltant des données cliniques supplémentaires. Dans les faits, les deux processus sont utilisés conjointement. La façon dont ils sont utilisés dépend de la situation clinique ou de la familiarité du cas. Au fur et à mesure que nous évoluons dans cette étape, l'image se précise et la représentation que le clinicien se fait du problème est moins floue. À la fin de cette étape, le clinicien peut avoir obtenu un ou des diagnostics de travail qu'il tentera de confirmer aux étapes suivantes. Parfois, le clinicien va se contenter d'une catégorisation plus générale et passer à l'étape Mettre en œuvre les actions appropriées. Par exemple, dans une situation d'urgence respiratoire, l'urgentologue va reconnaître la détresse respiratoire sévère, et d'emblée mettre en place des traitements. Si le clinicien est peu familier avec le problème du patient, il se peut qu'il ait besoin d'aide. Dans ce cas, il va utiliser les stratégies de recours. Par exemple, il pourra échanger avec un collègue, consulter des ouvrages de référence, lire un article scientifique. Il acquiert alors de nouvelles connaissances. Le clinicien doit réorganiser les nouvelles connaissances pour qu'elles soient utiles lors de l'action clinique. Cela signifie qu'elles doivent s'insérer parmi les scripts cliniques pour être utilisables ensuite par le clinicien. Ces nouvelles connaissances viennent soit créer de nouveaux scripts, soit affiner et enrichir les scripts existants. Les nouveaux scripts fournissent des pistes qui finalement amèneront le clinicien à catégoriser pour décider de l'action. La représentation du problème est plus précise, plus nette. À partir de cette catégorisation, le clinicien peut mettre en œuvre les actions appropriées. Que ce soit des examens ou un traitement, une intervention ou une autre action, le clinicien sera en mesure d'évaluer les résultats dans les heures, les jours ou les mois qui viennent. Les résultats obtenus ont habituellement deux conséquences, clarifier la représentation du problème et enrichir les connaissances biologiques, psychologiques et cliniques. Ce cycle de réflexion qui se met en marche pour chaque nouveau patient montre comment se construit l'expertise du clinicien et comment s'améliore graduellement son habilité à catégoriser pour décider de l'action. [MUSIQUE]