[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour Laetitia. >> Bonjour. Je viens de voir un patient. Est-ce que je peux juste vous parler de la prise en charge? >> Oui. [Ah, tiens, elle se fixe un objectif.] Non, attendez. On va prendre cinq minutes, on va en parler ensemble au calme et puis on verra si votre prise en charge est correcte. >> OK. >> Alors, Laetitia, dites-moi quelles questions vous vous posez. >> En fait, je crois que j'en avais trois. Je voulais m'assurer du diagnostic que j'ai posé, le traitement, discuter avec vous du traitement et aussi peut-être j'aurais dû faire des examens complémentaires en fait, avant. >> OK. Donc si je comprends bien, vous voulez voir si le traitement que vous proposez est adéquat par rapport à l'hypothèse diagnostique la plus probable, c'est ça? >> Ouais. >> Très bien. Alors, racontez-moi l'histoire de ce patient. >> J'ai vu Monsieur Martin, un homme de 43 ans, il n'a pas consulté depuis environ un, deux ans. Il est connu pour une hypertension pour laquelle il prend des inhibiteurs de l'enzyme, l'inhibiteur de conversion de l'enzyme de l'angiotensine et il a aussi des maux de dos chroniques. Il a consulté divers centres médicaux pour se faire renouveler les ordonnances. Là , il consulte parce qu'il a des brûlures d'estomac depuis environ un à deux mois. Il dit que c'est sous forme de brûlures. Il a vomi, j'ai pris des notes parce qu'il a énormément parlé en fait. Il a donc vomi, il a moins d'appétit, il dit qu'il n'a pas perdu de poids. Il a pris des médicaments. Il décrivait ça comme une sorte de liquide blanchâtre, j'imagine que c'est des antiacides. Ça le soulage un petit peu, mais après ça revient vite les douleurs. Sinon, son transit est normal, il n'a pas d'allergies. Il est marié, il a deux enfants, il est peintre en bâtiment et il m'a laissé entendre qu'au niveau professionnel, il y avait pas mal de stress en ce moment. >> Et l'examen physique? >> Les constantes sont normales. Sinon, au niveau de l'abdomen, de la palpation, il a une légère sensibilité épigastrite. Le reste, normal, pas de défense, pas de détente. >> D'accord. >> Et je me suis dit, pourquoi pas lui proposer des inhibiteurs de la pompe à protons pendant un mois et lui dire de reconsulter au cas où ça revient, les douleurs. >> [OK. Elle a récolté des éléments pertinents, mais j'ai de la peine à voir émerger des hypothèses. Je vais vérifier si elle a bien pensé à celles qui sont les plus plausibles.] OK, très bien. Votre présentation présente pas mal d'informations. Mais juste avant qu'on parle du traitement, j'aurais aimé avoir quelques informations supplémentaires. Tout d'abord, quelles sont vos hypothèses diagnostiques? >> Moi, j'ai pensé à une gastrite. Il m'a décrit des brûlures d'estomac et aussi le stress professionnel. Après, un reflux gastro-œsophagien. Mais bon, les symptômes du reflux ne sont pas au premier plan. >> [Je vais vérifier les connaissances de la stagiaire. Il faut que je vérifie que ce patient n'ait pas d'autres facteurs de risques.] Autre chose? >> Un cancer? Mais bon, 43 ans, il est un peu jeune, non? >> Oui, c'est ça. 43 ans, c'est un peu jeune pour un cancer gastrique et on parle plutôt de facteur de risque à partir de 45- 50 ans. Mais, autre chose? [Voilà . En reprenant ces éléments, je l'aide à organiser ses connaissances en scripte clinique.] >> Je regarde juste mes notes, parce qu'il a vraiment beaucoup parlé. Une gastrite à Helicobacter pylori peut-être? >> Oui, une gastrite, voire un ulcère. Est-ce que vous connaissez les drapeaux rouges ou les signes d'alerte pour les dyspepsies? >> Je me souviens de mes études, il y en avait six je crois. Perte de poids, douleurs nocturnes, vomissements persistants, du sang dans les vomissements, du sang dans les selles et dysphagie. >> [Excellent. Je vois qu'elle connaît bien les signes d'alerte pour cette situation.] Alors, qu'en est-il de ces signes d'alarme chez ce patient? >> Pour le sang, il a été clair. Pas dans les vomissements, pas dans les selles. Après, douleurs nocturnes, il n'en a pas parlé, et dysphagie, j'ai complètement oublié de demander. >> OK. Donc, un point à préciser auprès de lui. Très bien. [Il faut quand même que je vérifie qu'il y ait pas de facteur de risque de cancer.] Encore une chose par rapport à ses antécédents familiaux? >> Alors, il n'a pas spécifié. Il est né ici. Il vient d'ici. Il n'a rien dit par rapport à sa famille. >> D'accord, je pense que c'est important de chercher activement cette information, s'il y a par exemple des cancers gastriques dans la famille, qui est un facteur de risque, de même que l'origine. L'origine portugaise ou l'origine japonaise sont des facteurs de risques. >> D'accord. >> Très bien. Et maintenant, qu'en est-il dans ses habitudes, d'autres choses? >> Il fume un paquet par jour depuis 20 ans. Et sinon, pour l'alcool, il a dit que c'était une consommation normale. >> Bon, une consommation normale, c'est toujours difficile de l'apprécier. Normal pour un patient, donc je pense que c'est mieux de préciser la quantité de boisson quotidienne et de parler en unités d'alcool contenues dans les boissons. >> Ouais. >> Très bien. Ça c'est pour ses habitudes. Mais dans ses traitements? >> Il a consulté plusieurs centres pour se faire renouveler les ordonnances. Il ne m'a pas dit les ordonnances de quel médicament. >> Vous m'avez parlé qu'il a des dorsalgies et des douleurs chroniques au dos. C'est ce qui peut être en lien avec ses douleurs du dos et des problèmes d'épigastralgie et, ou, leur traitement. >> Ouais, les anti-inflammatoires. OK. J'ai oublié de demander, je n'ai pas demandé. >> D'accord. [C'est important que je sache si elle a une bonne représentation globale du problème.] Alors, si on se résume, quelle est la situation? >> C'est un homme de 43 ans, tabagique, qui a des douleurs lombaires chroniques et qui consulte aujourd'hui pour des épigastralgies depuis un à deux mois. >> Très bien. Alors, les hypothèses diagnostiques? Le diagnostic différentiel? >> Gastrite. Gastrite sur l'alcool ou sur les anti-inflammatoires. Ulcère. Reflux gastro-œsophagien même si les symptômes ne sont pas au premier plan. Cancer, mais il est un peu jeune. >> D'accord. Et qu'est-ce qu'il faut compléter auprès dans l'anamnèse auprès du patient? >> L'alcool comme vous me l'avez expliqué et la prise d'anti-inflammatoires. >> Excellent. Très bien. Et aussi ses antécédents familiaux de cancer et son origine. Très bien. Dites-moi, qu'est-ce que vous pourriez faire pour vous sentir plus à l'aise la prochaine fois? >> Il faut que je revoie les dysphagies, j'ai tout un cours. Je vais relire bien mon cours, que j'avais vu à l'uni, et la prochaine fois, pour tout patient qui présente les mêmes symptômes, je poserai bien les questions sur les signaux d'alerte. >> Parfait. Très bien. Donc là , on s'est concentré sur le raisonnement clinique, en particulier sur la prise d'anamnèses, pour pouvoir répondre à la question initiale qui était de savoir si le traitement était adéquat par rapport à l'hypothèse la plus probable. Maintenant, je vous propose de retourner vers le patient, de compléter l'anamnèse, puis vous reviendrez vers moi, puis on discutera si éventuellement il faut faire des examens complémentaires, d'accord? >> Volontiers. >> Parfait. >> Merci. [MUSIQUE]