[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Voyons maintenant les objectifs de ce cours. À la fin de ce dernier, vous devriez être capable de développer un raisonnement critique vis-à-vis de la science forensique, de promouvoir une administration saine des résultats forensiques dans le système pénal, de saisir l'importance des probabilités et du raisonnement probabiliste en science forensique, d'expliquer pourquoi les résultats scientifiques ne sont pas indiscutables, même avec de l'ADN ou des traces digitales, et finalement, sur la base des sciences forensiques, apprendre des erreurs passées afin d'éviter les erreurs judiciaires dans le futur. Le cours a été structuré de telle façon à ce que vous puissiez visiter notre école et apprendre en même temps. En effet, notre réalisateur, David Monti, s'est dit qu'il serait une bonne idée de tourner chaque semaine dans un laboratoire différent. Cela vous aidera à vous souvenir des cas traités chaque semaine et vous permettra de voir vos différents locaux. Voyons ensemble la structure du cours. Vous pouvez voir ici le bâtiment de chimie de notre université. Il a été nommé Batochime, car avec ses cheminées, il n'est pas sans rappeler un bateau. L'École des sciences criminelles se trouve principalement au sixième étage. Comme vous pouvez le voir, ce dernier fait plus de 150 mètres de long. On y trouve des bureaux, un auditoire, des laboratoires, où l'on enseigne et exerce la science forensique. La partie sud est dédiée au service expertise, examen de documents, incendies et drogues notamment. Les parties au nord sont réservées aux étudiants et étudiantes et à la recherche. Aujourd'hui, nous sommes dans la partie gauche du bâtiment. Cette salle est utilisée pour la recherche de traces. Le cours proprement dit se compose de cinq modules à suivre sur cinq semaines, dans cinq localisations différentes. La première semaine, nous filmerons depuis la salle où se trouvent nos microscopes comparateurs. Cette salle est dédiée à la comparaison des traces laissées par des armes à feu, par exemple pour comparer une balle retrouvée dans le corps de la victime avec l'arme à feu de la personne suspectée. C'est dans cette salle que nous étudierons les principes de l'interprétation. Nous débuterons par un cas impliquant des fibres textiles. Cela nous permettra de nous focaliser sur la façon de gérer l'incertitude qui caractérise la vie en général et le procès criminel en particulier. L'approche que nous présenterons permet aux scientifiques d'apporter des conclusions robustes, que ce soit dans leur rapports ou par oral lorsqu'ils sont convoqués au tribunal. C'est ainsi que la science forensique devrait parler au tribunal. Vous aurez l'opportunité d'écouter une interview du professeur Colin Aitken de l'université d'Édinbourg. Il est considéré comme l'un des pères fondateur de la statistique forensique et de l'inférence. Nous présenterons également un guide regroupant les recommandations sur les questions de l'interprétation des traces. Ce guide a été produit sous l'égide de l'European Network of Forensic Science Institutes ou ENFSI. Ce groupe représentant 66 laboratoires forensiques en Europe dans 36 pays est considéré par l'Union européenne comme la référence dans le domaine forensique. Nous utiliserons ce guide comme fil rouge tout au long du cours afin d'analyser les cas présentés et voir si les experts respectent les principes permettant de garantir des conclusions fiables. La docteure Sheila Willis, une scientifique éminente dans le domaine forensique, sera interviewée sur ce guide. Elle nous expliquera pourquoi il est si important de traiter cette question, et pourquoi ce groupe a émis des recommandations sur comment déterminer la valeur probante des traces forensiques et comment transmettre ces conclusions au tribunal. Durant la seconde semaine, nous tournerons depuis la salle de microscopie. Nous étudierons l'importance de comprendre les besoins du tribunal et d'identifier la façon dont la science forensique peut aider le tribunal à se déterminer sur la question qu'il se doit de résoudre. Nous discuterons de cas où très peu de matériel a été retrouvé, par exemple un très petit nombre de fibres textiles ou un seul résidu de tir. La présentation du cas Barry George en Angleterre vous permettra de comprendre pourquoi il est essentiel de considérer les activités alléguées lorsque l'on se positionne sur la valeur probante de matériel forensique trouvé en infime quantité, dans le cas d'espèce un seul résidu de tir. La présentation de deux autres cas impliquant des traces ADN vous démontrera que les scientifiques ont le devoir d'aller au-delà de la considération de la source des traces. Les scientifiques se doivent d'aider le tribunal à se déterminer sur les activités qui ont pu mener à l'échange de traces. Cet aspect essentiel est ancré dans ce que l'on appelle la hiérarchie des propositions. Trois de nos amis ont développé le concept de la hiérarchie des propositions et ils seront interviewés. Il s'agit de Ian Evett, de Graham Jackson et de Sue Pope. J'ai moi-même eu la chance de travailler en étroite collaboration avec eux lorsque nous faisions partie du même groupe, Interpretation Research Group, du Forensic Science Service qui depuis a cessé son activité. Durant cette seconde semaine, nous explorerons comment s'assurer que la science forensique sert au mieux la justice. Il est crucial que les questions qui concernent la source du matérial, ce qu'on nomme dans notre jargon la source ou la sous-source, ne soient pas confondues avec les questions qui concernent les activités alléguée ou le crime. En effet, comme vous pouvez le voir ici, si dame Justice manque une marche, elle pourrait facilement trébucher et tomber. Une mauvaise compréhension de ce qu'on nomme la hiérarchie des propositions peut et a mené à de mauvaises conclusions et de mauvaises décisions. Pendant la semaine 3, vous assisterez à une démonstration et verrez comment on analyse l'ADN en sciences forensiques. Nous filmerons donc principalement du laboratoire ADN. Nous discuterons des aspects concernant l'interprétation de l'ADN, notamment comment évaluer des profils ADN complexes. Nous verrons également de quelle manière tenir compte de la possibilité d'erreur dans le laboratoire. Dans le cas impliquant Amanda Knox et Raffaele Sollecito, nous verrons l'importance de prendre des mesures appropriées afin d'éviter de polluer la scène de crime. Pierre Margot, notre ancien directeur et scientifique très renommé, sera interviewé à propos de la pollution. Vous comprendrez ainsi l'importance de distinguer entre pollution de la scène de crime et contamination. Nous verrons que prendre des mesures adéquates pour assurer la continuité de la preuve peut permettre d'éviter de longs débats au tribunal et d'éviter les erreurs judiciaires. Luca Luparia, le directeur de l'Innocence Project en Italie, et Peter Gill, un des fondateurs de la génétique forensique, seront tous deux entendus à propos de l'affaire impliquant Amanda Knox et Raffaele Sollecito. La semaine 4 sera dédiée à la façon dont les scientifiques forensiques doivent transmettre la valeur de leurs résultats. Depuis notre studio de photographie, nous étudierons des causes célèbres, par exemple l'affaire Dreyfus, et nous verrons comment les statistiques peuvent êtres mal utilisées. Cela nous permettra de discuter de la manière dont les statistiques devraient être présentées au tribunal. Un statisticien, Phil Dawid, et un juriste, David Kaye, nous donnerons leur opinion sur la question. Le second aspect essentiel que nous étudierons pendant cette quatrième semaine est celui de l'erreur logique qui a été nommée L'erreur du procureur. Ceci depuis 30 ans, William Thompson, un juriste de renom, qui fut le premier à décrire cet argument fallacieux utilisé au tribunal sera également notre invité. Notre dernière et cinquième semaine sera filmée depuis notre laboratoire dédié aux empreintes digitales. Nous y discuterons le cas Dallagher où il est question de trace d'oreille. Nous présenterons également les cas Mayfield et McKie, deux affaires impliquant des empreintes digitales. Ce qu'il faut retenir dans cette semaine ce sont les enjeux et les critères qu'implique la décision d'identification. Vous comprendrez alors que la décision d'identification n'est pas le domaine de l'expert, et que c'est une décision qui appartient seule au tribunal. Nous soulignerons les causes possibles menant à de fausses identifications. Eh oui, cela arrive même avec les empreintes digitales. Nous aurons le privilège d'entendre les interviews de personnes étroitement impliquées dans ces cas, le père de Shirley McKie, ainsi que Brandon Mayfield et sa fille. Afin de faciliter votre apprentissage, des questions accompagnerons les vidéos, et vous aurez également la possibilité de tester vos connaissances au travers de quiz. Nous vous invitons également à participer aux forums de discussions. Le temps nécessaire à chaque leçon variera en fonction de la semaine, mais nous estimons que le temps nécessaire sera en moyenne de deux ou trois heures. Nous espérons que vous prendrez plaisir à suivre ce cours comme nous avons pris plaisir à le préparer, et dès à présent, nous vous invitons à commencer la première semaine. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]