[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Pour conclure cette semaine sur l'évaluation des résultats obtenus lors d'analyses de prélèvements contenant de l'ADN, revoyons ensemble les points clés. Pendant cette semaine, nous avons traité d'affaires où il a été dit que la preuve génétique avait mené à des erreurs judiciaires. Nous avons illustré les points fondamentaux à prendre en considération quand on évalue les résultats, les profils génétiques, d'ADN retrouvé en faible quantité. Avec le meurtre de Meredith Kercher, aussi connu sous le nom d'affaire Knox et Sollecito, nous avons illustré les particularités que doivent considérer les scientifiques forensiques lors de l'évaluation des profils ADN retrouvés en petite quantité. Ces particularités sont les stutters, les drop-in et les drop out. Nous avons insisté sur le fait qu'on devait utiliser des programmes informatiques dédiés expressement à l'évaluation probabiliste de tels profils dits complexes. Les traces mélangées, les traces qui contiennent le profil de plusieurs donneurs, doivent également être approchées de manière structurée. Peter Gill, un scientifique reconnu dans le domaine de l'analyse ADN, vous a lui aussi alerté dans une interview sur l'importance de ne pas considérer l'ADN comme l'arme absolue. Il a insisté sur le fait que l'on ne devrait pas accuser une personne sur les seuls résultats ADN et que si l'on ne considère pas les autres éléments du cas, alors, on va droit au désastre. Peter a également souligné le fait qu'on ne doit pas confondre source et activité, et que l'éducation, que ce soit celle des scientifiques, des juges, des procureurs ou des avocats, est indispensable. On a pu revisiter avec lui les affaires Scott, Easton, Jama, qu'on a vues cette semaine, ou encore l'affaire des attentats de Madrid que nous verrons ensemble, mais cette fois sous la perspective des empreintes digitales, durant la semaine 5. Nous avons vu que certains experts dans l'affaire du meurtre de Meredith Kercher, avaient donné une opinion catégorique et avait affirmé que c'était l'ADN d'Amanda Knox ou celui de Raffaele Sollecito. Cela est en contradiction avec les principes d'interprétation, puisque les scientifiques doivent se prononcer sur la probabilité de leurs résultats, et non sur les hypothèses d'intérêt. Nous reviendrons en détail sur le thème des opinions catégoriques, lorsqu'on étudiera en semaine 5 des affaires impliquant des empreintes digitales. Dans toutes les affaires que nous avons présentées, nous avons démontré l'importance d'adopter des procédures dites qualité très strictes, afin d'éviter la pollution des traces ADN. Ceci est valable pour l'intervention sur scène de crime ou au laboratoire. En effet, la pollution est un aspect dont on doit tenir compte. Vous avez vu avec le professeur Pierre Margot pourquoi on utilise le terme pollution plutôt que contamination. Vous savez également qu'il est crucial d'éviter de polluer la trace quelle que soit la discipline forensique. Il est important de souligner qu'un cas ne devrait pas reposer sur la seule exploitation d'une trace. Il est également impératif de reconnaître que même si cela est rare, des erreurs, comme une pollution, peuvent arriver, comme cela a été démontré dans les cas que nous avons traités. En effet, le professeur Luparia, président de la section italienne de l'Innocence Project, a souligné cet aspect dans son interview, ceci dans le cadre de l'affaire Knox, Sollecito. Il a expliqué l'influence qu'a eu cet aspect sur le jugement de la cour suprême italienne. Nous devons considérer la possibilité d'une pollution, particulièrement quand l'ADN est l'élément central sur lequel on se base pour soutenir l'implication d'une personne dans le crime. Nous avons vu avec Alex que le commun des mortels ne gère pas bien l'aspect des erreurs ni les probabilités qui y sont associées. Il nous a démontré que lorsque l'observation du matériel détecté et analysé est très rare, comme c'est le cas de l'ADN, ce qui domine la valeur d'une trace, c'est la probabilité d'erreur ou de pollution. Pour terminer, comme dans la semaine 2, nous avons vu que les propositions dites au niveau de la source ne sont pas adéquates pour évaluer la force probante d'une observation. Ceci est tout particulièrement important si le matériel retrouvé est en faible quantité. Voici les points essentiels à retenir. Un, vous savez comment on obtient un profil ADN, et vous êtes capable d'expliquer ce qu'est un profil ADN. Deux, vous savez qu'avec de faibles quantités d'ADN, il faut tenir compte de phénomènes stochastiques, tels que les drop-in, les drop-out et les stutters. Il existe des programmes informatiques probabilistes qui aident les scientifiques à accomplir cette tâche complexe de l'évaluation. Trois, avec de faibles quantités, quel que soit le type de trace, on doit considérer le phénomène de la pollution, et aussi celui du transfert pour des raisons légitimes. Et quatre, vous savez aussi que tenir compte de l'erreur dans l'évaluation ne se fait pas de manière intuitive. Pour cette raison, les scientifiques forensiques devraient assister le tribunal dans cette tâche. En effet, dans ce cas, comme je vous l'ai dit, ce qui domine la valeur des résultats, c'est la probabilité d'erreur. Si la probabilité du profil ADN, sachant la proposition de la défense, est par exemple de 1 sur un milliard, et que la probabilité d'erreur est de 1 sur 10 000, alors, la probabilité des résultats en considérant la probabilité d'erreur est de l'ordre de 1 sur 10 000. C'est donc bien plus commun que 1 sur un milliard. Ceci conclut notre semaine. N'hésitez pas à poser vos questions sur le forum. Merci de votre attention. 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