[MUSIQUE] [MUSIQUE] >> En termes d'innovation, est-ce qu'il y a d'autres tendances qui vous paraissent importantes à souligner aujourd'hui? >> Je vais vous donner une anecdote. Quand je travaillais chez ACCOR, on avait fait un film pour présenter les enjeux du développement durable aux collaborateurs sous un angle assez hôtelier, parce que c'est une telle vastitude de sujets entre l'environnement, le social, le sociétal, la supply chain, le charity, les parties prenantes. Donc pour faire comprendre le sujet, et bien évidemment, dans la partie environnement, vous voyez il reste 40 ans de pétrole, 60 ans de gaz. Aujourd'hui on ne présenterait plus du tout les choses de la même manière. Aujourd'hui on est conscients qu'on a un budget carbone, et je pense que c'est ça le changement qu'on est en train de vivre, qui est bien en deçà des capacités en énergies fossiles dont dispose la planète. On lance, nous, en ce moment tout un travail en utilisant la méthodologie Science Based Target. Donc l'idée c'est de dire, par rapport à ce budget carbone dont dispose la planète, comment je le répartis entre les différents secteurs d'activité, et ensuite dans ce secteur d'activité, comment je l'applique aux sociétés dont Eurazeo est actionnaire. Nous sommes depuis récemment actionnaires de la société Novacap qui est un fleuron français de la chimie, qui est assujettie aux quotas carbone avec lesquels nous avons fait le travail de mesure. Alors on n'est pas encore, on n'a pas encore calé les échéances dans le temps. Là on va lancer les calculs, mais on sait déjà, si vous voulez, que ça va amener vers une réduction de l'empreinte carbone de l'activité, de l'ordre de 60, 70 %. >> Dernière question, si on fait un petit exercice de prospective, le reporting extra-financier dans 15 ans, c'est quoi? Votre métier c'est quoi? >> Normalement quand on travaille en RSE, on espère tous être dissous à un moment donné, parce que le jour où on sera dissous, ça voudra dire que, enfin dissous dans l'organisation, j'entends, ça voudra dire que tout le monde s'est saisi du sujet de RSE et que, eh bien du coup il n'y a plus besoin d'en avoir des spécialistes, puisque chacun dans sa fonction, >> qui directeur industriel fera ses usines à impact zéro, quelle marketeuse fera ses produits sans produits chimiques. Enfin bref, donc dans un monde idéal, sauf qu'il faudra que je travaille mon employabilité, mais ça c'est une autre question, on pourrait espérer que, la fonction soit dissoute. Je ne pense pas qua ça ira aussi vite que ça. Je pense qu'on a quand même, on met du temps pour changer les choses. Après on n'est pas à l'abri d'un changement de paradigmes. Parce qu'aujoud'hui l'innovation, et notamment l'innovation digitale et l'innovation spatiale amènent des renversements complets. Aujourd'hui pour vous donner un exemple concret, nous avons les capacités en termes de savoir-faire pour alimenter l'ensemble de la planète en énergies renouvelables. Nous savons le faire. Ça n'est pas déployé mais nous savons le faire. Techniquement, on dispose aujourd'hui de toutes les solutions techniques pour être capables d'avoir une énergie propre généralisée. On est aussi en train de changer tous les réseaux d'énergie, avec l'internet de l'énergie, ce qu'on appelle les SmartGreen. Là aussi on va aller vers des changements complets. On va partir, on va sortir d'un mode de production centralisée pour aller vers de modes de production distribuée. Donc si ça se trouve, demain mesurer la quantité d'énergie qu'on consomme pourrait devenir un non sujet si on est en énergie propre. Et je mentionnais tout à l'heure la conquête spatiale. Aujourd'hui, on n'est même plus en situation, si vous voulez, de parler de conquête spatiale, mais plutôt de l'industrie spatiale. Là aussi, si vous voulez, on est en train, grâce à toutes les évolutions technologiques, de franchir des nouvelles frontières. On s'est rendus compte par exemple qu'il y avait beaucoup d'eau sur mars. Mais j'ai rencontré une société qui travaille sur des projets d'extraction minière sur des astéroïdes. Mais il faut savoir que c'est pas des concepts, c'est des sociétés qui sont très, très avancées dans leurs sujets. Donc là aussi, on pourrait aller vers des renversements de paradigmes où certaines ressources qui sont en quantité très limitée sur terre, je pense aux terres rares, notamment, et à certains minerais, pourraient peut-être être disponibles, et in fine possiblement extractibles à quelques milliers de kilomètres de notre planète. Donc vous voyez, on pourrait avoir des changements de perspectives complets. Je suivais une formation cet été à ce sujet dans la Silicon Valley. Ça semble beaucoup moins distant que ce qu'on imagine, et possiblement, ça pourrait être des projets qui pourraient être live en 2025, 2030, 2035. Donc vous voyez, du coup, si on trouve une autre manière d'avoir des ressources abondantes et une autre manière, que ce soit l'énergie, que ce soit les minerais, et une autre manière d'arrêter de polluer. Parce que pour le coup, le budget carbone et le réchauffement climatique, ça, ça ne va pas changer, et c'est là pour rester, peut-être qu'on ne mesurera plus du tout les mêmes choses et qu'on ne travaillera plus du tout les RSE de la même manière. [MUSIQUE]