[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous accueillons aujourd'hui Alexandra Palt. Alexandra, vous êtes CSO du groupe L'Oréal. CSO, c'est Chief Stability Officer. A ce titre, vous êtes évidemment complètement au coeur des enjeux de reporting RSE. Première question, depuis combien de temps L'Oréal procède-t-il à un reporting RSE, extra-financier, et sur la base de quel enjeu et pourquoi? >> L'Oréal a commencé un reporting RSE en 2002, >> donc assez tôt. Ça correspond à la culture de l'entreprise qui aime bien être en avance sur les questions qui peuvent se poser en matière de réglementation ou d'enjeu, etc. Le reporting RSE, au début d'une démarche RSE ou développement durable correspond à un enjeu de démarrage, c'est-à-dire ça donne une perspective, quels sont les sujets qu'il faut prendre en compte, sur quoi il faut travailler, quelles sont les attentes des parties prenantes, de l'extérieur, etc. Le reporting, l'utilité pour une entreprise demande beaucoup de la maturité de l'entreprise en matière de développement durable. Quand on commence à travailler sur le RSE ou le développement durable, le reporting vous permet d'appréhender les sujets sur lesquels il faut travailler si vous voulez être un acteur sérieux sur ces questions. Le plus on avance, le moins le référentiel de RSE vous donne cette indication là parce que plus une entreprise avance, plus la démarche RSE et développement durable devient une démarche qui est vraiment liée à la stratégie de l'entreprise, aux réels impacts de l'entreprise, à l'analyse du cycle de vie de ce produit, etc. Le reporting devient plus un exercice de dialogue avec les parties prenantes. On a un programme développement durable très ambitieux avec des indicateurs stratégiques qui correspond complètement à nos objectifs. 100 % de nos produits qui vont avoir une empreinte environnementale améliorée, moins 60 % d'empreinte environnementale de notre production, 100 000 personnes intégrées dans la chaîne de valeur des personnes qui sont en situation de fragilité socio-économique. Ça, ce sont les indicateurs stratégiques, il y en a 25, ils correspondent à 25 objectifs donc c'est des [INCOMPREHENSIBLE] comme pour la performance [INCOMPREHENSIBLE]. Après, il y a des indicateurs qui sont opérationnels. Les équipes ont besoin pour mesurer la performance environnementale au quotidien, l'empreinte eau, la biodégradabilité, etc. et après il y a un troisième axe qui sont les indicateurs demandés dans le reporting et qui nous permettent de faire en sorte qu'on ne rate pas un domaine ou un sujet qui pourrait être important ou qui intéresse ou inquiète les parties prenantes. On a l'ensemble des indicateurs sur lesquels on reporte. C'est une spécificité chez L'Oréal, c'est qu'on fait auditer ce reporting. On a un certain nombre d'indicateurs qui sont audités par nos commissaires au compte comme les indicateurs financiers. >> Puisqu'on parle de commissaires au compte, on va également parler de référentiel. Quels sont les quelques grands référentiels que vous mobilisez pour remplir ces trois grandes catégories d'objectifs que vous venez de décrire à l'instant? >> Pour une première catégorie d'indicateurs qui sont des indicateurs stratégiques, il n'y a pas de référentiel parce que c'est notre métier. C'est le référentiel que nous devons créer. Et je recommande à toute entreprise qui souhaite être sérieuse sur le développement durable d'être sérieux sur le traitement de ses propres impacts. On ne connait que soi-même. Cette analyse-là est à faire indépendamment d'une obligation de reporting. Il faut mettre en face les indicateurs qui vous concernent. Après, sur le grand référentiel de reporting, on utilise le GRI et on a un tableau des concordances qu'on insère comme toutes les grandes entreprises à notre rapport de développement durable et nos outils de reporting financier également. En plus du GRI [INCOMPREHENSIBLE], on reporte également au Global Compact. On a un niveau advanced depuis longtemps. On répond aussi à beaucoup d'outils qui sont plus spécialisés comme le Carbon Disclosure Project, le CDP, comme les divers questionnaires. L'ensemble donne une grande masse de travail aux équipes en matière de reporting qu'on peut légitimement questionner aussi. Ce que je trouve très utile dans le reporting, c'est que ça vous incite à régulièrement vous remettre en question, à régulièrement regarder si on a vraiment traiter l'ensemble des sujets parce qu'il y a des sujets très stratégiques que bien sûr on traite et des sujets pour lesquels on sait qu'on est moins concernés, qu'on a facilement tendance à mettre de côté et le reporting nous oblige à nous questionner sur l'importance que ça a pour nous, comment il faut travailler dessus. Après, ce que je ne trouve pas positif, c'est la démultiplication des outils de reporting, des questionnaires. Quand je suis arrivée chez L'Oréal, j'avais une évaluation de temps et de budget que ça avait coûté. de temps salarié et de budget. J'ai essayé de beaucoup rationaliser parce que on a quand même ce parti pris chez L'Oréal, on veut faire du développement durable, on veut pas seulement en parler. Le budget est mieux investi dans la réalisation de projets sur le terrain que dans la démultiplication des outils de reporting. Je trouve que c'est vraiment important afin d'éviter que le développement durable devienne un exercice de reporting. Ca, il ne le faut surtout pas. Le développement durable doit s'intégrer dans un business model pour permettre de faire business de manière différente au vingt-et-unième siècle. Ce n'est pas un exercice de reporting, ça doit être un exercice vraiment au coeur du métier. Il faut laisser au reporting le rôle qu'il peut jouer, à un moyen, un outil. En revanche, quand il manque une vision au sein des entreprises sur ce qu'il faudrait faire, il manque une ambition au sein du leadership, on utilise les reporting et ça devient un peu une fin en soi. Ça, je n'y crois pas du tout. Je crois qu'aucun reporting ne peut remplacer la volonté du CEO, du PDG et de son comité exécutif, du board, une vraie ambition avec une vraie stratégie. Le reporting est un moyen essentiel dans l'atteinte de ces objetifs, de cette vision et ces ambitions. [MUSIQUE]