[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous accueillons aujourd'hui Victor Caritte qui est consultant senior développement durable chez Deloitte. Première question, dans les missions d'un consultant senior, il y a des études, du conseil, il y a aussi du reporting et de l'audit RSE. Est-ce que vous pouvez nous dire précisément ce que recouvre cette dernière fonction? >> L'objectif de l'audit RSE est double pour Deloitte. On va y mettre un rapport d'assurance qui se prononce sur l'exhaustivité et la sincérité des informations qui sont publiées par l'entreprise dans son rapport de gestion. L'exhaustivité de l'information, ça veut dire qu'on va vérifier que l'entreprise communique bien sur les 42 thématiques qui sont attendues dans la loi Grenelle 2. Elle est pas obligée de communiquer l'information sur 42 thématiques, certaines ne sont pas pertinentes pour elle mais elle doit expliquer pourquoi ce n'est pas pertinent. Nous, au contraire, on va vérifier si l'entreprise n'omet pas de communiquer ces informations importantes au regard de son activité. Voilà pour la partie exhaustivité. Pour la partie sincérité, on cherche à vérifier la fiabilité des informations publiées par l'entreprise. Pour faire ça, il y a tout un [INCOMPREHENSIBLE] qui est encadré dans les pics forts en France. Il s'agit de vérifier le système global de reporting d'entreprise, vérifier dans quel cadre sont collectées les informations, sont calculées les informations. On va faire une revue critique des procédures de reporting du groupe et sélectionner les informations qu'on va vouloir vérifier. Donc typiquement, pour un grand énergiticien, on va vérifier les informations type émission de CO2. Pour un acteur dans l'agriculture, on va vérifier les consommations d'eau, etc. On va se focaliser sur ce qui est matériel, important pour l'entreprise. >> On vient de voir que l'audit RSE, le reporting RSE, s'inspire des méthodes de l'audit financier, l'audit comptable. Ça reste une démarche relativement nouvelle que vous avez datée à la loi Grenelle 2. Quels sont les principales difficultés ou les principaux obstacles que vous avez pu identifier pour un bon reporting RSE d'une entreprise? >> Les entreprises sont à différents niveau maturité sur ce reporting RSE. Je pense qu'on peut vraiment prendre ce problème à trois niveaux d'une part. Au-delà du reporting, la démarche RSE de l'entreprise, on constate là différents niveaux de maturité. Certaines entreprises ont vraiment une vision très règlementaire du sujet, vont faire un reporting vraiment scolaire, sans se focaliser sur ses impacts les plus significatifs. Ça fait partie des points faibles chez certains de nos clients qui ne vont pas chercher à créer de la valeur à partir de ce sujet RSE mais plus à l'interpréter comme une contrainte réglementaire. Ça, c'est le cas chez certains de nos clients. L'autre niveau, ça serait au niveau des outils, des enjeux opérationnels, techniques. Deloitte a conduit une étude en 2015 pour essayer de prendre la température du niveau de performance des outils de reporting dans les entreprises. Les outils de reporting RSE. On avait sorti de cette étude que 80 % des processus de collecte des informations RSE dans les entreprises sont manuelles. Autrement dit, il y a énormément de travail qui pourrait être fiabilisé, automatisé, et des gains de temps à la clé. Le troisième point, ça serait un point autour de la méthodologie. On constate qu'il n'y a pas encore de référentiel de reporting reconnu au niveau international sur lequel tout le monde se calquerait pour calculer ses indicateurs de reporting extrafinancier. On a cette particularité là, en reporting extrafinancier, chaque entreprise écrit son propre référentiel. >> Trois registres de difficultés : les pratiques elles-mêmes, les outils et >> la méthodologie, la démarche. Aujourd'hui, comment vous voyez évoluer ces pratiques de reporting RSE au sein des entreprises? >> Chez certains de nos clients, on est très heureux de voir que la stratégie rentre dans le radar de la direction >> et qu'ils intègrent la stratégie de la RSE au sein de la stratégie de l'entreprise. C'est ce qu'on voit chez de plus en plus de clients. On voit aussi qu'ils arrivent à se focaliser sur ce qui compte vraiment pour eux. Arrêter de suivre et de publier une myriade d'indicateurs parce que c'est ce qu'on leur demande de faire dans la loi, mais qu'ils vont vraiment commencer à se concentrer sur ce qui est le plus important pour eux, véritablement se donner des objectifs qui viennent du haut sur les indicateurs extrafinanciers et les afficher comme une ambition forte de l'entreprise. >> Pour conclure notre échange, si vous aviez une ou deux très bonnes pratiques que vous voudriez partager avec les participants de ce MOOC, >> ça serait quoi? >> J'ai une très bonne pratique en tête, c'est celui des référentiel de reporting. On constate depuis quelques années que les entreprises s'organisent par secteur d'activité. Quand je parle de secteur d'activité, ça va être le secteur de la chimie, le secteur de l'industrie manufacturière ou de l'immobilier qui se mettent d'accord, se réunissent au sein de consortium pour réfléchir à des référentiels communs de reporting. C'est vraiment vers ça qu'il faut tendre pour faire gagner en maturité sur ces référentiels de reporting. [MUSIQUE]