[MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] >> Bonjour Firoz Ladak. >> Bonjour. >> Vous êtes Directeur Général des Fondations Edmond de Rothschild que vous avez rejoint en 2005. Pouvez-vous nous dire comment vous avez défini la stratégie de ces fondations dans un contexte particulier où vous avez hérité d'une histoire philanthropique très riche et très longue de la famille tout en ayant le souci je crois de moderniser ces pratiques? >> Lors de ma prise de fonction en 2005, effectivement j'ai été confronté à cette question posée par la septième génération de cette branche des Rotschild représentée par Ariane et Benjamin de Rotschild qui était comment transposer ce formidable héritage caritatif vers une philanthropie stratégique. Pour ce faire d'une part il était important de capitaliser sur l'énorme héritage de cette famille, mais qui était beaucoup fondé sur des dons parcellaires, beaucoup de coups de cœur bien sûr comme la philanthropie ou la charité se pratiquaient à l'époque vers une stratégie beaucoup plus concentrée, beaucoup plus stratégique en définissant des thèmes précis. Donc aujourd'hui nos valeurs, ce qui est important, se résument à d'une part cette notion d'inclusion qui est fondamentale, la notion d'engagement social et la question de passerelle, comment est-ce que la philanthropie se situe au coeur d'un dispositif beaucoup plus large qui apporte des solutions aux sociétés qui nous environnent à savoir le privé, les gouvernements et également les agences multilatérales. Ensuite ce qui était important c'est d'améliorer nos dispositifs en manière de gouvernance, en cherchant à rendre les conseils plus performants, plus experts et enfin, oui, la constitution d'une équipe qui dans nos différentes thématiques que sont les arts, la santé, l'entreprenariat et plus récemment les bonnes pratiques philanthropiques, cette équipe s'investit depuis l'origine d'identification des projets jusqu'à leurs évaluations et leurs sorties. >> Les Fondations Edmond de Rotschild ont une particularité, elles sont à la fois opératrices, elles mènent elles-mêmes un certain nombre de projet et elles sont distributrices, elles contribuent financièrement à des projets portés par d'autres. Comment avez-vous arbitré entre ces deux modalités d'intervention pour les fondations? >> Au-delà de la notion d'opérateur ou de distributeur j'y ajouterais une troisième qui est la notion de codéveloppeur. C'est vraiment dans ce segment-là qu'on se situe. En l'occurence au fil du temps nous identifions des partenaires dits privilégiés avec lesquels une véritable relation de confiance et une relation professionnelle s'est nouée, permettant de rassembler des objectifs qui soient compatibles, et avec lesquelles véritablement on travaille ensemble, main dans la main pour identifier et mener à bien les projets. Sur certains projets, comme vous l'avez cité, nous sommes opérateurs tout simplement parce que la philanthropie c'est un laboratoire d'idées et qu'en l'occurence certaines des idées qui germent en interne et qui sont menées quelque part par nous-mêmes je prends deux cas, enfin trois. L'École de la Philanthropie qui est un formidable sujet en France, permettant de donner à des jeunes de dix à 12 ans des moyens d'appréhender la philanthropie dans son côté professionnel et pas uniquement caritatif. L'Ariane de Rotschild Fellowship qui est un formidable projet qui rassemble chaque année des entrepreneurs sociaux de confession principalement juive et musulmane donc on est dans la dimension du dialogue interculturel. Et enfin RFIP qui est une plateforme extraordinaire qui rassemble principalement des philanthropes du Sud. Ces projets-là nous les avons conçus, nous les développons nous-mêmes. Et enfin la notion de distribution qui pour moi est un peu passive se situe plutôt dans les coups de cœur parce que je pense que la philanthropie c'est aussi ça ou dans un mécénat plus classique notamment dans l'univers des arts par exemple. >> Les Fondations Edmond de Rotschild ont cette particularité qu'elles s'inscrivent dans un héritage philanthropique très long, on l'a évoqué. Quelle réflexion et quelle stratégie avez-vous par rapport à cet horizon temporel? Comment imaginez-vous les fondations dans les années à venir? >> Vous touchez là le cœur quelque part de nos réflexions à savoir comment perpétuellement maintenir ce lien entre comme vous l'avez dit un héritage qui remonte quasiment deux siècles et s'inscrire systématiquement dans l'innovation, dans la modernité. Je pense que le cas qui l'incarne le mieux c'est notre hôpital, la Fondation Ophtalmologique à Paris qui est un établissement privé à but non lucratif qui a un lien très fort avec l'État qui s'inscrit dans la durée parce qu'il a été créé en 1905, dans le cadre de l'affaire Dreyfus qui n'est pas anodin et qui un siècle après poursuit son excellence, doit s'adapter aux contraintes réglementaires, se conformer aux nouvelles dispositions et en même temps, systématiquement chercher l'innovation notamment en matière de recherche et confort du patient. Donc il y a là permanence et en même temps changement. Il y a d'autres domaines où d'une part on cherche à se spécialiser parce que la philanthropie à mon sens doit être spécialiste, doit représenter des pôles d'excellence mais en même temps il ne faut pas non plus s'enfermer et systématiquement nous posons la question sur, quels sont les champs d'intervention qui peuvent se révéler. Aujourd'hui en particulier, nous nous posons la question sur les réfugiés en Europe. Les questions que ce drame représente. Le rôle des philanthropes privés. Et nous pensons y intervenir tout en s'assurant que notre action reste en lien avec nos valeurs telle que je l'ai décrite plus tôt. Il y a d'autres actions qui sont peut-être entre guillemets plus passives plus traditionnelles. Notamment dans un mécénat artistique. Et enfin la philanthropie à mon sens c'est aussi le cœur. Donc rien ne nous empêche que ce soit la famille Rotschild ou l'ensemble de nos fondations par moment de donner, parce que nous souhaiterions donner. Voilà. >> Un grand merci, Firoz, pour votre intervention et pour votre participation à notre MOOC. >> Merci. [AUDIO_VIDE]