[MUSIQUE] [MUSIQUE] [AUDIO_VIDE] Bonjour Bénédicte Gallon. >> Bonjour. >> Vous êtes responsable audit, contrôle et évaluation à la Fondation Bettencourt Schueller. Est-ce que vous pourriez nous raconter comment vous sélectionnez les projets que vous soutenez? Je crois comprendre qu'il y a une grande exigence dans ce processus et comment se traduit-il concrètement? >> Si vous êtes d'accord, on va parler plutôt de la partie dons puisque la fondation remet des dons et des prix et on va se concentrer sur les dons. Les dons sont sélectionnés selon quatre étapes dans lesquelles il y a plusieurs instances qui sont sollicitées. La première, la présélection, c'est à peu près 1000 demandes par an que l'on reçoit, qu'on étudie toutes les semaines, par un groupe de cinq, six personnes et qui décide ou pas si on a envie d'aller plus loin. La deuxième partie correspond à une analyse poussée par des rapporteurs ou des évaluateurs, selon le terme que l'on peut utiliser, soit en interne, soit en externe en fonction de la complexité des projets qu'on doit étudier. Troisième étape, le comité des dons, quatre à cinq fois par an, et là c'est un travail collégial. L'ensemble des rapporteurs ainsi que madame Bettencourt Meyers et son fils Nicolas Meyers participent aux réunions du comité des dons et on décide collectivement si ou pas la fondation va aller plus loin. La dernière étape, le conseil d'administration qui doit approuver 100 % des projets qui seront financés par la fondation. Donc une exigence en interne par rapport à un processus assez structuré et une exigence en externe parce que finalement, quand on présente un projet au sein de la fondation en amont de ce projet-là il y a des rencontres. Il y a beaucoup d'échanges avec les porteurs de projet et celui qui va défendre en interne le projet devient le garant de ce projet au sein de la fondation. Il doit maîtriser les risques qui sont liés qui peuvent êtres des risques financiers, des risques d'image, des risques d'impact et en même temps une envie de construire une vision commune au sein de la fondation. Donc c'est pour ça que la collégialité est très importante. Effectivement, une sélection rigoureuse, 1000 projets, 60 retenus annuellement, une réunion hebdomadaire, des comités des dons, des conseils d'administration qui font que tout ça fonctionne assez bien depuis quelques années. >> Vous pouvez nous préciser les critères spécifiques que vous utilisez tout au cours de ce spécifique de sélection? >> Oui. Tout à fait. La première étape c'est la présélection. Là on est vraiment, est-ce que le projet correspond aux axes de la Fondation Bettencourt qui sont les sciences de la vie, la culture et le social. Le comité des dons par contre est beaucoup plus sensible au projet et au porteur de projet. On va étudier quatre dimensions dans le projet. Le porteur de projet, l'équipe qui est réunie autour de ce porteur de projet, éventuellement les partenaires qui sont déjà réunis autour de ce projet-là. Le deuxième point, l'efficacité et la pertinence de la réponse apportée à la question soulevée par la projet. Le troisième point, la mise à disposition, la réunion des moyens humains, financiers et techniques pour atteindre les objectifs visés par le projet. Et le dernier point qui correspond vraiment à quelque chose qui est de plus en plus important la capacité du porteur de projet à suivre, à piloter et à évaluer son projet quitte à se remettre en question a posteriori. >> En plus de l'accompagne financier qu'elle apporte à ces porteurs de projet, la Fondation Bettencourt Schueller apporte un accompagnement stratégique. Vous pouvez nous en dire un petit peu plus? >> Oui. Cette notion d'accompagnement n'est pas née de nulle part en fait elle est plutôt l'aboutissement d'une pratique de la philanthropie qui fait qu'aujourd'hui la fondation est mature pour aller dans cette démarche d'accompagnement. On est resté assez longtemps sur le contrôle d'utilisation des fonds et puis très rapidement on s'est dit, mais finalement c'est pas tout de pointer des dépenses. Pourquoi elles ont été faites et comment elles ont été faites? Et suite aux échanges qu'on a eu avec nos porteurs de projet, on s'est rendu compte qu'ils voulaient progresser sur un certain nombre de domaines qui ne leur étaient pas forcément accessible tout de suite. Au sein de la fondation, on a plusieurs équipes pluridisciplinaires, des financiers, des gens qui viennent du monde de l'entreprise, du monde associatif, et on a voulu apporter en plus de ce soutien ces compétences à leur disposition pour répondre à des problématiques qui peuvent être techniques, des questions comptables, des questions de gouvernance, jusqu'à sur certains projets accepter de rentrer dans leur gouvernance dans leur conseil d'administration. C'est dans ce cadre-là finalement que l'accompagnement est né assez naturellement. Aujourd'hui, soit il se fait en interne au sein de la fondation, soit on fait appel à des associations qui proposent du mécénat de compétence, du bénévolat de compétence ou parfois sur des questions très pointues, on fait appel à des prestataires externes. Pour nous l'accompagnement c'est quelque chose de très important parce que finalement quand on le confie à l'extérieur, on confie pour nous ce qui est le plus important le projet, le porteur de projet. La personne devient porteur du projet de la fondation à l'extérieur et le choix de ce prestataire ou de ce bénévole est essentiel parce qu'il devient, lui, celui à qui on confie la possibilité de donner des ailes au talent qui est la chose pour nous la plus essentielle au sein de la fondation. >> Une fois le soutient financier accordé, une fois l'accompagnement stratégique offert, quels sont les moyens que vous mettez en œuvre au sein de la Fondation Bettencourt Schueller pour évaluer l'impact social des projets que vous soutenez. >> L'évaluation au sein de la fondation revêt trois caractères. La première c'est l'évaluation du partenariat, les relations que l'on a eues avec le partenaire tout au long du projet. La deuxième dimension c'est l'évaluation du projet. Est-ce qu'on a atteint ensemble ou pas les objectifs qu'on s'était fixé, qu'ils soient quantitatifs ou qualitatifs? Le troisième point c'est l'évaluation de l'impact social. Sur ce dernier point, on n'a pas encore complètement décidé la façon dont on voulait rentrer dans cette démarche d'évaluation de l'impact parce qu'elle nécessite des outils, des compétences et aujourd'hui si on est beaucoup plus sûr de nous c'est-à-dire l'impact que l'on a sur les projets que l'on soutient, c'est beaucoup plus compliqué pour nous de s'approprier l'impact des projets sur leurs bénéficiaires. Donc aujourd'hui, l'évaluation pour nous reste aux dimensions partenariales et atteintes du projet. L'évaluation n'est pas une fin en soi. Aujourd'hui on considère que déjà d'avoir parcouru quelques années ensemble et d'être heureux de les avoir parcourues et nous aider à décider de est-ce qu'on continue ensemble? C'est déjà une réussite. Le chiffre n'est pas une fin en soi. Ça doit d'abord être au service de la structure et du projet et non pas au service de la fondation. >> Un grand merci Bénédicte Gallon pour votre participation à notre MOOC et à bientôt j'espère. >> Merci. [AUDIO_VIDE]