[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans les trois premiers épisodes de ce MOOC, nos duos d'exception vous ont expliqué en quoi leur partenariat est innovant, et ambitieux, pourquoi ils se sont engagés dans cette voie, et comment ils ont bâti ce partenariat. Mais quel impact a réellement eu leur partenariat et comment l'ont-ils mesuré? C'est ce qu'ils vous ont détaillé dans ce quatrième épisode, et ce sur quoi nous allons revenir aujourd'hui. Pour AG2R La Mondiale et la Fondation Abbé Pierre, l'impact principal de leur partenariat a bien sûr été la création d'une nouvelle structure, Solifap, qui leur permet de disposer d'outils beaucoup plus puissants, tels que le prêt et le conseil, pour financer et accompagner les associations travaillant dans le domaine du mal-logement. C'est un instrument qui révolutionne la façon de travailler de la Fondation Abbé Pierre, mais aussi l'engagement social d'AG2R La Mondiale. Pour que de tels partenariats réussissent, il est important d'y allouer des ressources et notamment des ressources humaines. AG2R La Mondiale et la Fondation Abbé Pierre ont ainsi créé une équipe de collaborateurs dédiée à la mise en place de Solifap qui a été épaulée par des consultants. François Chaillou attire l'attention sur le fait qu'il faut être ouvert à cette intervention de personnes externes, même si les associations n'en ont pas l'habitude, car elles ont rarement les moyens de faire appel à des consultants. Enfin, Nicolas Garrier et François Chaillou soulignent l'importance de l'audace et de la relation humaine. Il faut oser aller vers l'autre et prendre soin de cette relation de confiance une fois qu'elle a été créée. La confiance est un facteur clé de succès qui revient également dans la bouche de Claire Martin et Florence Gilbert. Elles soulignent qu'il faut également faire preuve d'exigence mutuelle tout en prenant du plaisir à travailler ensemble. Emmanuel Saulou et Jean Sellier ajoutent que cette confiance est fondée sur la transparence. Encore une fois, la communication est clé. Des problèmes, il y en aura forcément, et il faut en parler pour trouver des solutions ensemble plutôt que de les ignorer. Et c'est pour cela que les deux dirigeants sont dans un dialogue ouvert quant à leur principale difficulté actuelle, qui est la solidité du modèle économique de Poivre et Sel. Le co-dirigeant de Restoria insiste par ailleurs sur le fait qu'il faut laisser de côté les enjeux de pouvoir. Un partenariat doit être fondé sur une relation équilibrée et il ne faut pas chercher à tirer la couverture à soi sous peine que tout s'écroule. Le témoignage de Yannick Blanc, président de la Fonda a également mis en avant un élément très important : pour qu'un partenariat réussisse, il faut avant tout oser. Les associations doivent donc surmonter leurs craintes initiales en se rappelant que si les entreprises veulent établir des partenariats stratégiques avec elles, c'est qu'elles ont développé des expertises et des compétences que le monde de l'entreprise ne possède pas. Elles ont donc un élément fort à faire peser dans la balance. Du côté de l'entreprise, il convient de s'adapter au mode de fonctionnement plus souple du monde associatif et donc de faire preuve de flexibilité. Souvenez-vous d'ailleurs que la première réaction d'Emmanuel Saulou, lorsque Jean Sellier lui a faire part de son concept, a été de se dire que c'était une mauvaise idée. Fort heureusement, les deux parties prenantes ont su faire preuve d'ouverture d'esprit et ont construit ensemble un projet convenant à l'une comme à l'autre. Nous avons évoqué les notions de confiance et de transparence. Vous vous dites peut-être que tout cela est bien beau mais comment, concrètement, créer cette confiance? Eh bien il existe un levier de confiance très fort, c'est l'évaluation du partenariat, qui équivaut à mesurer l'impact social généré par le partenariat. Jean-Guy Henckel, le Directeur national du Réseau Cocagne vous a dit à quel point il est important de définir comment un partenariat sera évalué, dès l'étape du cadrage. En outre, comme l'a souligné Kevin André, professeur à l'ESSEC spécialisé dans les questions de mesure d'impact social, la définition même de ce que l'on veut mesurer, et des indicateurs que l'on va utiliser pour le faire, facilite le dialogue entre les partenaires. Ceux-ci vont en effet devoir mettre noir sur blanc, dès l'origine, l'objectif de leur partenariat. S'agit-il de permettre à des personnes de retrouver un emploi? Certes, oui, mais quel type de personnes? Et combien? Et comment allons-nous définir ce qu'est le retour à l'emploi? Renault et Wimoov vous ont ainsi fait part des outils qu'ils utilisent pour évaluer l'impact de leur partenariat. Chaque organisation a ses propres indicateurs. Ainsi, Renault va assurer le suivi de l'évolution du nombre de garages Renault solidaires, comptabiliser le nombre de bénéficiaires ayant fait appel aux services de ces 300 garages, le nombre de réparations effectuées, et soumettre à ces utilisateurs un questionnaire de satisfaction client. Ces chiffres et informations sont ensuite transmis à Wimoov qui en fera le meilleur usage. Wimoov emploi de son côté, des conseillers mobilité qui collectent de nombreuses données sur les personnes utilisant les plates-formes de mobilité. En partenariat avec Renault, l'association a donc développé un indice de mobilité qui permet d'évaluer le degré de mobilité des bénéficiaires à leur entrée dans l'association, puis à leur sortie. Cet indice est l'un des éléments qui permet à Wimoov de rendre compte à ses partenaires, tous les ans, de la performance économique mais aussi de l'impact social de l'organisation en général et de ses partenariats en particulier, avec le même niveau d'importance pour l'économique et pour le social. Comme le souligne Laure Vinçotte, Directrice générale de Rassembleurs d'Énergie, cette évaluation de l'impact est un élément indispensable de tout partenariat. En effet, pourquoi financer une activité si l'on ne sait même pas si elle atteint l'objectif fixé? Kevin André ajoute qu'il s'agit aussi d'une question d'efficience. Comme vous l'avez vu, ces partenariats demandent beaucoup, beaucoup d'investissements en temps, beaucoup d'investissements en argent de la part de leurs parties prenantes. Il s'agit donc de vérifier que ces ressources ont bien été allouées, et que l'impact social dégagé est supérieur au coût de transaction engagé. Pour Charles-Benoît Heidsiek, ces évaluations permettent de mettre en avant les trois grands impacts positifs de ces partenariats innovants. Ils sont levier d'innovation, levier de performance économique pour l'entreprise et pour l'association, et encore une fois, levier de confiance. Il souligne, enfin, un point essentiel. Une fois cette évaluation effectuée, il ne s'agit pas de la ranger au fond d'un tiroir. Il faut, au contraire, la communiquer. Aux partenaires, bien sûr, pour pouvoir décider si on continue le partenariat tel quel, si on le réoriente, ou si on choisit de ne pas le renouveler. Mais il faut aussi communiquer les résultats de ces alliances au plus grand nombre pour convaincre davantage de dirigeants d'entreprise ou de responsables d'association de s'engager dans cette voie du partenariat, pour faire bouger les lignes. C'est ce que nous avons voulu faire avec ce MOOC, et nous espérons que ces nombreux témoignages vous auront inspiré et convaincu que de tels partenariats, s'ils se multiplient, font effectivement évoluer le système et peuvent réellement changer le monde. [AUDIO_VIDE]