[MUSIQUE] [MUSIQUE] Pour mieux résumer, et mettre en perspective les témoignages que vous venez d'entendre et de visionner, j'aimerais vous rappeler les quatre grandes catégories de partenariats que vous a présentées Charles-Benoît Heidsieck. Tout d'abord, le mécénat. Il s'agit d'un soutien de l'entreprise à l'association qui peut prendre plusieurs formes. Vous avez certainement entendu parler du mécénat financier, et peut-être du mécénat de compétences, qui consiste à mettre à disposition, gratuitement, des employés de l'entreprise, au bénéfice de l'association. Charles-Benoît Heidsieck vous a ensuite parlé des pratiques responsables. Ici, c'est l'association qui va partager son expertise, avec l'entreprise, pour l'aider, par exemple, à mieux prendre en compte le handicap au sein de l'entreprise, ou par exemple, à mieux protéger le milieu naturel. Enfin, il existe deux autres formes de partenariats, plus complexes et plus novatrices. La coopération économique d'un côté, qui consiste à apporter une réponse commune à un besoin d'un territoire ; et, deuxième forme, l'innovation sociétale, qui consiste à faire de la recherche et développement, ensemble, afin de co-construire une solution à une problématique particulière, identifiée par les deux partenaires. Les témoignages que vous avez vus sont représentatifs de la richesse de cette typologie, même si tous n'utilisent pas les mêmes mots pour décrire leur partenariat. Ainsi, Nicolas Garier et François Chaillou font-ils souvent référence à leur, bébé commun, qui porte le joli prénom de, Solifap, société d'investissements responsables, qu'ils ont créée, ensemble, dans une vraie démarche d'innovation sociétale. Pourquoi s'agit-il d'innovation sociétale? En bien, parce qu'ils sont partis d'un constat commun. La nécessité de créer de nouveaux dispositifs pour soutenir les acteurs du secteur du mal logement. Et ils ont ensuite mis en place, ensemble, une équipe dédiée à la recherche d'une solution adaptée. Une fois la solution identifiée, ils l'ont expérimentée, toujours ensemble. Et le fonds d'investissements a été financé, pour moitié par la fondation Abbé Pierre, et pour l'autre moitié, par AG2R La Mondiale. On voit donc bien qu'il s'agit d'une création commune, fruit d'un cheminement à deux. Notre deuxième fil rouge, composé d'Emmanuel Saulou et de Jean Sellier, présente souvent son partenariat comme une co-entreprise, qu'ils ont baptisée Poivre et Sel. En effet, l'entreprise Restoria et l'association ADAPEI 49, du Maine et Loire, ont choisi de créer ensemble une S.A.S, société par actions simplifiée, dans laquelle ils ont chacun investi. L'ADAPEI 49 a financé la transformation d'une de ses entreprises adaptées, en cuisine professionnelle, tandis que Restoria a financé le matériel de cuisine. Restoria a également assuré le suivi du chantier et guidé l'ADAPEI 49 dans la restauration de son espace à requalifier. Cette mise à disposition d'expertise équivaut à du mécénat de compétences. Cette coopération se poursuit dans la vie de l'entreprise, puisque l'ADAPEI 49 assure, par exemple, l'encadrement des salariés handicapés, tandis que Restoria assure les relations avec le client. De quel type de partenariat s'agit-il? Eh bien là, on parlera plutôt d'une coopération économique car ils ont élaboré, ensemble, une offre commune pour répondre aux deux besoins identifiés. Le premier, poursuivre la livraison de repas à domicile pour des personnes isolées, ou dépendantes, et le deuxième, utiliser le levier de la restauration collective pour proposer des emplois aux personnes handicapées mentales accueillies par l'ADAPEI 49. Bien sûr de tels partenariats sont souvent multi-facettes. Comme l'est celui entre Renault et Wimoov. Renault a, en effet, créé le programme, Renault mobilise, qui utilise plusieurs leviers pour lever les obstacles rencontrés par les personnes en situation de précarité pour se déplacer. Dans ce cadre, le partenariat avec l'association Wimoov a pris trois formes. D'abord, de l'investissement, et non pas du mécénat financier, au travers de la société d'investissements, Mobiliz Invest, du groupe Renault. Ensuite, du mécénat de compétences, Renault a partagé son expertise pour aider Wimoov à essaimer ses plateformes de mobilité. Enfin, troisième levier, la création de solutions de mobilité innovantes comme les garages, Renault solidaire, où les bénéficiaires de Wimoov peuvent faire réparer leur voiture, à prix coûtant ; ou acheter un véhicule d'occasion, à bas prix. La société Lesaffre est un autre exemple des formes multiples que peuvent prendre ces alliances. Cette société de levures, basée dans le Nord, a été sollicitée par l'association, Shangai Young Bakers, dès la création de l'association, alors que celle-ci cherchait d'une part, des fonds pour lancer son programme de formation à la boulangerie destiné aux jeunes chinois défavorisés, mais recherchait aussi, d'autre part, un professeur de boulangerie qualifié. Depuis sa mise en place en 2009, ce partenariat, cette action de mécénat, s'est donc articulé autour des trois axes suivants. Le mécénat de compétences, puisque des formateurs Lesaffre donnent, gratuitement, des cours, pour l'association. Le mécénat financier, pour couvrir une partie des frais opérationnels de l'association. Et le mécénat en nature, puisque Lesaffre offre toute la levure nécessaire à la formation des futurs boulangers. Enfin, vous avez entendu Bernard Devert, le président fondateur d'Habitat et Humanisme, vous expliquer à quel point la coopération avec le dispositif rassembleur d'énergie est innovante. Puisqu'elle allie, investissement dans la foncière d'Habitat et Humanisme, et mécénat de compétences. Les employés d'ENGI se sont en effet investis, auprès des locataires de l'association, pour les aider à mieux maîtriser leur charges et leur consommation d'énergie. Ce type de partenariat, comme le dit Bernard Devert, fait tomber les murs. Vous verrez, dans le prochain épisode, ce qui pousse entreprises et associations à travailler ensemble, mais ces témoignages vous apportent déjà quelques pistes. Bernard Devert souligne, en effet, l'importance de tels partenariats pour répliquer des solutions qui marchent localement. Jean-Paul Bailly, président de IMS-Entreprendre pour la Cité, a, quant à lui, insisté sur le caractère essentiel de la R.S.E, responsabilité sociétale des entreprises, pour les entreprises aujourd'hui. Ces dernières doivent en effet prendre en compte l'ensemble de leurs parties prenantes. Pour cela, l'expertise des associations est essentielle, car elles ont une connaissance très fine des problématiques sur lesquelles elles se mobilisent. Jean-Paul Bailly, toujours lui, souligne également que les gens vont de plus en plus travailler ensemble. Anne-Claire Pache, professeure à l'ESSEC, rejoint totalement son propos lorsqu'elle parle de, rapprochement de deux mondes. Celui de l'entreprise, et celui de l'association, qui se sont longtemps regardées avec méfiance, un peu en chiens de faïence. Depuis une dizaine d'années environ, une petite révolution est en marche. Certains de ces préjugés négatifs, comme, les entreprises ne cherchent qu'à faire du profit, ou encore, les associations ne sont pas efficaces, ces préjugés négatifs s'estompent ; et ces deux mondes réalisent qu'ils peuvent tout à fait être complémentaires, et travailler ensemble pour le bien commun. Qu'est-ce qui a provoqué ce changement? Eh bien, selon Charles-Benoît Heidsieck, c'est principalement l'ampleur des besoins sociaux, et environnementaux, auxquels nous sommes confrontés. Nos témoins vous l'ont montré, face à des problématiques comme la précarité énergétique, comme la mobilité ou l'accès à l'emploi de publics précaires, on est forcément plus fort ensemble.