[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Nicolas Garier, je suis membre du comité exécutif d'AG2R La Mondiale, et j'ai en charge la responsabilité des relations institutionnelles, au fond des partenariats un peu stratégiques, de la communication et de l'action sociale. >> Je suis François Chaillou, et le président de la société d'investissements de la fondation Abbé Pierre. AG2R La Mondiale, un mot sur AG2R La Mondiale, alors? Quelques chiffres, pour pas faire peur, mais c'est un groupe de protection sociale, une société d'assurances avec une gouvernance de personnes, c'est pas un groupe capitalistique, vous savez tous qu'il y a deux choses, les sociétés de capitaux et les sociétés de personnes ; nous sommes une société de personnes, et un mixte entre une mutuelle, La Mondiale, née dans le Nord, au début du siècle dernier, et un groupe paritaire, né après guerre, fruit du Conseil national de la Résistance, qui a organisé la Sécurité sociale. On réalise 28 milliards et demi de chiffre d'affaires, 12 milliards de chiffre d'affaires à proprement parler concurrentiel. Et tu fais la différence, 16 milliards de cotisations AGIRC-ARRCO. >> Je crois que vous avez 12 millions d'adhérents. >> Effectivement, 15 millions d'assurés, 11 000 collaborateurs, 350 millions de résultats à peu près chaque année, et on gère 104 milliards d'actifs, avec >> une particularité c'est que, parmi ces grands chiffres, j'en ai un autre qui m'amène ici, aujourd'hui, peut-être plus que les autres, c'est que, gérant les régimes complémentaires obligatoires, on a une mission au fond d'intérêt général, à servir et qu'on nous attribue, au fond je n'ai pas d'autre mot, ce ne sont pas nos sous, une soulte sociale, et qu'on redistribue >> nous, notre groupe, qui et le plus grand des groupes de protection sociale, le plus gros, on redistribue 120 millions d'euros de fonds sociaux, chaque année, sous forme d'aides individuelles à des gens en précarité, en difficultés, passagères ou durables, et puis de soutien à des projets collectifs d'envergure. Celui qu'on a mené ensemble en fait partie, à l'évidence. >> C'est sûr. Donc la fondation Abbé Pierre, ça a été créé par l'Abbé Pierre et ses amis, en 1992, donc il y a finalement peu de temps. Parce que, on connaît l'Abbé Pierre depuis les années 54, et donc cette fondation appartient au mouvement Emmaüs, mais c'est quand même quelque chose, c'est une structure à part. Donc la fondation Abbé Pierre, depuis l'origine, est dédiée au logement des personnes défavorisées. Le mouvement Emmaüs a une acception plus large, mais la fondation, c'est vraiment fait pour le logement, avec trois buts, trois objectifs, interpeler, agir, innover. Alors, l'interpellation, beaucoup de gens connaissent le rapport Mal Logement, qui fait le bilan des politiques de l'habitat de l'année précédente et qui est rendu public le 1er février ; ça c'est le côté interpellation. Ensuite on a un côté, action, et donc à ce titre-là, la fondation fait appel à la générosité publique, et elle reçoit un grand nombre de donateurs qui la gratifient d'environ 40 millions d'euros, chaque année. Donc, ces 40 millions sont utilisés, justement pour l'action, en donnant des subventions à des associations qui interviennent sur le terrain pour le logement des personnes défavorisées. C'est-à-dire que la fondation n'intervient pas par elle-même, ce n'est pas la fondation qui achète des logements dans un secteur, ou qui gère des places d'hébergement, mais la fondation finance une association qui, elle-même, rend le service sur le terrain. Donc ça veut dire que, autour d'elle, la fondation a un réseau d'environ 650 associations sur le territoire français, qu'elle aide à réaliser leurs projets ; ça c'est la partie, action. Et on a une partie, innovation, pour certains sujets qui sont expérimentaux, ou un peu plus compliqués que d'autres, la fondation intervient par elle-même. Notre bébé commun, c'est donc la société d'investissements de la fondation Abbé Pierre, qu'on appelle, la Solifap donc société d'investissements solidaires, pardon, c'est pour cela qu'on l'appelle, Solifap. Et donc c'est parti du point de vue, chez nous, que la fondation finançait des actions, puisqu'on le disait, le deuxième sujet c'est, agir, et donc, par exemple, la fondation va donner quelques milliers d'euros à une association qui veut acheter un logement pour y loger une famille défavorisée. Mais on ne s'intéressait pas vraiment aux acteurs, c'est-à-dire, pour qu'on puisse faire cette action-là, il faut trouver une association qui soit en bon état pour pouvoir, effectivement, faire l'action. Et donc on a vu apparaître, au cours des, des presque dix dernières années, beaucoup de fragilités dans les associations. Et on s'est dit à un moment, on a financé des actions, eh bien il faut peut-être qu'on s'interroge sur financer des acteurs. Mais aujourd'hui la Solifap, finalement, a trois leviers d'actions qui sont d'actions, qui sont complémentaires, et qui créent un modèle économique équilibré. C'est-à-dire qu'on a à la fois, une foncière, qui permet d'acheter des maisons, un peu partout en France, et de les mettre à disposition d'une association qui veut reloger des personnes défavorisées et donc qui n'a pas à les acheter elle-même. On a d'autre part la possibilité d'intervenir en [haut de bilan ?], en donnant des prêts participatifs voire d'autres supports financiers, pour effectivement la structure financière de l'association. Et puis enfin, on a une démarche de conseil, pour pouvoir financer effectivement, une démarche de conseil pour les associations. J'allais dire, il y a un proverbe chinois qui dit, donne un poisson à un homme il va manger un jour, apprends-lui à pécher, il va manger toute sa vie. La Solifap, le projet c'est non seulement de, on n'a pas la prétention de lui apprendre à pécher parce qu'il sait le faire, mais c'est, un, de mettre à disposition un bateau pour pouvoir rouler, donc c'est le foncier, on met à disposition une maison. Deuxièmement, de lui donner de l'argent, et de faire un prêt pour pouvoir s'acheter des filets, troisièmement, de donner à sa disposition un conseiller qui saura lui dire, tiens il y a du poisson à tel endroit, dans tel endroit ou dans tel endroit. >> On a fait au fond un constat parallèle, d'abord que le tissu associatif, en France, est unique au monde. D'abord parce que la loi de 1901 n'existe, à ma connaissance nulle part ailleurs ; ça a été, c'est une source de richesse, d'innovation, et de proximité, extraordinaire. Et puis on a aussi fait le constat qu'il y avait une grande fragilité dans le tissu associatif. Et les difficultés actuelles, les finances de l'état n'aident pas. Donc le monde associatif est en forte difficulté. Et le deuxième constat qu'on a fait, moi notamment, je voulais changer de dimension. L'action sociale, les fonds que j'évoquais tout à l'heure, c'est colossal, 130 millions d'euros, 100 millions, là, c'est fléché par l'AGIRC-ARRCO, et puis on a eu la chance, pour des raisons historiques, peu importe ici, d'avoir une trentaine de millions d'euros, où on pouvait expérimenter, dans une logique très entrepreunariale. Je pense que c'est ça qui est très intéressant. On avait dit qu'il y avait un objet social, qui nous motive d'abord, et vraiment une logique d'innovation d'entreprise. Et on s'est dit, au fond, on est un investisseur, je disais tout à l'heure qu'on gère 104, près de 105 milliards d'actifs, au fond, ayons cette pratique d'investissements, d'investisseur social, et plutôt que d'aider une fois, c'est le cas souvent du mécénat, beaucoup de pratiques de R.S.E, très très vertueuses, mais c'est du, one shot, on s'est dit, créons de l'originalité, trouvons avec un partenaire les moyens de partir sur un projet lourd, avec un investissement conséquent, une duration importante, un retour sur investissement qu'il faudra regarder, une professionnalisation de la structure. Devenons investisseur social, on remplira notre objet social, notre objet d'investisseur, et on créera peut-être un modèle économique qui permettra au monde associatif de ne pas devoir toujours tendre la main. >> Alors, est-ce qu'il y a d'autres formes de partenariat avec les entreprises? Alors, traditionnellement, la fondation a un secteur mécénat, et donc sur les 40 millions d'euros qu'elle reçoit chaque année, il y en a une petite partie qui vient effectivement des entreprises. Donc, qui, je ne vais pas citer ici les mécènes de la fondation, mais qui est, soit sous des formes de proportion de chiffre d'affaires. Par exemple c'est un grand groupe de distribution qui, à chaque fois qu'un client passe dans les caisses, a un compteur qui donne les subventions à la fondation. Ou c'est un grand groupe de distribution électrique qui, effectivement, permet à la fondation de conduire une action sur l'isolation et la lutte contre la précarité énergétique. C'est ce style partenariat. >> Moi je ne pourrais pas parler des autres, je ne peux parler que de nous. Effectivement, on est très présent dans le mécénat, les démarches socialement responsables sont, j'espère, légions. Je prends un exemple, AG2R LA MONDIALE, je ne l'ai pas dit tout à l'heure, mais, j'espère que le spectateur, tous les étudiants ou les gens en activité réagiront, qu'ils aiment ou qu'ils aiment pas le vélo. AG2R LA MONDIALE, c'est aussi une équipe cycliste, je n'ai pas dit, c'est avant tout une équipe cycliste. Mais c'est aussi une équipe cycliste. Et il se trouve que, voilà, on a noué un partenariat avec l'Institut Pasteur, assez classique, avec, avec une, un programme qui s'appelait, vivons vélo, qui s'appelle toujours, vivons vélo, de plus en plus utilisé parce que maintenant on a une application digitale, smartphone ou androïd, et que pour chaque kilomètre fait, ou par les cyclistes professionnels, ou par les moins professionnels, ou les coureurs du dimanche, et peut-être demain les utilisateurs de vélib, à Paris, à Lyon ou ailleurs, on met des sous dans la machine. Donc on a cette forme de partenariat, entreprise secteur associatif, qui n'a rien d'original au fond. Alors que ce qu'on a fait est, à ma connaissance, unique. Et la dimension que prend le projet, avec la Solifap, avec ce bébé, est, à mon avis, unique. Très ambitieux dans l'objet, et c'est une vraie entreprise, et j'espère que ce modèle va nourrir d'autres ambitions et d'autres projets. [MUSIQUE] [MUSIQUE]