[MUSIQUE] [MUSIQUE] Arrêtons-nous un instant sur les différentes formes que peuvent prendre ces alliances. Nous les avons déjà mentionnées : il s'agit du mécénat, des pratiques responsables, de la coopération économique, et de l'innovation sociétale, qui sont les quatre catégories mentionnées et présentées par Charles-Benoît Heidsieck dans sa séquence. Nous commençons par la forme de partenariat la plus connue : le mécénat d'entreprise. On le définit souvent comme un soutien financier, humain ou matériel apporté, sans contrepartie directe, par une entreprise à une action ou une structure d'intérêt général. 60 % des sommes versées par l'entreprise dans le cadre du mécénat sont déductibles de l'impôt sur les sociétés, dans le cadre de la loi du 1er août 2003. Il n'existe donc pas un type unique de mécénat mais bien plusieurs : le mécénat financier, où l'entreprise fait un don à l'association pour financer certaines de ses activités ou ses frais opérationnels ; le mécénat matériel, appelé également don en nature, il s'agit, par exemple, de l'entreprise iii qui va couvrir gratuitement les besoins en levure de l'association Les jeunes boulangers en insertion, qu'elle soutient. Il peut également s'agir, c'est la troisième catégorie, de mécénat logistique : ainsi, certaines entreprises mettent leurs locaux gratuitement à disposition de l'association, ce qui permet de réaliser une économie substantielle en termes de loyer. Enfin, dernière catégorie, le mécénat de compétences : lorsqu'une entreprise met ses collaborateurs à disposition de l'association, en général dans son cœur de métier. Certaines entreprises de conseil vont, par exemple, effectuer gratuitement une mission pour une association, en comptabilité, en audit, en stratégie. Deuxième grande catégorie de partenariat : les pratiques responsables. L'entreprise va ici aller chercher l'expertise de l'association afin d'avoir des pratiques plus responsables, dans le domaine environnemental ou dans le domaine social, par exemple : mieux intégrer les personnes handicapées au sein de l'entreprise, ou, pour illustrer les choses, mettre en place une politique d'achat responsable. L'association est ainsi un véritable soutien, un expert, dans la conduite du changement de l'entreprise. Pour illustrer cette catégorie, nous pouvons prendre l'exemple de Sati, une PME alsacienne de torréfaction, qui a modifié sa gestion des déchets de café, avec une association d'insertion locale, Les Jardins de la Montagne Verte, qui s'en sert comme engrais pour son activité. Viennent ensuite deux types de partenariat plus novateurs, plus complexes, et sur lesquels nous allons plus particulièrement mettre l'accent dans ce MOOC : la coopération économique et l'innovation sociétale. La coopération économique, pour commencer, est encore émergente en France. Elle signifie soit que chaque partenaire contribue à l'offre de l'autre, soit qu'ils élaborent ensemble une offre commune ; c'est le cas de Restoria et de l'ADAPEI 49, qui se sont alliées pour créer une entreprise commune, Poivre et Sel, que vous avez pu découvrir dans nos fils rouges. Les clauses sociales ou environnementales du Code des marchés publics sont un autre exemple de coopération économique. Cela signifie que les pouvoirs publics, lorsqu'ils effectuent une commande publique, comme celle nécessaire pour la construction d'un bâtiment, peuvent introduire une clause qui va conditionner l'attribution des marchés en fonction de critères qui seront liés à l'environnement ou, par exemple, à la lutte contre l'exclusion. Il y a donc coopération économique entre les pouvoirs publics et une entreprise d'insertion, par exemple lorsque les collectivités choisissent cette dernière pour réaliser leur commande. Vous verrez dans le troisième épisode de ce MOOC un exemple au plan international de coopération économique, avec le partenariat entre l'ONG DNDi et Sanofi qui a permis à ces deux entités de développer et de mettre ensemble sur le marché un nouvel anti-paludique. Enfin, la quatrième et dernière forme de partenariat est l'innovation sociétale. Ce modèle radicalement novateur peut se définir comme un dispositif d'investissement de fonds privés dans des projets présentant nécessairement trois caractéristiques : Un, ils sont portés par une structure d'intérêt général ; deux, ils possèdent un caractère innovant à très forte utilité sociale ; trois, ils se situent à l'étape charnière du changement d'échelle. Concrètement, cela signifie qu'entreprises et associations vont s'allier dans une véritable démarche de R&D sociétale, recherche et développement sociétale ; elles vont s'allier ensemble et elles vont co-construire une réponse innovante à un besoin social ou environnemental, en se fondant sur la connaissance de terrain de l'association et sur les capacités de déploiement et d'industrialisation de l'entreprise. Cette synergie permet donc de co-construire des solutions et de diffuser à grande échelle les produits ou services adaptés. On appelle une entreprise engagée dans ce processus un investisseur sociétal. Il ne s'agit pas, en effet, de mécénat car l'entreprise attend un réel retour sur son engagement. Ce retour n'est pas nécessairement financier, sauf s'il y a eu investissement financier bien sûr, mais ce retour s'exprime surtout en termes de compétences partagées et en termes d'expertise acquise. Dans le cas de Renault et Wimoov, un de nos trois fils rouges, Renault ne savait pas comment atteindre les personnes n'ayant pas de véhicule ou n'ayant pas les moyens de se rendre dans leur garage. Une solution a été trouvée grâce au partenariat avec Wimoov et la création des Garages Renault Solidaires. L'innovation sociétale permet donc de passer de pratiques de subventions à des pratiques et à des approches de co-construction, d'une logique de solidarité à une logique de coopération. Il ne s'agit cependant pas d'établir une hiérarchie entre ces 4 grandes catégories de partenariat que sont le mécénat, les pratiques responsables, la coopération économique, et l'innovation sociétale. Notre objectif ici est uniquement de vous présenter la richesse et la diversité qu'englobe le mot partenariat. À chacun ensuite de choisir le partenariat qui lui correspond, en fonction des objectifs et de la maturité respective des partenaires. Dans la troisième partie de ce MOOC, Charles-Benoît Heidsieck a lui aussi souligné dans son témoignage que ces quatre grands types de partenariat n'ont pas émergé de façon concomitante, et que certaines de ces formes de partenariat ne se sont développées que très récemment. Ainsi, le mécénat est la pratique la plus ancienne car elle est souvent liée à la figure d'entrepreneur philanthrope ; la Fondation Ophtalmologique Adolphe de Rothschild, par exemple, a plus de 100 ans d'existence. Il y a 10 ans, ont commencé à se développer les pratiques responsables, au travers de la mise en place d'une stratégie RSE, responsabilité sociétale de l'entreprise, dans la plupart des grandes entreprises, mais aujourd'hui aussi dans les PME ; ainsi le groupe cimentier Lafarge a-t-il noué, dès 2000, un partenariat mondial avec le WWF. Ce partenariat visait à la fois l'amélioration de la politique environnementale de Lafarge, le développement du programme Forests Reborn du WWF et la sensibilisation du plus grand nombre aux enjeux de la préservation de la biodiversité. Ce mouvement s'est accéléré grâce au Grenelle de l'environnement, en 2007, puis le Grenelle de l'insertion, en 2008. Ces rencontres politiques ont rassemblé des acteurs issus de secteurs très variés et ont permis de mettre en avant l'expertise des associations quant aux problématiques d'intérêt général sociales ou environnementales. Enfin, à partir des années 2010-2012, c'est la troisième ère des partenariats. L'ampleur de la crise engendre une prise de conscience quant la nécessité de mobiliser l'ensemble des parties prenantes, au travers d'alliances novatrices, pour relever les défis sociétaux. C'est là que se développent ou émergent de nouvelles pratiques, comme la coopération économique ou l'innovation sociétale. [AUDIO_VIDE] [AUDIO_VIDE]