[MUSIQUE] [MUSIQUE] Pour pouvoir analyser les objectifs, les résultats et le contenu du partenariat, il faut bien sûr se munir des outils nécessaires à la conduite de cette évaluation. Pour cela, il faut définir, dans un premier temps, des indicateurs pertinents, à la fois quantitatifs, le nombre de bénéficiaires touchés par le partenariat, par exemple, mais aussi qualitatifs, comme l'évolution du bien-être des bénéficiaires avant et après le programme. La définition de ces indicateurs est un exercice délicat, tant du point de vue de leur quantité que de leur qualité. En effet, il est évident que ces indicateurs doivent être multiples pour rendre compte des différents aspects du partenariat, mais s'ils sont trop nombreux, le risque est que le temps et les ressources humaines manquent pour les collecter, puis pour les analyser et, enfin, pour les utiliser. Au plan de la qualité ensuite, ces indicateurs doivent être facilement compréhensibles. Attention, donc, à ne pas créer une usine à gaz au risque de mettre de côté l'évaluation du partenariat car elle serait trop complexe et donc trop difficile à mener. En effet, une évaluation doit d'abord et avant tout être utile aux différents acteurs. Une fois ces indicateurs définis, il convient de préciser les modalités de collecte des données : à qui appartient-il de les fournir? Nous avons vu, avec l'exemple de Renault et Wimoov qu'il peut être intéressant de croiser les données recueillies par l'entreprise avec celles recueillies par l'association. Autre question : comment ces informations vont-elles ensuite être compilées et suivies? Pour structurer cette démarche évaluative, il peut être intéressant de poser un cadre écrit qui comprendra le rappel de l'ambition du projet en termes d'utilité sociale et les indicateurs choisis pour évaluer cette utilité sociale, la définition des objectifs stratégiques des partenaires et les indicateurs choisis pour évaluer l'atteinte de ces objectifs, la description des moyens et des actions du partenariat et les résultats attendus, et enfin, les engagements pris par les partenaires quant au pilotage de leur partenariat, en termes de rapports d'activité par exemple. Vous vous dites certainement que cette démarche paraît bien complexe et bien lourde, et qu'elle représente une charge supplémentaire dans le partenariat. En effet, mener une évaluation demande de mobiliser des ressources, notamment financières. C'est la raison pour laquelle il est essentiel de définir, dès le début, les ressources nécessaires à la conduite de cette évaluation, afin que, dès le début du partenariat, les choses soient également posées. Malgré tout, entreprises comme associations sont unanimes quant aux bénéfices de cet exercice. Il permet d'avoir des éléments concrets pour encourager le dialogue entre les partenaires, de piloter plus efficacement le partenariat, d'améliorer les pratiques internes des deux structures, et surtout, de valoriser ce formidable effort commun, notamment auprès de leurs collaborateurs, en interne. Pour lever les freins liés à la mise en œuvre de cette démarche évaluative, n'hésitez pas à vous outiller et à vous faire accompagner. Il existe pour cela un certain nombre de ressources gratuites, comme le référentiel du RAMEAU sur l'évaluation de l'utilité sociétale des partenariats associations-entreprises, ou encore le guide de l'auto-évaluation de l'utilité sociale de l'Avise, que vous trouverez dans les ressources complémentaires de cet épisode, et, bien sûr, les travaux sur la mesure de l'impact social, notamment dans le secteur de l'insertion par l'activité économique, menés par la chaire Entrepreneuriat Social de l'ESSEC, et qui sont accessibles sur notre site. Vous pouvez également choisir d'externaliser cette évaluation en la faisant réaliser par des experts spécialisés, comme ceux de KiMSO qui sont des experts associés de la chaire Entrepreneuriat Social de l'ESSEC, ou encore de faire monter en compétences certains de vos collaborateurs sur ce sujet. L'ESSEC propose pour cela un cycle de formation à la mesure de l'impact social, une sorte de formation action. Si ces questions de mesure de l'impact social vous intéressent, vous pouvez approfondir le point en suivant le quatrième module de mon MOOC sur le Business Plan Social, Changer le monde Passons à l'action, actuellement en ligne sur Coursera. Nous touchons maintenant à la fin de ce MOOC sur les partenariats qui changent le monde. Nous espérons que vous avez été inspirés par les témoignages de ces entreprises, de ces associations, de ces experts qui, malgré des expériences et des points de vue très variés, soulignent tous à quel point ces partenariats, et en particulier les alliances innovantes, comme la co-construction, ont eu un impact fort sur leur structure, et surtout un impact positif sur la société, bien plus large que si ces acteurs avaient mené leur programme seuls et individuellement. Il faut savoir qu'aujourd'hui 21 % des entreprises, toutes tailles confondues, développent déjà des partenariats avec des associations ; 79 % de ces partenariats ont moins de 5 ans. Il s'agit donc d'un mouvement récent, mais puissant, et qui est appelé à s'amplifier au vu de la réussite de ces alliances innovantes. Bien sûr, le passage à l'acte reste difficile en raison de la persistance de certains clivages entre ces deux mondes et de l'absence de cadre juridique pour formaliser ces partenariats innovants, notamment ceux du type investisseur sociétal. L'articulation de ces partenariats avec les politiques publiques reste également, en grande partie, à définir et à imaginer. Enfin, la question se pose en ce qui concerne le modèle d'investisseur sociétal, de la sortie de ces investisseurs. Leur investissement se fait sur des durées longues, mais qui restent forcément limitées. Alors, comment transformer leur soutien une fois le projet arrivé à terme? Comment d'autres investisseurs et partenaires publics ou privés peuvent-ils prendre le relais? Les réponses viendront des pionniers qui ont eu le courage de s'engager dans cette formidable aventure. Malgré tout, cette nouvelle dynamique d'alliances entre secteur privé lucratif et secteur d'intérêt général est indéniable. Le climat d'indifférence, voire de défiance, qui régnait entre ces deux mondes a progressivement laissé la place à un espace de dialogue et de coopération, ainsi que le soulignait Charles-Benoît Heidsieck le 9 juin 2015, lors du lancement du référentiel : Modèle d'investisseur sociétal. Vous savez maintenant quelles formes peuvent prendre ces partenariats, quels sont leurs enjeux, leurs objectifs, comment les construire, et enfin comment en évaluer l'utilité. Alors, la grande question c'est : aurez-vous l'audace de vous joindre à ce mouvement? Eh bien, nous l'espérons. Car, face à l'ampleur des défis sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes collectivement confrontés, il est certain que la puissance économique des entreprises seules ou la mobilisation unique des associations ne seront pas suffisantes. Mais si ces deux mondes partagent leurs expertises et unissent leurs forces pour le bien commun, alors, certainement, ces partenariats peuvent changer le monde. [AUDIO_VIDE]