[MUSIQUE] >> Pour cette 4e rencontre avec Claude TARALL, président de la CARAC, après avoir posé les grandes dates du développement de la CARAC, précisé ce qui était les spécificités mutualistes et enfin illustré l'engagement sociétal de la CARAC, Claude quels sont les grands défis aujourd'hui auxquels la CARAC est confrontée? >> Le premier défi que nous avons à relever, il est dû à la nature de notre sociétariat. Puisque vous l'avez compris, nous avons encore aujourd'hui une moitié de nos adhérents qui sont des anciens combattants et qui sont âgés, donc nous avons finalement à relever le défi de leur remplacement progressif. Puisque cette population va quand même inéluctablement s'amenuiser. Ça implique ça, bien entendu, que nous nous tournions plus vers une population jeune. Et là nous avons en fait, avec les jeunes, deux choses : d'abord il faut que nous nous adaptions aux besoins et à la, comment dirais-je, au mode de vie d'une population plus jeune, que nous répondions à leurs besoins qui sont forcément pas les mêmes, la société évolue, et puis nous devons aussi nous doter des moyens d'intéresser les jeunes à la gouvernance de la CARAC, parce que ça c'est très important. Si nous voulons continuer à être une mutuelle, il faut que nous ayons effectivement une gouvernance d'élus, que ce soit des délégués de nos adhérents ou que ce soit des administrateurs, il faut qu'ils continuent à représenter la population et là c'est assez difficile, mais nous ne sommes pas les mêmes à être confrontés à ce problème aujourd'hui. C'est assez difficile de faire venir de jeunes actifs, de leur faire prendre des responsabilités. >> Vous n'êtes pas les seuls comme vous le disiez il y a un instant, quels sont, quelle est la recette CARAC pour attirer les jeunes? >> Aujourd'hui, je dois bien avouer qu'on n'a pas véritablement trouvé de recette. Chaque fois que nous avons des élections, et ça va être le cas en 2018, nous améliorons, si vous voulez, le mécanisme, nous faisons en sorte de mettre en valeur les atouts de la CARAC, le fait qu'elle soit une mutuelle, une vraie mutuelle. Parce qu'il est vrai que si on réfléchit un petit peu, le mutualisme a véritablement de quoi attirer les jeunes. Normalement, si vous voulez, tout devrait bien se passer. Mais j'y vois moi deux ou trois conditions, c'est-à-dire qu'il faut que les mutuelles, effectivement, s'appliquent à elles-mêmes, et c'est le cas de la CARAC jusqu'à présent, s'appliquent à elles-mêmes leurs principes fondateurs. Il faut qu'il y ait une véritable démocratie dans la gouvernance, il faut qu'il y ait une véritable équité entre les adhérents, qu'il n'y ait pas de favoritisme. On ne fait pas de coups si vous voulez, nous on ne fait pas 3 mois gratuits, si vous voulez, pour lancer un produit. Donc il y a un certain nombre de caractéristiques comme ça, il y a une solidarité aussi, qui est une des valeurs de la mutualité. Donc si la mutualité s'applique, normalement les jeunes devraient être attirés. C'est ce que nous essayons, nous, de mettre en avant. >> Alors, le maintien du sociétariat, le rajeunissement de la gouvernance, un troisième défi? >> Alors il y a un autre défi qui est celui de la, comment pourrais-je appeler ça, de la retraite collective qui se profile un petit peu, si vous voulez, dont il sera certainement question, peut-être même au cours de ce quinquennat, donc face à la, comment dirais-je, un peu à la faillite du système de retraite par répartition, donc il est évident qu'il y aura sans doute des choses qui vont se mettre en place. Alors, on pourrait penser que s'il y a mise en place d'une retraite, appelons-la supplémentaire, collective si vous voulez, on pourrait, nous qui nous n'avons que des, qui ne distribuons que des contrats individuels, on pourrait être, on pourrait se trouver gêné. En réalité, quand on regarde un peu et si on prend l'exemple de l'accord national interprofessionnel qui s'est appliqué à la complémentaire santé, on s'aperçoit quand même qu'il y a, me semble-t-il, une place, quand même, pour les contrats individuels, justement en vraie retraite supplémentaire, c'est-à-dire au-delà de ce que propose la collectivité. Il y a aussi après une question qu'on se pose aussi, qui est pour nous, restés longtemps autonomes comme nous le sommes aujourd'hui, puisque vous savez que nous n'appartenons à aucun groupe, pour l'instant. C'est vrai que aujourd'hui les choses changent. Le modèle économique qui a toujours été le nôtre est pour le moins vacillant. Enfin, quand je dis le nôtre, c'est celui de l'ensemble de l'assurance si vous voulez, même de la banque, est vacillant aujourd'hui. Par ailleurs, la réglementation devient de plus en plus exigeante et de plus en plus chère, même si on sait bien et on l'admet volontiers qu'elle est faite avant tout pour protéger effectivement l'adhérent, l'épargnant. Donc je ne sais pas. Alors, pour l'instant, c'est vrai que tous ces, comment dirais-je, j'estime moi, mais c'est mon avis à moi, qu'aujourd'hui dans les grands groupes mutualistes qui se sont créés, les grands groupes polyvalents comme je les appelle un petit peu, il me semble assez difficile de trouver notre place, de trouver une place en tout cas qui respecte véritablement ces exigences mutualistes qu'on s'impose. L'exigence véritablement de démocratie, de rigueur, d'éthique, de solidarité, ce que je décrivais juste avant. Alors, aujourd'hui, moi, je considère qu'on devrait plutôt se tourner vers les organismes qui nous ressemblent, en fait qui font un peu la même chose que nous même si on a été longtemps concurrents. La France Mutualiste, par exemple, qui est nos cousins, concurrents et néanmoins amis si vous voulez. Donc, essayer de voir avec eux ceux qui font ce métier parce que on tient à continuer à faire ce métier dans les mêmes conditions, c'est-à-dire pouvoir effectivement conseiller les gens. Or aujourd'hui, dans les grands groupes mutualistes, on a du mal à comprendre qu'il faille une heure ou deux heures, passer une heure ou deux heures avec quelqu'un pour lui expliquer, avec une personne, un prospect, pour lui expliquer à quoi il s'engage véritablement en contractant un produit d'épargne ou de rente. Donc ça on y tient beaucoup nous, beaucoup. Et on a du mal à le trouver dans les grands groupes mutualistes, si performants et si accueillants soient-ils. Donc on se tourne plutôt vers les gens qui nous ressemblent, qui font la même chose que nous, en espérant bâtir avec eux, d'abord rassembler nos forces; parce que aujourd'hui la réglementation, je le disais tout à l'heure, est coûteuse et nous oblige à acquérir des expertises qui sont difficiles à acquérir, qui sont rares et donc chères, donc peut-être de partager des moyens avec eux. Et ensuite bâtir ensemble ce que moi j'appelle la prévoyance de demain, c'est-à-dire pouvoir offrir au plus grand nombre possible une épargne qui soit à la fois performante et intègre. [MUSIQUE]