[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Thibaut Guilluy, j'ai 42 ans, je suis le directeur général d'Ares. Ares est une association qui a pour seule et unique vocation de permettre à des personnes en situation vulnérable de remettre le pied à l'étrier par le travail, et pour ça, on crée des entreprises sociales dans le domaine de la logistique, du digital et de l'économie circulaire. Les entreprises tremplins sont l'occasion de proposer un contrat de travail à des personnes qui n'ont pas travaillé depuis parfois assez longtemps pour leur permettre de développer leur potentiel, leurs compétences. Donc on les accompagne pour régler évidemment les problèmes sociaux qu'ils peuvent avoir, logement, endettement, santé, et progressivement de les aider à voler de leurs propres ailes puisque l'objectif, c'est évidemment qu'au bout d'un ou deux ans ils puissent retrouver un emploi dans une entreprise classique. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Le modèle économique, c'est assez simple, c'est le modèle d'abord d'une entreprise. On vit de nos clients. Ça peut varier d'une entreprise à une autre mais on va dire que ça varie de 50 à 90 % de nos projets d'exploitations sont du chiffre d'affaires, sont le fruit de nos prestations. Et puis on est agréés par l'État et soutenus parfois par des collectivités publiques et des acteurs publics pour prendre en charge finalement le surcoût social inhérent à notre mission, recruter des personnes en difficulté le surencadrement, l'investissement que nous faisons dans l'accompagnement social et puis dans la formation de nos collaborateurs en parcours pour que ils puissent avoir toutes les ressources nécessaires pour nous quitter dans les meilleures conditions possibles. [MUSIQUE] [MUSIQUE] On a 900 collaborateurs. On en a près de 700 qui sont des collaborateurs en parcours d'insertion ou qui sont en même temps les bénéficiaires de l'action, donc qui sont aussi des conributeurs à la réussite de l'entreprise, à la capacité à apporter les services demandés par les clients, et puis près de 200 permanents. Ces 200 permanents, c'est d'abord des encadrants, des personnes qui sont sur le terrain pour tant organiser la production, organiser la production dans une dimension aussi très pédagogique, puisque la particularité d'une entreprise tremplin c'est qu'on recrute sur la volonté mais par forcément sur les compétences en tout cas au départ. Donc il faut qu'on ait une grande capacité intégrative et de développement des compétences au fur et à mesure du passage dans Ares. Ensuite, on a les chargés d'accompagnement socio-professionnels. C'est ces personnes qui vont être des travailleurs sociaux, même s'ils viennent de plein d'horizons différents, on aime bien la diversité dans les expériences et dans les approches, mais qui vont être en accompagnement pendant le parcours de nos collaborateurs. Et puis ensuite, on a des personnes aux fonctions partagées. Puisque le choix qu'on a fait, c'est finalement, plutôt que d'être dans la solitude de chaque entrepreneur, de se mettre en commun pour avoir plus d'impact vis-à-vis de notre mission, et puis en même temps pouvoir mutualiser aussi un certain nombre de fonctions, fonctions un peu classiques d'un groupe, commerciales, finances etc., mais aussi surtout ce qui est ingénierie sociale d'accompagnement socio-professionnel et d'innovation, puisque Ares dans son ADN est vraiment un groupe dont la vocation est d'abord d'inventer des solutions les plus adaptées pour des personnes qui sont en souffrance aujourd'hui. [MUSIQUE] Agir contre l'exclusion, c'est forcément une action qui se fait avec une grande multitude d'acteurs. La coopération, c'est vraiment quasiment un principe d'action de base pour Ares. Ça s'exprime d'abord dans les parcours d'accompagnement socio-professionnel pour accompagner les salariés en insertion. Il y a tellement de problématiques auxquelles on est confrontés qu'on va travailler avec des centaines de structures, d'associations, les services publics de l'emploi ou les organismes de formation etc., pour pouvoir tisser, c'est un peu un travail dans la dentelle, aider chaque personne à construire son parcours d'insertion et puis à trouver des solutions à ces problèmes, à ces enjeux qui sont adaptés. le deuxième élément de collaboration c'est que finalement, on est des organisations hybrides, puisqu'on vit, certes, de notre chiffre d'affaires, mais on est aussi dans une forme de service public dans la lutte contre l'exclusion, dans l'aide à la recherche d'emploi, la réinsertion. Et donc on va travailler en premier lieu évidemment avec les services du ministère du travail avec lesquels on est agréés et qui nous apportent des subsides pour prendre en charge le projet social, mais aussi évidemment tous les partenaires dans le territoire et tous les pouvoirs publics qui ont vocation à essayer de bâtir une économie inclusive. Et puis enfin, le partenariat, et j'ai envie de dire presque sur tout le partenariat avec l'entreprise, qui est ADNique chez Ares où on a toujours été convaincus que lutter contre l'exclusion, c'était forcément embarquer l'entreprise avec nous. Ça se fait à plusieurs niveaux. Le premier c'est d'abord la relation client-fournisseur. La deuxième chose c'est qu'on est un tremplin vers l'emploi, l'emploi est dans l'entreprise, donc je ne vous fais pas de dessin. L'objectif c'est de créer des passerelles RH. Et puis ensuite, le troisième aspect, il est plutôt dans le mécennat au sens large. On n'a pas besoin des entreprises pour nous permettre d'équilibrer les comptes, par contre pour pouvoir innover, développer des nouvelles entreprises, développer des nouveaux services, là, le mécennat d'entreprise, et plus encore le mécennat de compétences et la capacité d'engagement des entreprises peut être utile. Une des formes les plus abouties c'est la joint-venture sociale qu'on a inventée il y a quelques années et qui est finalement de mettre en commun le savoir-faire social d'une association comme Ares dans sa finalité et le savoir-faire métier et l'image un petit peu commerciale d'une grande entreprise. [MUSIQUE] Les principales difficultés qu'on a pu rencontrer au début, et notamment dans ces mariages entre les joint-ventures sociales avec des grandes entreprises, il a fallu apprendre un langage commun, à se comprendre, à se respecter et à être convaincus qu'en faisant l'effort de comprendre et d'intégrer le point de vue de l'autre, ça nous tirait vers le haut. Et très franchement, je pense que si Ares, on est aujourd'hui là où nous en sommes, c'est beaucoup, beaucoup nourri par le fruit de cette expérience. Même si parfois elle a pu être un peu douloureuse parce que nourrie par certaines incompréhensions parce que forcément on ne vient pas du même monde. S'il y avait à retenir quelques principes, et je ne suis pas sûr de tous les avoir en tête, le premier auquel je suis très attentif c'est est-ce que l'intention, le projet, la vision, l'objectif est clair, explicite et partagé? Qu'est-ce qu'on veut faire ensemble et à quoi on veut aboutir, avec une cible qui est plutôt de l'ordre d'une cible de cinq, voire même plutôt dix ans. Ensuite, la deuxième chose c'est quels sont les intérêts que chacun va trouver et qu'est-ce que chacun en attend. Être transparent sur les intérêts de chacun, c'est important pour ensuite organiser une gouvernance qui va permettre d'aligner les intérêts et de prendre en compte les attentes de chacun. Et puis la troisième chose c'est quand même sans non plus s'enfermer parce que vous savez, un business plan, ça ne se passe jamais comme on l'a prévu, mais prendre vraiment le temps d'élaborer un business plan économique et social avec ses partenaires, c'est l'occasion finalement de se poser des questions dans le détail de comment on imagine l'avenir. Et même si l'avenir sera un peu différent de de qu'on avait prévu, en tout cas, ça nous aura permis de mieux nous comprendre, d'aligner nos intérêts et puis de commencer à construire un dialogue commun.