[MUSIQUE] Comme nous l'avons vu dans les trois modules précédents, la démarche de diversification peut s'effectuer de multiples manières et il n'est pas toujours évident pour une association de déterminer par où commencer, puis de savoir quel chemin emprunter. C'est pourquoi de nombreux dispositifs d'accompagnement se sont développés pour favoriser la réflexion sur les modèles économiques associatifs puis leur évolution. Ainsi, si des acteurs comme Môm'artre ont adopté, dès leur création, le réflexe de se faire régulièrement accompagner sur de multiples enjeux de compétences et de gestion, d'autres associations ont sollicité des accompagnements à des moments plus charnières et, on va dire, plus ponctuels. C'est le cas de l'AFM-Téléthon qui, à l'origine, association de malades et de proches de malades, a choisi de s'engager dans la recherche et la commercialisation de médicaments. Elle a eu besoin d'un accompagnement pour l'aider à se positionner en tant qu'acteur non lucratif de ce secteur, dans une position très atypique ; Vitamine T, elle aussi, s'est faite accompagner dans son changement d'échelle. Précisons que les accompagnements peuvent être plus techniques. On peut, par exemple, citer l'AFM-Téléthon qui a mobilisé des accompagnements techniques, par exemple sur la fiscalité, afin d'appréhender bien spécifiquement ce que rendre compte signifiait en termes de démarche de processus et de rendu. Il est à noter que les besoins d'accompagnement ont beaucoup évolué, comme le souligne Laurence Jones, de PIE, Paris Initiative Entreprise, le brouillage des frontières entre l'entreprise lucrative et les associations avec la création de labels, comme le label ESUS, ont parfois déstabilisé certaines associations dans leur rôle d'acteurs d'intérêt général ; d'où une demande d'accompagnement, non seulement en hausse, mais aussi de plus en plus exigeante et de plus en plus en profondeur. Et pour aller plus loin, l'accompagnement ne doit pas se faire uniquement au sein des associations mais aussi à l'échelle des têtes de réseaux qui, comme le rappelle Caroline Germain, de l'ADASI, sont des acteurs clés pour animer les réseaux et conduire et stimuler l'innovation à chaque niveau de territoire. Pour répondre à ces différents besoins d'accompagnement, il existe de nombreuses solutions ; tout d'abord, les réseaux et les pairs qui sont d'une grande richesse pour éclairer son propre parcours, comme nous l'explique Chantal Mainguené. À ce titre, Denis Dementhon, directeur général de France Active, et Caroline Germain, directrice de l'ADASI, rappellent le rôle essentiel des fédérations associatives pour écouter, observer et accompagner leurs membres dans leur réflexion et leurs actions sur leur modèle économique. Ensuite, les associations peuvent faire appel à des cabinets de conseil classiques, comme l'ont fait Vitamine T ou Môm'artre, ou encore à des acteurs, comme les syndicats employeurs, comme le mentionne Caroline Germain. En complément de ces options, le territoire est aujourd'hui maillé de dispositifs divers. On retrouve des acteurs comme Paris Initiative Entreprise, qui accompagne des acteurs de l'économie sociale et solidaire, dont les associations, sur leur structure financière, ou encore France Active, qui souhaite accompagner l'entrepreneuriat associatif à travers une multitude de programmes à l'échelle nationale, notamment à travers des accompagnements collectifs. L'Avise, elle, a développé ces dispositifs locaux d'accompagnement, DLA, dont nous parle Cécile Leclair. Ces DLA sont proposés dans les territoires directement aux associations pour les aider dans le diagnostic puis la construction de leur modèle. Pour prolonger ce dernier point en présentant une vision d'ensemble, tous les acteurs de l'accompagnement sont en train de se saisir de ces questions de modèle économique associatif et tendent à élargir leurs dispositifs pour créer des synergies, comme le souligne Caroline Germain. Les DLA, qui mobilisent de nombreux acteurs différents, accompagnateurs de l'Avise, consultants extérieurs, pour construire des parcours sur mesure à l'attention des associations, en sont une bonne illustration. Mais face à ce foisonnement et à la richesse et à la diversité des dispositifs existants, on est en droit de se poser la question de la lisibilité de l'offre d'accompagnement en termes d'identification des possibles puis de choix de la meilleure solution pour les dirigeants des associations. Pour répondre à l'enjeu de l'identification, de nombreuses cartographies existent, dont celle établie par l'Avise. Et selon Laurence Jones, il faut plutôt se réjouir de cette abondance plutôt que la blâmer ou la regretter. Pour ce qui est du choix de l'accompagnement le plus adapté, qui reste le point crucial, Denis Dementhon, le directeur général de France Active, recommande également une meilleure articulation entre des dispositifs, comme le DLA, et ce que peuvent proposer les réseaux associatifs afin de construire des parcours complets. PIE recommande, pour sa part, de raisonner en termes d'écosystème, pour sélectionner l'écosystème auquel l'association souhaite appartenir avant de creuser les dispositifs précis qui s'inscrivent dans cet écosystème. De son côté, l'Avise a développé le Hub ESS, plateforme qui permet de faire correspondre des associations avec des accompagnements adaptés en fonction des critères de chaque accompagnement. Quel que soit l'accompagnement sollicité, les enjeux et points de vigilance sont nombreux. Tout d'abord, comme le souligne Chantal Mainguené, l'un des défis majeurs est bien sûr d'identifier le bon accompagnement au bon moment, mais surtout de ne pas se disperser ni solliciter trop d'accompagnements à la fois. Ensuite, une fois l'accompagnement sélectionné et validé, il s'agit d'embarquer l'ensemble des parties prenantes internes et externes, comme nous le rappellent Laurence Tiennot-Herment et Cécile Leclair. Le contenu et le résultat de l'accompagnement deviennent alors clés ; en effet, Denis Dementhon souligne l'importance de ne pas aboutir à des solutions toutes faites et de plutôt donner les moyens de la décision aux dirigeants de l'association, car ce qui est capital, c'est que l'association, c'est-à-dire toutes les équipes qui la constituent, puisse s'approprier les solutions qui seront choisies. En outre, André Dupon insiste sur le rôle que peut jouer l'évaluation dans l'accompagnement et dont les associations ne doivent surtout pas avoir peur pour pleinement s'emparer des enjeux économiques de leur modèle. En effet, l'accompagnement est aussi là pour permettre à l'association de se reposer les bonnes questions et de bénéficier d'un regard critique, au-delà des bonnes intentions de ses dirigeants, et ainsi évaluer la pertinence de son action et son adéquation au projet associatif. Enfin, l'accompagnement n'est réellement efficace que si son impact se fait dans la durée ; et à ce titre-là, Chantal Mainguené nous invite à cultiver la culture de l'accompagnement afin que toute l'équipe s'engage dans ses processus. Laurence Jones, elle, décrit la nécessité de mettre en place des systèmes de contrôle, surtout lorsque l'association a bénéficié d'un accompagnement financier, afin de s'assurer que l'association est bien solvable et donc que ses projets pourront être portés à terme.