[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'appelle Marie Trellu-Kane. Je suis co-fondatrice et présidente exécutive d'Unis-cité. Unis-cité est l'association qui a inspiré le lancement du service civique en France. Depuis presque 25 ans nous mobilisons des jeunes entre 16 et 25 ans, du Bac-5 au Bac+5, des quartiers prioritaires comme des centres villes pendant six à neuf mois pour aider la société, faire des missions d'intérêt général ensemble et en équipe. Le modèle économique d'Unis-cité a évolué à travers les âges. Au tout début, au lancement d'Unis-cité, c'était 100 % de financements privés, de mécénat, de philanthropie. Et petit à petit, nous avons réussi à convaincre des collectivités locales, donc des mairies, des départements, des régions, d'être partenaires. Donc c'est devenu 50/50, 50 % privé, 50 % collectivités territoriales, subventions publiques. Et puis petit à petit, on a réussi à convaincre l'État de lancer le service civique et donc l'État s'est mis à financer 60 % du coût d'un jeune à Unis-cité. Donc là, le modèle économique par la force des choses a changé. 60 % État, 40 % autres. Et donc on a diversifié au sein de chaque catégorie, les profils. Donc dans les financements publics, il y a eu une évolution. On est passé dans les 20 % de financements publics, il y a eu une évolution. On est passé de subventions pures, financements de projets classiques à des partenariats, des programmes co-construits avec les collectivités locales où certaines vont même jusqu'à payer les 40 % qui manquent. Du côté des financements privés, on a continué et on a toujours des financements philanthropiques de mécénat, de fondations, de RSE d'entreprises, des choses comme ça. Mais on a aussi créé une filiale commerciale qui s'appelle Unis-cité Solidarité Entreprises. Et l'activité de cette entreprise c'est d'organiser des journées de solidarité pour les entreprises. Donc on organise clé en main, c'est un peu du team building solidaire. Donc ça c'est facturé, on a des staffs professionnels qui organisent cela et le bénéfice généré est versé à l'association. Donc ça fait partie des 20 % de financements privés qu'on a aujourd'hui. Il y a une partie mécénat on va dire, et une partie bénéfices générés par la filiale. Et la dernière diversification des financements privés, c'est qu'à l'instar de ce qu'on fait avec certaines collectivités locales ou même ministères, des programmes co-construits où le partenaire public paie « les 40 % qui manquent », on a des partenariats stratégiques avec certaines grandes entreprises qui sont plutôt des entreprises avec une mission de service public quand même. Par exemple Enedis qui finance tout un programme de volontaires de la transition énergétique où les jeunes pendant huit mois vont dans les quartiers prioritaires pour éduquer, accompagner les familles qui sont en précarité énergétique à l'adoption d'éco-gestes et notamment à la réduction de leur consommation énergétique, à l'utilisation des nouveaux compteurs numériques qui sont censés les aider à réguler leur consommation et à la checker. Voilà, c'est un partenariat stratégique entre une entreprise et Unis-cité dans le cadre duquel l'entreprise paie ce que l'État ne paie pas, à savoir l'encadrement et la formation des jeunes, les 40 %. On a aujourd'hui en plus de tout ce que je viens de dire une nouvelle activité. Dans le cadre du développement du service civique, Unis-cité a développé une activité à part de formation, conseil, accompagnement des acteurs, des associations, des collectivités qui veulent elles-mêmes accueillir des jeunes sans passer spécialement par nous. Donc là on a de la formation, du conseil. C'est un modèle économique de prestations de services où on fait payer la formation, on fait payer le conseil. On pourrait dire qu'Unis-cité est très dépendant des financements publics. 60 % des financements de l'État, ça génère une dépendance. Maintenant, ma conviction c'est que le service civique ça doit être un dispositif d'État complémentaire de l'Éducation Nationale. Donc oui, cette dépendance peut être vue en termes économiques pour Unis-cité, ce 60 % de financements de l'État comme une dépendance risquée. Maintenant notre projet à Unis-cité c'est quand même la promotion du service civique au-delà d'Unis-cité. Sur le reste, je trouve qu'on a un équilibre, c'est en ce sens-là que j'étais assez satisfaite, entre privé et public. Il y a quand même une diversité suffisante pour ne pas être complètement dépendant sur le reste d'acteurs. En revanche le fait d'avoir développé des partenariats stratégiques ou des programmes co-construits avec des collectivités, des ministères ou des entreprises, c'est vrai que sur ces programmes là, pour ces jeunes là il y a un risque plus important que quand les jeunes sont financés par dix acteurs. Évidemment c'est moins risqué s'il y en a un qui s'en va. Globalement je recommande à tout le monde d'avoir un modèle économique hybride, c'est-à-dire diversifier en soi parce que ça évite la dépendance à un financeur. Diversifier son modèle de financement c'est une source de richesses. C'est par pragmatisme nécessaire et c'est en plus souvent une source de richesses parce que travailler avec un acteur public ou travailler avec un acteur privé, ce n'est pas la même chose. Et ça amène à penser différemment, ça amène à raisonner différemment, ça amène à agir différemment, ça amène à rendre compte différemment. Et ça, c'est vachement important pour être pro, pour être efficace, pour être réactif, pour ne pas s'encroûter! Donc ça me parait très important d'avoir justement une diversité privé/public, je trouve que c'est aussi intéressant pour les mêmes raisons que ce que je viens de dire, parce que c'est des manières de fonctionner différentes. Et mon troisième conseil, ce serait je trouve, d'avoir au moins une ou deux ou trois activités génératrices de revenus. Donc des activités génératrices de revenus, elles génèrent des revenus, donc des bénéfices pour l'association que l'association affecte comme elle veut. Donc cette liberté là, c'est quand même précieux même si chez nous en termes de poids, c'est mineur. Donc je recommande d'avoir des activités génératrices de revenus. [MUSIQUE]