[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Denis Dementhon, je suis directeur genéral de France Active. France Active c'est une association avec un établissement financier ou des établissements financiers qui depuis 30 ans financent l'entrepreneuriat et l'économie sociale et solidaire. Et autour de ces établissements financiers, on a un réseau associatif de 42 associations territoriales qui couvrent l'ensemble du territoire français et qui sont au contact direct des entrepreneurs, des dirigeants associatifs, et qui préparent avec eux le montage des plans de financement, et qui bien sûr à côté du financement réalisent de l'accompagnement, du conseil et de la mise en réseau. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Depuis plusieurs années, on assiste effectivement, dans le champ de l'entrepreneuriat solidaire, à des mutations importantes, et notamment pour l'ensemble des modèles associatifs qui sont depuis longtemps constitués autour du but non lucratif qui ne se vivait pas il y a quelques années comme des entreprises et que nous on va considérer comme des entreprises. Des entreprises un peu différentes. Elles n'ont pas effectivement de but lucratif. Elles ont un projet d'utilité sociale au cœur de leur action. Pour autant, il faut que les dirigeants puissent se saisir de cet objet économique dans toutes ses dimensions et se vivent eux-mêmes comme des entrepreneurs associatifs, et donc acquièrent un certain nombre de compétences qui vont leur permettre de piloter cet objet un peu particulier qu'est leur association. Ça nécessite, au-delà de l'accompagnement financier qu'on peut faire, d'avoir autour de cet accompagnement financier et de ce financement, des démarches d'accompagnement qui vont porter sur une bonne appréhension par les dirigeants de leur stratégie de financement, une bonne appréciation par les dirigeants de leur propre modèle économique et de ses évolutions. Et donc ça, c'est du temps à passer. Ce sont des outils pédagogiques. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Et puis on a aujourd'hui des gens qui maîtrisent mieux leur besoin de financement et qui vont sortir progressivement d'une recherche de bouclage de leur budget, bien sûr ça reste une préoccupation importante, mais pour aller de plus en plus vers la recherche de solutions de consolidation de la structure financière, c'est-à-dire d'aller chercher du crédit quand on a besoin d'investir, d'aller consolider ses fonds propres. C'est aussi l'environnement extérieur qui pousse à ça. Les pouvoirs publics ont changé leur manière d'appréhender le monde associatif. On est de plus en plus dans des formes contractuelles de type marché public, de type appel à manifestation d'intérêt. Donc on rentre de plus en plus dans des mécanismes plus traditionnels de marché, qu'on le veuille ou non, et cette évolution-là fait que les dirigeants associatifs rentrent de plus en plus dans des logiques de structuration financière plus hybrides, avec cette nécessité d'avoir des modèles économiques un peu plus serrés, un petit peu mieux maîtrisés. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Les dirigeants associaifs ont une offre d'accompagnement aujourd'hui qui est constituée, qui est professionalisée, à leur disposition. Il ne faut pas oublier que dans des phases de mutation et de réflexion vraiment sur l'évolution du modèle, c'est d'abord les resources internes de l'association qu'il va falloir savoir mobiliser. Et deuxième point important, le modèle économique n'est jamais que la traduction de ce qu'on veut faire politiquement, de ce que veut faire l'association elle-même. Donc il ne faut pas déléguer à un tiers extérieur le soin de décider du bon modèle économique, parce que le modèle économique est vraiment ce qui va traduire et quelque chose qu'on va essayer de construire de manière à ce qu'il traduise le projet politique et partenarial de l'association. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Pour les associations, un écueil à éviter à tout prix c'est de fournir d'excellentes réponses techniques sans travailler sur l'appropriation par les dirigeants effectifs de l'association. Et dans certains cas, on peut oublier que l'aller-retour au moment de l'accompagnement entre la structure technique et le conseil d'administration et les réseaux de bénévoles est quelque chose d'impératif. Deuxième écueil pour ce qui concerne les associations, qui sont des modèles très partenariaux avec des partenaires multiples, privés, publics, le grand public parfois, c'est également de ne faire pousser son accompagnement que sur une ou deux personnes dans l'association sans avoir pris soin d'intégrer les attentes de cet ensemble de partenaires. [MUSIQUE] On a face à nous des gens qui ont aujourd'hui une vraie maturité. Contrairement à l'image parfois véhiculée de dirigeants associatifs un peu éthérés, on a des gens qui sont aujourd'hui, qui disposent de réelles compétences en termes de pilotage et et donc il faut professionnaliser l'accompagnement, il faut réellement monter en gamme. Mais il faut aussi mieux articuler les différentes formes d'accompagnement, et les politiques publiques devraient pousser le plus possible à cette articulation, et les acteurs eux-mêmes essayer de bien identifier comment mieux travailler ensemble. Le dernier point c'est que je pense que dans la période actuelle, ce n'est pas tant l'ajout d'heures d'accompagnement ou d'offres d'accompagnement spécifiques qu'il faut pousser, c'est plutôt l'émergence d'accompagnements collectifs. Une des forces du monde associatif c'est de savoir consituer des alliances avec d'autres associations du même secteur, du même territoire ou intervenant sur des actions connexes. Et ça, ça constitue un potentiel extrêmement important en termes d'accompagnement. La recherche d'un modèle économique association par association n'est pas forcément pertinente. La recherche d'un modèle économique d'ensemble dans le cadre d'un pôle territorial de coopération économique, dans le cadre d'une offre conjointe entre plusieurs associations peut apporter des solutions que chaque association aura du mal à trouver elle-même. De plus en plus, on essaie de constituer des collectifs autour de problématiques territoriales ou sociales, de manière à construire ensemble à plusieurs associations des réponses, et l'accompagnement porte d'autant plus qu'on va toucher un ensemble d'associations. [MUSIQUE] [MUSIQUE]