[MUSIQUE] Je suis Brigitte Giraud, je suis la directrice de l'Union Nationale des CPIE. Les CPIE, c'est un réseau national d'associations qui est composé de 80 associations réparties sur le territoire, qui représente 11 500 adhérents dont une très grande majorité de personnes physiques, les autres étant des collectivités territoriales, et dont l'objet, les CPIE se définissent comme étant des artisans du changement environnemental, donc avec un double objet qui est à la fois de donner la capacité aux personnes d'agir et de changer de comportement pour tenir compte des questions écologiques et environnementales sur les territoires, dans leur lieu de vie, et un petit peu la même chose mais à l'échelle des acteurs, de favoriser la co-construction entre acteurs sur les territoires pour trouver des solutions écologiques, de transition écologique. [MUSIQUE] La question de notre modèle économique de tête de réseau s'est posée à un moment où il y avait une très grande baisse des financements publics d'une part. D'autre part, et peut-être aussi poussée par ça, la prise de conscience que notre métier originel, si j'ose dire, qui était celui d'éduquer à l'environnement essentiellement les jeunes, était un métier, une mission d'intérêt général plutôt, que nous avions exercée pendant une quarantaine d'années, et que nous avions très largement contribué à la conscientisation de nos concitoyens, et que, autant au début des années 1970 c'était extrêmement pionner de faire ça, aujourd'hui il y avait beaucoup plus d'acteurs qui faisaient ça, et que peut-être il fallait que nous ré-interrogions ce que pouvait être notre positionnement et notre nouvelle valeur ajoutée, si j'ose dire de façon un petit peu prétentieuse, notre nouvelle façon de redevenir pionniers. Et c'est véritablement autour de la question de l'alliance que l'on a entamé une vraie réflexion sur notre modèle économique de tête de réseau. On est allé regarder, dans nos partenaires et ceux avec qui on avait l'habitude de travailler, d'abord lesquels auraient du sens pour faire alliance avec nous, c'est-à-dire qui arriveraient en complémentarité et qui viendraient renforcer notre propre capacité d'action, et que nous, on viendrait renforcer. Et puis, deuxièmement, ceux qui avaient aussi envie de s'affirmer sur la recherche de solutions en territoires, et avec qui on partageait une vision de l'avenir qui soit compatible. Donc, ça a permis d'identifier un certain nombre de réseaux avec lesquels on ne pouvait pas s'allier, et celui avec lequel on pouvait s'allier, à qui on l'a proposé, qui est la Fondation pour la Nature et l'Homme. La tête de réseau nationale, en alliance avec la Fondation pour la Nature et l'Homme, créée par Nicolas Hulot, le sujet pour elle aujourd'hui, c'est quelle nature de financements? Et nous avons bien conscience que pour impulser, il faut que nous soyons sur un modèle d'investisseur sociétal. Donc, c'est ça que nous recherchons, mais on sent bien que s'allier pour répondre mieux aux enjeux, on sent bien que donner une ambition forte au projet, ça attire un certain nombre de financeurs qui, sinon, ne nous regardaient plus. [MUSIQUE] J'ai l'habitude de dire que la question du modèle socio-économique était plutôt un non sujet pour les associations, en tous les cas pour les nôtres, mais je pense que ça peut s'élargir. Pourquoi un non sujet? Parce que, historiquement, nos associations étaient en coopération avec les pouvoirs publics, et que finalement, ce qui se faisait en confiance, en co-construction, en partenariat, de façon assez glissante et progressive, est devenu de la commande publique. El les associations n'ont pas forcément senti que ça changeait totalement le type de relation qu'elles pouvaient avoir avec leurs partenaires. Ce temps a surement duré un petit peu trop longtemps et nous a probablement empêchés d'aborder la question sous l'angle de modèles socio-économiques. Néanmoins, nous, nous l'avons abordée assez tôt puisque, à partir de 2011, on a, chaque année, commencé à regarder comment, en termes d'analyse financière, en consolidant de l'analyse financière à l'échelle de notre réseau, ce que ça donnait, et comment, partant de ça, on pouvait décentrer son regard et parler en termes de modèle économique. On s'est rendu compte que chez nos associations, pour nombre d'entre elles, et statistiquement, en moyenne, chez elles, le revenu d'activité primait sur la subvention, mettant en péril la question du portage de l'intérêt général au sens fiscal du terme. Donc ça, c'est quelque chose de majeur pour un projet associatif, de mettre en cause le projet d'intérêt général. Et l'incidence que ça a, c'est que, évidemment, ça pousse à la professionnalisation puisque quand on est sur la commande publique, le revenu appelle la nécessité d'avoir d'autres revenus, et c'est un peu la course en avant. Donc ça appelle à la professionnalisation. Ça appelle à rechercher la meilleure compétence pour répondre à la commande parfois en n'ayant plus tout à fait le cap en ligne de mire, et et ça éloigne les bénévoles. [MUSIQUE]