[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bernard Devert, je suis le fondateur du mouvement Habitat et Humanisme. L'association a été créée il y a maintenant presque 35 ans. L'intuition c'était comment loger des personnes en très grande fragilité sociale dans des quartiers qui eux, n'ont pas de connotation sociale, pour ne pas ajouter de la pauvreté à la pauvreté. [MUSIQUE] Habitat et Humanisme dès le départ était une structure hybride. On ne l'a pas créée simplement sur un plan caritatif. Plus exactement, on s'est dit, comment le caritatif peut être soutenu par une activité économique? On parlerait aujourd'hui avec la loi Pacte d'une entreprise à mission. Quelle mission? C'est celle qui conduit à se dire, comment nous pouvons accueillir des personnes très fragilisées dans des quartiers qui ne le sont pas, et en faisant en sorte que le montant du loyer que ces personnes vont payer leur permette d'avoir le meilleur reste pour vivre. Au fil de ces 35 ans, on voit qu'en fait, le coût de l'immobilier a explosé. On a simplement deux chiffres. Quand Habitat et Humanisme a commencé son aventure, on mettait 5 % de fonds propres pour réaliser une opération. Aujourd'hui on met 40 % de fonds propres. Et donc, naturellement, il a fallu se dire, comment nous pouvons avancer, progresser? Donc, de faire appel à des capitaux privés plus importants, à faire appel aussi à des institutionnels. Et donc, ça nous a conduits, pour hybrider vraiment plus fortement notre activité, à rencontrer par exemple l'Autorité des marchés financiers, pour entrer dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'appel public à l'épargne. Et c'est à partir en fait de ces avancées qui sont à la fois des avancées sur un plan juridique et des avancées sur un plan économique, que nous avons pu faire en sorte que Habitat et Humanisme puisse poursuivre l'activité qui est la sienne. [MUSIQUE] [MUSIQUE] L'intuition d'Habitat et Humanisme c'est de réconcilier l'économique et le social. Donc, d'emblée, on était au cœur des problématiques financières. Il a fallu les développer, il a fallu aussi parvenir à une crédibilité pour appréhender des capitaux plus importants, et notamment des institutionnels. Donc, en fait, on est passé d'une petite structure associative, même si elle avait cette connotation économique, à une entreprise, puisqu'aujourd'hui en fait, elle a un peu plus de 1 300 salariés. Ça a été aussi à travers les institutionnels qui nous ont fait confiance, une invitation à voir comment nous pouvions répondre à leur attente, la sécurité des capitaux, mais cette sécurité des capitaux était aussi très liée à l'explosion du coût des charges foncières et du prix des logements. Donc, aujourd'hui, quand on regarde le capital de la foncière Habitat et Humanisme, il a connu une grande plus-value. Et donc, on est arrivé à faire reconnaître qu'on pouvait faire du social, du très social même en faisant en sorte que les capitaux investis soient pleinement sécurisés. [MUSIQUE] L'activité que nous développons, c'est une activité qui représente un véritable enjeu sociétal. On voit que la crise du logement ne fait que s'aggraver. La crise va plus vite que notre capacité à la résorber. À partir de là, c'est toute la question en fait du développement de l'économie solidaire ou plus exactement en fait de l'épargne solidaire. Cette épargne solidaire a été fortement encouragée par des dispositifs fiscaux. Ce dynamisme a pu d'ailleurs être, a marqué un peu le pas avec la suppression de l'ISF. Et donc, on a des gens, des personnes physiques n'ayant pas de soutien fiscal, en fait ont pu se retirer. Et puis finalement, on s'aperçoit qu'en ayant fait comprendre et saisir à nos actionnaires que certes, leur investissement pouvait être, n'avait pas la même rentabilité que s'ils investissaient directement dans de l'immobilier direct, etc. mais que ça avait en fait un investissement social absolument majeur, beaucoup ont dit, eh bien, on va continuer avec vous. Donc, ça nous a conduit à beaucoup nous investir sur cette approche. Et les résultats qui sont aujourd'hui présentés à nos investisseurs leur donnent satisfaction, et même, ça devient un levier pour aller plus loin. [MUSIQUE] Pour nous, ce qui a été absolument essentiel, c'est d'abord de rendre compte de ce qu'on faisait, d'avoir l'audace même de dire, voilà les échecs qu'on a rencontrés, et de dire à nos actionnaires, voilà comment nous allons traverser ces difficultés. Et ça donne en fait une véritable co-construction, parce qu'en fait, on a rencontré des hommes et des femmes qui nous ont dit, nous on veut bien vous aider sur tel ou tel point. Et cette contribution fait que d'une certaine façon, le mouvement, ils ne sont pas simplement actionnaires, mais au fond, ils participent à cette aventure d'une solidarité. [MUSIQUE]