[MUSIQUE] [MUSIQUE] Arthur Gautier, professeur à l'ESSEC et directeur exécutif de la Chaire philanthropie. [MUSIQUE] On estime à 7,5 milliards par an, le montant total des dons aux organismes d'intérêt général en France. Environ 60 % vient des particuliers et 40 % vient des entreprises. Les dons des particuliers sont en croissance régulière depuis près de 20 ans. Les trois causes préférées des Français sont l'aide et la protection de l'enfance, la lutte contre la pauvreté et l'exclusion et la recherche médicale. Pour ce qui concerne les entreprises, le mécénat a lui aussi progressé depuis la loi Aillagon de 2003 qui a augmenté les incitations fiscales pour les entreprises. Les causes principales soutenues par les entreprises sont le social, la culture, et l'éducation. Une grande partie des dons en France, environ 40 % des 7,5 milliards annuels n'est pas déclarée à l'administration fiscale et ne fait pas l'objet de réduction d'impôt. Plus difficiles à chiffrer, ces dons proviennent de multiples sources : les legs, les quêtes publiques, les dons en nature, les produits partage, etc. En France, le nombre de fondations qui sont la forme juridique privilégiée de la philanthropie a doublé entre 2001 et 2015. Aujourd'hui, un tiers des fondations ont été créées depuis 2010. Il y aurait un peu près 2 500 fondations en France auxquelles il faut ajouter 2 500 fonds de dotation. Cette croissance a surtout été portée par les fondations distributives, environ 80 % du nombre total de fondations aujourd'hui qui peuvent être créées à la fois par des particuliers et des entreprises. Si la philanthropie ne représente en moyenne que 5 % des ressources des quelques 1, 5 millions d'associations en France, il ne faut pas oublier que le secteur associatif est très hétérogène. Le don représente près de 80 % des ressources des grandes organisations caritatives comme Médecins Sans Frontières ou le Secours catholique. Il tend à augmenter aujourd'hui dans un contexte de concurrence accrue et de professionnalisation du secteur de la collecte. Si 15 % seulement des foyers français déclarent des dons, ils sont 70 % dans les pays anglo-saxons et scandinaves. Leur nombre augmente en terme démographique mais la proportion des foyers stagne en France et pose donc la question du renouvellement des donateurs. Côte entreprises, même proportion, environ 15 % du total sont donatrices. Au total, les dons représentent moins de 0,4 % du PIB français. C'est environ 2,5 fois moins qu'en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni et sept fois moins qu'aux États-unis. Il reste donc un gros potentiel de générosité à exploiter. La recherche sur la philanthropie a identifié quatre caractéristiques principales qui distinguent les donateurs par rapport au reste de la population. Ils sont plus âgés, plus riches, davantage croyants et plus éduqués. Alors, attention, ce sont seulement des caractéristiques très générales, c'est un portrait-robot issu de recherches empiriques, principalement quantitatives avec des données publiques, tous secteurs confondus et surtout aux États-Unis. Donc, il est évident que ce portrait-robot varie considérablement d'un secteur à l'autre, d'un pays à l'autre et il va très sensiblement évoluer avec les nouvelles générations. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Malgré son grand âge, puisqu'il a été créé dans les années 1980, le marketing direct reste le canal numéro un de collecte. Alors, le marketing direct, c'est la sollicitation directe, argumentée et ciblée de donateurs par courrier ou par courrier électronique. Donc, ce mode de collecte représente encore 60 % à 80 % des ressources collectées aujourd'hui par les grandes organisations qui font appel aux dons. Il se trouve que plus de 90 % du montant des dons sont apportés par des donateurs fidèles. Un donateur qui fait un deuxième don, donc, pour lequel le don est consolidé, est fidèle dans 80 % des cas. Donc, vous comprenez bien que c'est la clé du succès pour les organisations qui collectent. Ça permet aussi de rentabiliser tout l'investissement qui est fait dans la prospection de nouveaux donateurs. Les moyens de paiement se diversifient et se digitalisent mais il se trouve que le chèque à 40 % et les espèces, environ 34 %, restent en tête parmi les modes de paiement préférés des donateurs en France. Il y a évidemment un lien avec l'âge des donateurs, vous vous imaginez que c'est corrélé avec le fait que les donateurs sont plus âgés que la moyenne. L'innovation, elle a toujours été forte depuis les années 1990, pour trouver de nouvelles techniques de collecte au-delà du marketing direct : les émissions télé comme le Téléthon, le démarchage téléphonique, la collecte de rue où l'on vous propose un prélèvement automatique mensuel. Pour compléter les modes de collecte digitaux les plus récents, donc, le crowdfunding, le peer-to-peer, le don sur mobile, sur réseaux sociaux aussi les arrondis sur achat ou sur salaire, eh bien, ces nouveaux modes de collecte sont en très, très forte croissance mais ils représentent seulement 8 % à 10 % du montant total des dons. Donc, ils restent marginaux mais ils augmentent très vite. À mesure que les canaux traditionnels, comme le marketing direct, saturent, ces nouveaux canaux digitaux deviendront la norme dans quelques années avec l'évolution des pratiques et aussi le changement de profil des donateurs. Toute la difficulté pour les organisations qui collectent est d'anticiper justement les tendances de demain où les donateurs seront de tous âges et donneront principalement sur mobile sans se couper de la majorité des donateurs d'aujourd'hui qui sont plutôt âgés et qui donnent par chèque après avoir été sollicités directement. [MUSIQUE]