[MUSIQUE] Dans cette troisième vidéo, nous allons nous intéresser au deuxième levier du modèle économique, les financements. Les associations font appel à des acteurs et à des formes de financement très diversifiés, on l'a vu dans le module précédent. Ces différents leviers sont utilisés à des fins de financement du fonctionnement quotidien de l'association, mais aussi à des fins d'investissement, en particulier dans les associations agissant dans les secteurs sanitaire, social et du logement. Donc à la base du modèle associatif, on trouve les cotisations des adhérents, qui représentent en moyenne 11 % des moyens financiers des associations. Cette proportion est très variable selon que l'on considère les associations employeuses ou non employeuses. En fait, dans les associations non employeuses, les cotisations représentent la majorité des financements, tandis que dans les associations employant des salariés, leur poids financier est négligeable et elles représentent la part juridique, le droit de vote et la participation aux instances de gouvernance, et symbolique d'adhésion de l'adhérent au projet associatif. Autre type de ressources financières internes, mais provenant cette fois-ci des activités réalisées par l'association, c'est le revenu d'activité public et privé. L'association peut, en effet, d'un côté se positionner en tant que délégataire de service public, mandataire ou attributaire d'un marché, en répondant aux appels d'offres publics, ou à un appel à manifestation d'intérêt, et elle vient ainsi agir au nom et pour le compte de ses mandants, lesquels mandants sont l'État et les collectivités territoriales, dans la mise en œuvre de leurs politiques publiques. D'un autre côté, sans forcément rentrer dans le cadre de la commande publique, évoquée à l'instant, de plus en plus d'associations partent des besoins des territoires et décident de développer des activités de services d'intérêt général pour répondre à ces besoins qui sont non satisfaits, ou qui sont mal satisfaits, sur son territoire d'intervention. Ainsi, les revenus générés par l'ensemble de ces activités représentent plus de 60 % des financements associatifs et sont en très forte progression ces 20 dernières années. Troisième catégorie de financement, c'est le financement par un tiers sous forme de subvention, ou en dotation globale, ou en prix de journée, et ce financement-là représente près de 30 % du financement des associations. Dans cette configuration, la solvabilité de l'activité dans le cadre d'une compétence dévolue par la loi à une autorité publique nationale ou locale est assurée par la puissance publique qui intervient là comme autorité de tarification et de contrôle. Au sein de cette grande catégorie, les financements publics précités peuvent être complétés par des financements privés, sous forme de dons, venant soit de particuliers, soit d'organisations du secteur privé, qu'elles soient lucratives, comme les entreprises, ou non lucratives, comme les fondations ou les fonds de dotation. Le financement issu des organisations du secteur privé se décline sous la forme de mécénat et dons, ou bien de partenariats, mais aussi sous d'autres formats novateurs, comme les appels à projets, qui est une modalité de plus en plus souvent retenue par les grandes fondations. D'autant que le modèle économique est dit dépendant ; c'est ce qui permet alors à l'association d'avoir recours au bénévolat. Le graphique présenté ici synthétise les évolutions que je viens d'évoquer dans la composition des budgets associatifs. On voit ainsi que les dons et mécénat sont assez stables depuis une dizaine d'années, alors que les cotisations baissent légèrement. Mais, surtout, l'évolution la plus marquante est la forte augmentation de la part des recettes d'activités et, à l'inverse, la baisse significative des subventions publiques. Passons maintenant à l'examen des enjeux relatifs à la mobilisation de ce levier lié aux ressources financières. Tout d'abord, un point fondamental est à retenir. Quelles que soient les sources de financement d'une association, il est capital que le principe de non lucrativité soit intégralement respecté. Ainsi, si des excédents sont dégagés, grâce aux revenus d'activités par exemple, ces bénéfices ne peuvent en aucun cas être placés en réserves partageables. L'association ne peut que les réinvestir dans le projet et au service de la cause qu'elle défend. Quand on analyse les problématiques marchandes ou non marchandes des entreprises sociales, on trouve des outils qui sont transposables aux associations. Par exemple, si une association choisit une approche marchande, il est capital qu'elle explicite clairement la part que prendra le chiffre d'affaires dans son budget. Si elle retient un modèle non marchand, alors elle doit expliquer comment elle compte financer son action dans la durée. Pour poursuivre, il y a un écueil à éviter pour une association et qui justifie d'autant plus la diversification des sources de financement. Cet écueil, c'est de tomber soit dans la conformité totale au modèle marchand des entreprises privées lucratives, soit de tomber dans l'instrumentalisation par de la pure sous-traitance pour les pouvoirs publics. En fait, il s'agit pour l'association de véritablement revendiquer sa multidépendance. Les revenus d'activités sont un modèle, tantôt structurel, par exemple pour des structures d'insertion par l'activité économique, tantôt peu évident à mettre en place pour les structures d'intérêt général en raison de règles fiscales à respecter, mais aussi et surtout parce qu'il existe un risque de faire de ces revenus une finalité pour l'association, et non plus un moyen. Les subventions publiques restent un pilier clé pour conserver de la liberté dans la réalisation du projet associatif. La prédominance croissante de la commande publique crée, quant à elle, un risque d'assèchement du projet associatif. Une association doit donc veiller à ne pas finir par seulement répondre au cahier des charges et par homogénéiser les pratiques entre associations et entreprises, ce qui aurait pour effet de vider le projet associatif de sa substance. Enfin, les techniques de collecte de fonds sont à adapter selon que l'on souhaite mobiliser le grand public ou bien les grands donateurs. Le financement participatif est plus adapté pour un projet précis, par exemple, alors que la recherche de grands donateurs peut nécessiter la formation de partenariats avec de grandes banques ou de grandes institutions, par exemple. En fait, il est capital, quelle que soit la source de financement envisagée, de bien comprendre avant tout les enjeux des tiers que l'on veut mobiliser et d'analyser en quoi le projet d'intérêt général porté par l'association répond à ses motivations et à ses ressorts. Après avoir analysé les principales questions posées par ces différentes sources de financement, plaçons-nous maintenant dans une perspective plus dynamique de gestion des coûts. En effet, l'association doit également rendre compte de ses actions et réalisations dans une logique financière et comptable. Ainsi, plusieurs arbitrages se feront en fonction de la logique adoptée. On peut optimiser les coûts, ça signifie que je fais moins cher avec autant de ressources. On peut éviter les coûts. Ça veut dire que je fais faire, ou du moins je fais en sorte que ce ne soit plus à faire. Enfin, on peut mutualiser les moyens, qui revient à dire je fais avec. Ainsi, l'association peut actionner les différents leviers de ses ressources financières de multiples façons, sans perdre de vue son projet, sans perdre de vue ses bénéficiaires et sans perdre de vue son identité.