[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je m'apelle Léa Zaslavsky et j'ai cofondé l'incubateur de Makesense. La raison d'être de Makesense, c'est de permettre à tous les acteurs de la société, que ce soient des citoyens, des entrepreneurs sociaux ou des grandes organisations de pouvoir résoudre ensemble les défis de société. Et pour ça, un des acteurs clés c'est les porteurs de solution, les entrepreneurs sociaux. Car aujourd'hui, pour résoudre la plupart des défis que la société rencontre, les solutions existent, mais elles ne sont pas encore déployées à grande échelle. Elles n'arrivent pas à avoir la taille, l'ampleur nécessaire pour réellement résoudre les défis de société. Et c'est à ce problème-là que j'ai voulu m'attaquer depuis six ans. Et donc, l'incubateur de Makesense, concrètement, on a divers programmes qui vont permettre à des citoyens, qu'ils soient étudiants, employés ou en recherche d'emploi, de pouvoir passer de l'idée à l'action en, d'abord, imaginant des solutions, les prototypant, développant les différentes étapes. Et on va également les financer, pour qu'ils puissent se déployer. Donc, ça va vraiment être des ateliers d'émergence d'idées, des programmes d'accompagnement, des programmes d'accélération et un fonds d'investissement qui existe depuis six mois. [MUSIQUE] Le projet est né il y a six ans suite à un voyage de la chaire à Boston où je me suis rendue compte que j'étais inspirée par un grand nombre d'incubateurs social tech qui existaient là -bas. Et à l'époque, dans l'entrepreunariat social en France, il y avait une grande séparation entre les start-ups techs, qui déployaient des solutions à grande échelle, donc ce qu'on appelle une start-up c'est une organisation qui a une forte croissance, et des entreprises sociales, qui peinaient justement à grandir aussi vite et à déployer à grande échelle leur solution. Et en parallèle, Alizée Lozac'hmeur, mon associée, travaillait dans un fonds d'investissement et s'était aussi rendue compte qu'il y avait beaucoup de financements, c'est toujours le cas aujourd'hui, qui étaient fléchés vers l'entrepreunariat social mais qui peinaient à trouver également des entrepreneurs et des projets qu'on pouvait appeler scalables, ou avec un anglicisme, bankable. Donc à la croisée de nos deux constats, on s'est dit, et si on allait créer un incubateur pour des start-ups sociales et environnementales. Des projets à forte croissance qui résolvent des défis sociaux et environnementaux. Et pour ça, la première chose qu'on a faite c'est justement un business plan social avec le cours de la chaire. Pendant le business plan, ça a été l'occasion pour nous d'aller rencontrer un grand nombre d'incubateurs, de mentors mais aussi de potentiels entrepreneurs, avec qui on a soit fait des interviews de 30 à 45 minutes pour vraiment comprendre quels étaient leurs besoins ou alors, quand c'était des incubateurs, quelles étaient leurs bonnes pratiques mais aussi leurs échecs et leurs apprentissages. Ça a été hyper important de comprendre quelles ont été les difficultés qu'ont rencontré les autres pour pouvoir mieux voir venir les difficultés qu'on va rencontrer. Et aussi, l'un des enjeux pour nous c'était d'identifier des mentors. Donc on est allés dans plein d'évènements de networking pour aller à la rencontre des différentes personnes en disant : on monte un incubateur, est-ce que vous voulez faire partie du projet ? Et voir si l'idée justement interpellait, quelles étaient les réactions, quelles étaient les questions qu'on nous posait et commencer à constituer une première communauté d'acteurs autour de notre projet. [MUSIQUE] Donc, en 2013, on réalise un business plan. On se rend compte, est-ce que c'est possible théoriquement de construire le projet. Et là , on est passé à l'action. On a trouvé un local, qui était au départ de 100 m². On a fait un appel à projet et on a lancé notre première promotion d'entrepreneurs sociaux début 2014. Un des éléments clés aussi ça a été de trouver un premier sponsor. Une première entreprise, nous c'est une entreprise mais ça pourrait être aussi un individu, qui a parié sur nous, qui sur un Powerpoint, une idée et une conviction a accepté de nous faire confiance pour qu'on puisse, avec 20 000 euros, tester notre programme. Donc, c'est ce qu'on a fait. Et depuis, aujourd'hui on est passés de deux à 20. On a des programmes qui s'adressent tant à des étudiants, à des porteurs de projet lambda mais aussi à des entrepreneurs migrants ou à des chômeurs longue durée, avec des partenariats avec Pôle Emploi, qui nous ont permis de vraiment spécifier notre offre et d'avoir un programme le plus adapté possible à l'état de maturité des projets mais aussi au profil de l'équipe d'entrepreneurs. [MUSIQUE] Pour nous, le business plan social nous a permis de se poser les bonnes questions pour créer le premier programme et pour voir qu'est-ce qui allait nous manquer ou les bonnes questions pour comprendre ce dont on allait avoir besoin pour démarrer. Pour autant, évidemment, entre ce qu'on avait imaginé au départ et ce qu'il s'est passé dans la vie réelle, il y a un décalage. C'est normal. Et donc pour nous, ça a été vraiment aussi au moment du passage à l'action. On a pu réajuster les hypothèses, comprendre ce qu'il s'est passé différemment. Par exemple au début, on s'était imaginé, parce que du coup c'était un incubateur dans un espace de coworking, que le coworking allait financer l'incubateur et que c'était vraiment cette activité de location de postes qui allait pouvoir nous permettre de financer les programmes. Aujourd'hui, six ans après, c'est clairement l'inverse. Ce n'est absolument pas le coworking qui finance l'incubation mais plutôt l'inverse. Donc c'est par exemple une des hypothèses qui a été changée. [MUSIQUE] Nous, notre conseil principal, c'est de toujours faire des allers-retours entre la théorie et la pratique. C'est hyper important de ne pas rester cloîtré dans de la théorie pendant six, neuf mois, mais de toujours, à chaque fois on imagine quelque chose, on le conçoit, on le modélise, puis, on va sur le terrain, on éprouve les hypothèses et on ajuste. C'est important de faire ce travail de business plan pour se projeter, pour comprendre là où on veut aller et surtout pour identifier des hypothèses à tester. Mais c'est tout aussi important d'être sur le terrain pour vraiment l'éprouver. Parce qu'on voit qu'il y a aussi beaucoup d'entrepreneurs qui parfois se cachent derrière leur ordinateur. C'est très bien de faire des plans sur la comète dans un Powerpoint ou un Excel, mais dans la vie réelle, c'est là que ça se complique. Donc c'est toujours important de faire l'aller-retour entre les deux et de pas uniquement rester sur le terrain parce qu'il faut pouvoir modéliser et se projeter mais de pas uniquement rester dans la théorie parce que c'est dans la vie réelle que l'entreprise va se déployer. N'attendez pas pour aller sur le terrain. Faites vraiment le travail en parallèle. Le plus important c'est l'équipe. Donc, entourez-vous de personnes qui sont compétentes mais aussi avec lesquelles vous êtes aligné en termes de vision et de développement. Ce n'est pas uniquement la complémentarité qui compte, c'est vraiment la capacité à travailler au quotidien et à pouvoir affronter justement les différentes péripéties qui vont avoir lieu tout au long de la vie de l'entreprise. Donc soyez sûr de faire confiance aux personnes avec qui vous travaillez. Le troisième conseil, c'est amusez-vous ! Chez Makesense on dit : Do it with joy ! Il y a beaucoup de difficultés à affronter mais c'est aussi une source d'apprentissage, de plaisir et de satisfaction importante. Vous n'y arriverez que si vous prenez plaisir dans votre job, donc amusez-vous. [MUSIQUE]