[MUSIQUE] Comme pour toute entreprise naissante, la mission et la future activité d'une entreprise sociale doivent être formalisées dans un business plan, qui sera en plus social, puisque l'on parle d'entreprise sociale. À cet égard, Gaëtan Baudry ne saurait vous le dire assez, la rédaction du business plan social est une étape cruciale pour maximiser les chances de réussite du projet. Dans ce module, je synthétiserai les avis et recommandations de nos experts et invités autour des trois questions essentielles qui structurent également la capsule « Allons plus loin » de ce premier module. Les trois questions sont : Pourquoi faire un business plan social ? Quelles sont les étapes à suivre pour le réaliser ? Et, comment s'y prendre concrètement ? Tous nos intervenants sont unanimes. La réalisation d'un BPS oblige l'entrepreneur social à se poser les bonnes questions et à prendre du recul sur son projet. Par extension, ce questionnement permet de valider ou non certaines idées initiales, d'affiner le projet, comme dans le cas de Léa Zaslavsky, avec Makesense, et surtout, de trouver un business model pertinent, selon les mots de Gaëtan Baudry comme ceux d'Olivier Lenoir, chez Osons ici et maintenant. L'étape du BPS est aussi essentielle par son côté fédérateur, rappelée par ce même Olivier Lenoir, dans la mesure où il donne naissance à d'autres projections et ambitions pour le projet entrepreneurial. Ariane, dirigeante des Marmites Volantes, affirme que le BPS a permis de poser les valeurs fondatrices de l'activité du restaurant, à savoir la réinsertion et la création d'emplois durables, mais surtout de renforcer la foi des fondateurs en la réussite de leur projet. C'est également une bonne occasion de networking, création de réseau, et de création de toute une communauté d'acteurs autour du projet, ainsi que le souligne Léa Zaslavsky pour Makesense. Le BPS et son contenu codifié, symbolisés par le fameux tableau Excel de projection dont parle Ariane des Marmites Volantes, a aussi un côté rassurant en mettant en chiffres des idées innovantes. Les fondateurs des Marmites Volantes ont pris le parti d'un risque modéré, inscrire dans le BPS à travers un apport de capital social limité à 15 000 euros par fondateur. Le BPS est par ailleurs un véritable gain de temps pour le passage à l'opérationnel en permettant de structurer l'activité et d'anticiper les obstacles, comme vous le rappelle Olivier Lenoir. Enfin, rappelons que le BPS autorise le passage à un niveau de développement supérieur pour l'entreprise sociale en ce qu'il constitue le document qui peut convaincre les investisseurs et d'autres parties prenantes dans le cadre d'une levée de fonds, comme l'explique Olivier Gambari pour iNex Circular. Ceci étant dit, la question de la chronologie de la démarche est légitime. À quel moment un entrepreneur doit-il réaliser son BPS ? Doit-il systématiquement commencer par un BPS avant toute action? Eh bien, l'expérience nous montre que la réalisation première d'un BPS n'est pas systématique. C'est parfois une intuition suivie d'un travail par tâtonnement, comme pour iNex Circular, un test ou prototype à petite échelle, comme pour Osons ici et maintenant, ou encore un projet intrapreneurial, donc une initiative interne à une grande entreprise, comme pour Jean-François Connan chez Adecco, qui marque le départ d'entreprise social. Pour autant, la réalisation d'un BPS sera toujours une étape incontournable à un moment donné de l'existence de l'entreprise sociale. Dans le cas de Makesense, c'est la construction du BPS qui est à la base même du projet. Pour Osons ici et maintenant, si une première expérimentation a constitué la base du modèle du projet, comme je vous le disais il y a un instant, le choix délibéré de rédiger un BPS a posteriori n'a en rien été regretté grâce aux nombreux apports instructifs de cette démarche. Pour Jean-François Connan, la rédaction d'un BPS a finalement été requise par la direction d'Adecco pour vérifier la conformité, on dirait aujourd'hui la compliance pour reprendre le terme anglo-saxon de Jean-François et qui est couramment retenu dans les entreprises, donc la conformité du projet aux règles internes du groupe. Examinons alors un peu comment réaliser au mieux un BPS. En amont, Gaëtan Baudry rappelle l'importance d'aller étudier le terrain, c'est-à -dire entamer une collecte d'informations aussi bien sur les bénéficiaires ciblés que sur les concurrents et d'y effectuer un premier test à petite échelle. Viennent ensuite les réponses aux questions du pourquoi, quoi et comment du projet et le travail de modélisation de l'activité. En aval, il ne faut pas se cantonner à son BPS initial. Il est effectivement essentiel d'accepter les écarts avec la réalité, de réviser les projections et ou les hypothèses du modèle financier ou juridique et de réactualiser l'ensemble au fur et à mesure des résultats et enseignements à la manière de SynLab ou de Osons ici et maintenant. Quels sont maintenant les bons conseils, les pratiques à suivre pour un BPS réussi. Nous avons évoqué la structure usuelle du BPS autour du pourquoi, quoi, comment. Cette méthode rédactionnelle doit insister sur la valeur ajoutée des activités et doit, comme le rappelle Gaëtan, inclure un executive summary, c'est-à -dire deux pages convaincantes et synthétiques qui sont à mettre au début du BPS mais à rédiger à la toute fin du BPS, pour davantage de prise de hauteur. Léa Zaslavsky parle d'une déclinaison des axes stratégiques identifiés en actions concrètes quand Florence Rizzo, qui dirige SynLab, parle de façon similaire de projections de long terme à enrichir de projections à moyen terme avec des objectifs atteignables. En résumé, c'est un équilibre à trouver ou un aller-retour permanent entre théorie et pratique qui feront un bon BPS, selon Léa Zaslavsky. Concernant les astuces pratico-pratiques, les trucs de la rédaction d'un tel document, un autre équilibre est à trouver entre un vocabulaire trop précis ou technique et un vocabulaire trop flou. L'enjeu étant, au sens d'Olivier Gambari d'iNex Circular, de prouver à la fois accessibilité et crédibilité. Gaëtan résume cela par la nécessité d'être synthétique mais suffisamment démonstratif dans un document de 20 à 25 pages maximum. N'oubliez donc pas de faire relire votre BPS aussi bien par des tiers concernés que par des tiers absolument novices sur l'activité entrepreneuriale afin de bénéficier d'un regard expert et d'un regard extérieur. En écho à ce regard expert, Léa Zaslavsky recommande de se faire aider par des incubateurs compétents. Ne négligez pas non plus une certaine forme d'esthétique dans la mise en forme de votre document pour inspirer confiance lorsqu'il s'agit de le présenter à de potentiels investisseurs ou à d'autres parties prenantes. Et enfin, prenez du plaisir à rédiger votre business plan. [AUDIO_VIDE]