[MUSIQUE] [MUSIQUE] Maximiser l'impact social est le coeur de la mission de l'entrepreneur social. Alors qu'une véritable culture de la mesure de l'impact social s'installe aujourd'hui dans notre pays, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, cette notion d'impact mérite donc d'autant plus d'être précisée. Approfondissons cette thématique à l'aide de ces trois questions qui ont émergé des différents témoignages que nous vous avons proposés. Comment définir plus précisément cette notion d'impact? Comment la mesurer de manière la plus pertinente qui soit? Et enfin, quels sont les bons conseils pratiques à retenir pour mener une mesure d'impact social? Commençons par les caractéristiques de l'impact social. Selon Émilie Schmitt, on peut tout d'abord parler, pour Activ'Action, d'impact direct lorsque l'activité vise directement les bénéficiaires, et indirect lorsque les bienfaits de cette activité se diffusent à plus large échelle sur la collectivité et autres parties prenantes, que ces bienfaits et bénéfices soient volontaires ou non. Ce sont justement ces bénéfices collatéraux non escomptés qui donnent un pouvoir fédérateur, instructif et surtout motivant à Activ'Action et à ses équipes. Jean-François Connan rappelle de son côté les effets de levier générés sur l'ensemble du groupe Adecco, dont la vision globale a changé grâce aux projets d'intrapreneuriat social qu'il conduisait. Pour Florence Rizzo, l'impact social de SynLab s'apprécie à la fois comme un horizon de long terme et comme un idéal à mettre en pratique au quotidien. On peut également le voir sous l'angle du type d'effets engendrés par l'activité, à savoir soit un effet de création pure d'une nouvelle valeur ajoutée, soit un effet de transformation d'une ressource, soit un effet de réduction d'un impact négatif, ou soit encore un effet d'économie ou d'évitement d'un impact négatif. Florence Bannerman, qui dirige la mission Innovation du conseil départemental du Val d'Oise, insiste, elle, sur la dimension systématique que doit prendre la mesure de l'impact social pour rendre des comptes aux parties prenantes avec transparence et permettre une constante recherche d'amélioration et de croissance de cet impact. La mesure de l'impact social entre progressivement et pour le meilleur dans les moeurs des acteurs du secteur public et de l'entrepreneuriat social. Faisons maintenant un zoom sur la mesure de l'impact social. En effet, après la définition de l'impact social, une chose est sûre. Sa mesure est une étape difficile car chronophage et coûteuse. Tâchons d'y voir un peu plus clair maintenant pour une mesure efficace. Il existe toute une panoplie des méthodes disponibles pour atteindre cet objectif. Parmi elles se trouvent les études dites qualitatives réalisées sur la base d'entretiens, que Activ'Action a par exemple choisis semi-directifs, l'observation de groupes témoins, comme l'évoque Florence Bannerman, dans une logique de comparaison avant- après, l'observation de l'évolution du comportement de groupes contrôles sur une durée déterminée dans le cas de SynLab, ou encore la base d'un suivi de cohorte évoqué encore une fois par Florence Bannerman. Une autre méthode possible est celle des études dites quantitatives, principalement concentrées sur des variables tangibles et chiffrables. Il est possible, voire préférable, de cumuler et croiser les méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives pour un résultat encore plus précis, comme le fait Humando. Une démarche plus scientifique, ou en apparence plus scientifique, avec des méthodes de randomisation, évoquée par Emeline Stievenart, ancienne de la Chaire Innovation et Entrepreneuriat Social et cofondatrice du cabinet Kimso, peut aussi venir affiner l'analyse. Mais il s'agit là d'un dispositif beaucoup plus lourd, beaucoup plus complexe et donc beaucoup plus coûteux. Les indicateurs maintenant. Les indicateurs sont choisis comme base de mesure et ils sont de tout type. Ils sont prioritairement et impérativement déterminés en fonction des objectifs que se fixe l'entrepreneur, et ensuite l'entrepreneur choisit la méthode la plus adaptée pour collecter les données nécessaires et analyser ces données. Notons tout de suite la distinction fondamentale rappelée par Emeline entre les indicateurs de réalisation, outputs en anglais, c'est-à-dire par exemple le nombre de personnes touchées par l'activité, et les indicateurs de résultat, outcomes en anglais, c'est-à-dire par exemple le nombre de personnes dont la situaton s'est améliorée grâce à l'activité. C'est aux seconds, les indicateurs de résultat, que nous allons nous intéresser à présent. Ils sont rattachés aux différents effets précédemment expliqués. Au plan quantitatif, le ration d'insertion des personnes inscrites dans les programmes d'Humando évalue par exemple l'effet de création d'emplois. Le nombre de tonnes de déchets revalorisés pour iNex circular évalue un effet de transformation positive d'une ressource. Le nombre de kilomètres économisés évalue celui de l'économie, et l'empreinte carbone des trajets celui de la réduction des nuisances environnementales. Au plan qualitatif, toutes les notions de capabilité, étudiée par Humando, de sentiment d'efficacité personnelle, étudié par SynLab, de confiance, étudiée par Humando et Mon Copilote, de sortie de l'isolement et de changement de regard, étudiées par Mon Copilote, évaluent ici plutôt l'effet de transformation et de revalorisation de l'individu. Les différentes étapes de l'approche de mesure d'impact se conforment souvent au schéma suivant. Il s'agit d'abord de la modélisation avec une réflexion qualitative autour des indicateurs clés et/ou des objectifs à définir selon le secteur d'activité et les parties prenantes du projet. Vient ensuite la quantification. Pour valider les premières intuitions, vient une phase d'expérimentation avec une ou plusieurs des méthodes précédemment décrites et une éventuelle monétisation des effets produits. Vient enfin la généralisation de la ou des méthodes choisies sur une période suffisamment longue, l'idéal étant d'élargir l'évaluation à tous les individus touchés directement ou indirectement par l'activité entrepreneuriale. Émilie Schmitt, de Activ'Action, propose une ultime étape qui étend la démarche aux autres acteurs de l'écosystème pour une mesure collective de l'impact social. Enfin, et pour conclure cette séquence de ce dernier module, voici quelques conseils pour une mesure d'impact réussie. Comme le rappelle Florence Bannerman, une bonne mesure d'impact est d'abord ce qui va crédibiliser et donner du sens au travail de l'entrepreneur. Pour y parvenir, donc, la première chose est d'aller sur le terrain à la rencontre des bénéficiaires afin d'y recueillir leur retour d'expérience personnelle. Florence Rizzo, de SynLab, insiste sur l'importance d'être à l'écoute de ses bénéficiaires pour adopter leur vocabulaire et se concentrer sur un axe important, dans son cas le sentiment d'efficacité personnelle. Cette écoute a permis à Anne Keisser, de Mon Copilote, de comprendre et révéler ce qui importait vraiment pour les bénéficiaires, et par là d'écarter de l'approche les éléments non pertinents. En même temps, il est absolument nécessaire d'adopter une démarche structurée dans le temps et une méthodologie rigoureuse. C'est ce qui permettra de comparer les résultats sur une même base et dans la durée, à la façon d'un baromètre, ou de réviser au mieux et au plus vite ses actions, et ainsi à terme d'augmenter son impact. D'où la nécessité rappelée par Emeline Stievenart de cadrer la mesure d'impact dès le démarrage de l'activité. Ce cadrage passe par la définition de promesses, la formalisation d'une chaîne d'effets vers le changement social visé, et surtout le suivi de l'activité dans le temps à l'aide de la tenue d'un simple fichier Excel dans une optique de conservation et de collecte des données. Comme le rappelle Olivier Gambari, il est grandement utile de mesurer, puis de communiquer son impact social dans un souci de sensibilisation des parties prenantes et surtout de création de synergies entre les acteurs de cet impact. Cette mesure d'impact est aussi pour iNex Circular un argument et un élément de crédibilité lors de ses recherches de financements, à condition que cet impact soit bien démontré, chiffres à l'appui. Au-delà d'une simple démarche de communication extérieure, Emeline, comme Florence, nous rappelle que la mesure d'impact doit pouvoir servir à l'entrepreneur qui en utilisera les résultats pour améliorer son action et, par là, ses résultats futurs. Enfin, n'oubliez pas une nouvelle fois de vous entourer d'experts pour réaliser cette mesure d'impact social, comme l'ont fait Activ'Action et Mon Copilote, qui font partie du programme Size Up de Antropia ESSEC, ou comme le département du Val d'Oise, qui a choisi de se faire accompagner par le Laboratoire Evaluation et Mesure d'Impact Social de l'ESSEC, que nous avons constitué au sein de la Chaire il y a deux ans. [AUDIO_VIDE]