[MUSIQUE] [MUSIQUE] Comme tout entrepreneur en phase de création ou de développement, l'entrepreneur social, celui qui veut changer le monde, a besoin d'un business plan pour identifier avec précision les différentes solutions qui s'offrent à lui dans chaque domaine de la gestion de son entreprise pour faire les meilleurs choix possible, proposition de valeurs, solutions techniques, marketing, montage juridique, organisation et établir une stratégie claire et cohérente. Il en a également besoin pour définir un modèle économique pérenne, et enfin, pour anticiper les difficultés et mieux les surmonter. Seulement, l'entrepreneur social doit aller plus loin. Assurer la viabilité de sa structure ne représente qu'un moyen au service d'un objectif plus complexe à atteindre et évaluer, la satisfaction d'un besoin social, que ni les services publics ni la logique de marché n'ont réussi à combler. L'entrepreneur social doit donc s'appuyer sur un outil spécifique lui permettant d'exposer clairement le changement social auquel il veut contribuer, tout en définissant les moyens à mettre en œuvre et les ressources à mobiliser pour mener à bien sa mission et en mesurer les effets. L'entrepreneur social sera amené à prouver la pertinence sociale du projet en menant une étude approfondie du besoin et à réfléchir à la pertinence de son offre par rapport à l'existant et par rapport au marché. C'est ce que propose la méthodologie du business plan social, que nous avons formalisée avec l'équipe de la Chaire Innovation et Entrepreneuriat Social de l'ESSEC, en partenariat avec Ashoka et le cabinet de conseil McKinsey. Alors, première question : quand rédiger un BPS? On peut rédiger un BPS à différents stades d'un projet. Premièrement, au moment de la création d'une entreprise. Le business plan social sert alors à déterminer la stratégie d'ensemble et les moyens mis en œuvre. Il permet de convaincre et de fédérer des acteurs autour du projet en amont de sa réalisation concrète. Deux, pour le lancement d'une nouvelle activité. Comme toute entreprise, l'entreprise sociale doit s'adapter à son environnement et à son bénéficiaire. Elle peut donc être amenée à créer une nouvelle activité, ou bien à réorganiser son activité afin de répondre à des besoins nouveaux ou différents. Et pour opérer ce changement dans les meilleures conditions, il peut être très utile de réaliser un business plan social qui permettra de cadrer les choses. Troisième raison de construire un business plan social, lancer au sein d'une association ou d'une organisation non gouvernementale une organisation dont les bénéficiaires ne sont pas solvables, principalement financée par des dons ou des subventions publiques, une activité génératrice de revenus, ou, au sein d'une entreprise du secteur privé lucratif une activité à impact social. Le lancement de telles activités exige une planification similaire à celle requise pour le lancement d'une activité commerciale classique. Les bénéfices retirés de l'activité sont intégralement affectés au financement de la mission sociale. Pour une activité à impact social dans une entreprise commerciale, il s'agit de prouver la viabilité économique et la réalité de l'impact social recherché. La quatrième raison de faire un business plan social c'est la levée de fonds. Le business plan social est le sésame pour convaincre les investisseurs, mais aussi les mécènes et donateurs privés, ou encore les pouvoirs publics ou les ONG, de financer et de soutenir un projet. Enfin, dernière raison, repenser et optimiser son organisation ainsi que son plan de développement. Pour les organisations, même si elles ne sont pas dans une phase de levée de fonds ou de lancement d'activités génératrices de revenus ou à impact social, le business plan social fondé sur le recueil de données objectives sur son marché et sur un raisonnement analytique rigoureux constitue un support pour réinterroger son modèle d'intervention, sa stratégie de développement et les moyens humains, techniques et financiers nécessaires à sa mise en œuvre. Maintenant que nous avons vu quand un business plan social peut et doit être élaboré, voyons quelles en sont les grandes étapes. Tout d'abord, la charte et l'analyse du besoin. Ces deux premières étapes du business plan social sont primordiales, car elles permettent de poser le cadre du projet duquel découleront toutes les décisions importantes. Pour ceux qui ont suivi le premier MOOC, L'entrepreneuriat social, de l'envie au projet, vous avez déjà pu réfléchir à la charte de votre projet et à l'analyse du besoin. Pour les autres, voici quelques éléments de rattrapage, ce qui nous permettra, par la même occasion, de rafraîchir la mémoire des premiers. Commençons par l'analyse du besoin. L'entrepreneur social a besoin d'analyser formellement le besoin auquel il veut répondre, afin de valider que son projet est pertinent, c'est-à -dire qu'il répond à un vrai besoin, et pas seulement à une intuition ou une bonne idée. Même s'il est animé des meilleures intentions et qu'il est convaincu du bien-fondé de son action, l'entrepreneur qui veut changer le monde doit commencer par partager sa conviction avec les autres acteurs pour ensuite obtenir leur adhésion. Il lui faut donc qualifier, préciser et délimiter ce besoin. Il doit ainsi déterminer et faire partager à tous les acteurs concernés l'ampleur et l'urgence du besoin. Pour cela, l'entrepreneur doit répondre à cinq questions. Un, quel est le problème? Deux, pourquoi est-ce un problème? Trois, quelles sont les causes de ce problème? Quatre, quelle est l'ampleur du problème? Et cinq, dans quelle mesure est-il urgent de trouver une réponse à ce problème? Pour répondre à ces cinq questions, n'hésitez pas à donner quelques chiffres significatifs. Il ne s'agit pas de noyer votre interlocuteur sous les données, mais de choisir quelques données particulièrement pertinentes, quelques chiffres particulièrement adaptés par rapport à la réalité. Lors de cet exercice, veillez à bien citer vos sources, c'est un facteur de crédibilisation de votre proposition et de votre propos. Veillez également à retenir les données les plus récentes possible. Pour aller plus loin, vous trouverez ci-dessous, en ressources complémentaires, la vidéo du MOOC, L'entrepreneuriat social : de l'envie au projet, qui traite de cette question de l'analyse du besoin. Venons-en maintenant à la charte du projet. La charte de l'entreprise, c'est le socle fondateur du projet. C'est sur elle que se fonderont les décisions et les grandes orientations stratégiques de l'entreprise. La charte comporte quatre parties : la vision, la mission, les objectifs et les principes d'action. La vision c'est un idéal, et la vision concerne l'ensemble de la société. Elle décrit ce que le monde serait si le besoin social que vous avez identifié n'existait plus. La vision doit être attirante, mobilisatrice. C'est elle que vous communiquerez aux investisseurs et aux partenaires potentiels. Elle sera aussi une ligne directrice de votre action, un axe autour duquel vous rassemblerez vos collaborateurs, vos éventuels bénévoles et l'ensemble de vos parties prenantes. Une bonne vision, pour résumer, doit avoir deux caractéristiques : être en cohérence avec le besoin social identifié, c'est-à -dire qu'elle doit donner un objectif à atteindre en termes d'impact ou de réponse à un défi social, et deux, elle doit être ambitieuse mais accessible, c'est-à -dire qu'elle doit être à la fois stimulante et inspirante mais apparaître comme atteignable. Un entrepreneur social ne peut résoudre à lui seul l'ensemble des problèmes identifiés. Et c'est là qu'on entre dans le cœur de sa mission. La mission est claire et simple, et elle décrit précisément la raison d'être de l'entreprise, ou encore quelle part active l'entreprise souhaite prendre pour résoudre le problème identifié. Une bonne mission doit avoir quatre caractéristiques : décrire une réalité, c'est-à -dire correspondre à la situation, au contexte dans lequel elle s'exprime. Donc si celui-ci change, la mission peut et doit être révisée. Deux, la mission doit refléter les valeurs et les priorités de l'entreprise. Trois, la mission est intemporelle, à contexte équivalent évidemment, c'est-à -dire qu'elle donne une ligne d'action à travers le temps qui peut rester valide sur une période indéterminée malgré d'éventuelles inflexions ou révisions. Enfin, quatre, la mission doit être précise, c'est-à -dire compréhensible par tous, bien pensée et réfléchie. La mission de l'entreprise est donc sa raison d'être qui doit être déclinée en objectifs opérationnels. Les objectifs sont les principales actions de l'entreprise que l'on peut mesurer. Enfin, les principes d'action sont les valeurs clés de l'entreprise et de l'entrepreneur. C'est le cadre éthique ou moral qui vous permettra et qui permettra à l'entrepreneur de guider ses actions. Pour illustrer le propos, on va donner deux exemples : poursuivre un but non lucratif et d'intérêt général, rémunérer de façon attractive, en lien avec les salaires pratiqués sur le marché, les salariés permanents. Là encore, pour approfondir ces points essentiels, n'hésitez pas à visionner, en ressources complémentaires, la vidéo du MOOC, L'entrepreneuriat social : de l'envie au projet, sur la charte du projet. [AUDIO_VIDE]