[MUSIQUE] [MUSIQUE] Je suis Emeline Stievenart, cofondatrice de Kimso, cabinet spécialisé en évaluation d'impact social qui a été créé il y a six ans maintenant. Kimso accompagne des associations, des entreprises sociales ou classiques, des financeurs dans leurs démarches d'évaluation d'impact social pour savoir si les réponses que ces organisations apportent sont efficaces par rapport aux enjeux sociaux et/ou environnementaux. [MUSIQUE] L'impact, c'est la finalité d'une entreprise sociale, et doit donc être sa boussole tant dans ses décisions stratégiques que opérationnelles, en phase de création mais aussi en phase de changement d'échelle. Et pour que ce soit sa boussole, l'entreprise sociale a besoin d'outils et de temps de prise de recul, ce que permet la mesure d'impact social. [MUSIQUE] Il faut y penser très tôt. Il faut structurer sa démarche de mesure ou d'évaluation d'impact social dès le démarrage si possible, et ça commence par définir sa promesse. Quelle est votre promesse en termes d'impact social? Qu'est-ce que vous voulez changer pour la société? En essayant d'être le plus précis possible. Vous pouvez vous poser quelques questions du type : à quel problème souhaite-t-on apporter une réponse? Quel est le public cible? Et en quoi ma réponse va vraiment apporter une valeur ajoutée? En démarrant avec ces questions-là, ça va vous permettre de mieux définir déjà votre projet d'entreprise, en tant qu'entreprise sociale, mais aussi d'anticiper la mise en place d'outils qui vous permettront de suivre votre impact dans la durée. Un exercice structurant peut être de formaliser ce qu'on appelle une chaîne d'effets. Simplement, c'est une phrase. Si je fais cela, alors il y aura tel changement, puis tel changement, puis tel changement. En essayant d'utiliser des termes, effectivement, qui se réfèrent à cette dynamique de changement comme augmenter, améliorer, prévenir, développer, diminuer. On doit comprendre que vous voulez changer la donne par rapport à un phénomène, à des enjeux sociaux et/ou environnementaux. Une fois cette promesse mise à plat, votre promesse de changement, il est recommandé de définir quelques indicateurs qui permettront de vérifier que ces changements ont bien lieu. Les indicateurs sont souvent de deux natures. Les indicateurs de réalisation, en anglais on parlera de output, comme le nombre d'interventions, le nombre de personnes touchées. Et les indicateurs de résultats, en anglais appelés outcome, qui sont vraiment les indicateurs qui permettent de savoir si vous changez une situation positivement ou négativement, comme le nombre de jeunes qui vont réussir à avoir leur baccalauréat, par exemple, grâce à votre intervention, ou le nombre de personnes qui vont retourner à l'emploi grâce à l'accompagnement dont elles ont bénéficié. Pour aller plus loin, mais cela dépendra de votre contexte et des moyens que vous souhaitez allouer à la mesure d'impact social, vous pouvez mettre une valeur monétaire sur votre impact, par exemple en estimant les coûts évités pour la collectivité. Vous pouvez aussi vous engager dans des démarches à dimension scientifique. Une méthode qui est fortement reconnue dans ce domaine, ce sont les études randomisées. Mais pour l'instant contentez-vous déjà de bien définir votre promesse d'impact et de définir quelques indicateurs que vous pouvez suivre en mettant en place quelques outils de suivi. [MUSIQUE] Un premier conseil est d'aller au delà des notions génériques comme le lien social, l'autonomie, la confiance en soi ou l'égalité des chances. L'impact social se traduit par des changements très, très concrets pour les personnes touchées. C'est ça qui est vraiment mesurable et observable. Par exemple, est-ce qu'un jeune se met à prendre la parole en classe suite à votre intervention? Est-ce qu'une personne âgée reste plus longtemps à son domicile dans des conditions dignes? C'est ça qu'on va chercher à définir avec précision pour ensuite mettre en place des indicateurs. Un deuxième conseil est de bien anticiper les enjeux de collecte de données. Par exemple, on nous demande souvent : que sont devenus les anciens bénéficiaires? Mais s'il n'y a pas de base de contacts à jour et si ces personnes n'ont pas été informées qu'elles allaient participer à une étude, il est pratiquement impossible de mettre en place une telle étude. Quand vous lancez votre entreprise sociale, cela passe par la mise en place de quelques processus et quelques outils qui doivent être absorbables dans la gestion de votre entreprise, comme les enquêtes régulières, par exemple, auprès de vos consommateurs ou de vos bénéficiaires, qui vous diront si effectivement ils vivent des changements grâce à votre action. Le troisième conseil est d'utiliser les résultats, et pas uniquement à des fins de communication ou de recherche de financements. Les informations que vous allez recueillir sur le public et les changements qu'ils vivent grâce à votre action sont des informations extrêmement précieuses pour nourrir le pilotage de votre activité. Vous pouvez aussi prévoir des temps de discussion avec des représentants de parties prenantes pour interpréter collectivement ces données, ces résultats, et améliorer collectivement votre action pour créer plus d'impact. [MUSIQUE]