[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour, je m'appelle Kevin André et je suis le fondateur de Kawaa. Kawaa est une entreprise agréée d'utilité sociale qui a été fondée en 2014. Elle part du constat qu'on a aujourd'hui un paradoxe entre un monde qui se connecte de plus en plus via le numérique et parallèlement une montée de la solitude. Par exemple, la Fondation de France montre dans son étude qu'il y a cinq millions de personnes qui sont seules en France. Donc on a un monde, finalement, dans lequel on peut se connecter mais dans lequel on a du mal à se relier. L'idée de Kawaa est d'utiliser le numérique pour faire en sorte que les gens se relient, et donc pour créer du lien social. Concrètement, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'on a une première activité de plateforme numérique. On propose aux acteurs de l'intérêt général, c'est-à-dire à la fois des collectivités locales mais aussi des associations, des mutuelles, des coopératives d'utiliser notre solution numérique pour développer du lien dans les territoires par l'organisation, concrètement, d'événements, d'activités, de rencontres, d'ateliers. L'idée fondamentale est de ne pas rester derrière un écran mais c'est aussi de se voir en vrai, là où on est, pas seulement d'ailleurs dans les grandes métropoles mais avec une attention à la diversité des territoires, villes moyennes, zones rurales, etc. On a une deuxième activité plus récente qui consiste à développer ce qu'on appelle des tiers lieux, c'est-à-dire des lieux de sociabilité, des lieux où les gens peuvent se rencontrer, parce que dans notre métier qui consiste à basculer du numérique vers la vie réelle, on se rend compte qu'il y a une carence de lieux de sociabilité. Juste un seul chiffre, il y avait 500 000 cafés au début du XXe siècle en France. Il n'y en a plus que 35 000 aujourd'hui. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Kawaa est une entreprise qu'on appelle agréée ESUS, au sens de la loi de 2014, c'est-à-dire que c'est une entreprise qui est une S.A.S., une société commerciale, mais qui a demandé un agrément pour être considérée d'utilité sociale. Donc l'agrément, ça veut dire qu'on a une finalité sociale, développer le lien social. On a aussi une lucrativité limitée. Typiquement, moi, en tant que dirigeant, je m'engage à ne jamais gagner plus de X fois le Smic, enfin comme c'est défini dans la loi. Et puis troisième partie de cet agrément, il y a une gouvernance qu'on peut qualifier de participative. Donc sur la gouvernance, on a notamment un comité des parties prenantes qui permet de rendre compte de l'activité et de l'impact social de Kawaa. Comment se prennent les décisions chez Kawaa? Alors, chez Kawaa, on a une approche très ancrée dans ce qu'on appelle la participation citoyenne ou la démocratie participative. L'idée est vraiment de faire participer l'ensemble des parties prenantes aux décisions. Quand je dis les parties prenantes, c'est à la fois l'ensemble de l'équipe, même si on est encore une petite équipe, on est une dizaine de personnes, mais c'est important de savoir que ce n'est pas seulement les personnes qui sont en charge de tel ou tel sujet qui peuvent participer et contribuer. Et au-delà de ça, on fait participer nos utilisateurs, nos clients, nos partenaires à l'ensemble des décisions. Tout le monde ne décide pas de tout. Ce n'est pas ça, l'idée. Mais pour s'assurer que ce qu'on fait est utile pour tout le monde et utile pour la société, ça nous paraît extrêmement important, encore une fois, d'élargir la participation non pas seulement au cercle de décision premier mais aussi à l'ensemble des parties prenantes. [MUSIQUE] [MUSIQUE] On a organisé comme une start-up classique, même si elle est sociale, un certain nombre de levées de fonds. D'abord ce qu'on appelle dans le jargon friends and family, c'est-à-dire qu'on va voir le premier cercle. Je suis allé voir mon premier cercle des personnes que je connais personnellement et qui me font confiance, sachant qu'il n'y avait, à l'époque, rien en dehors d'une présentation. Petit à petit, au fur et à mesure que l'activité a grandi, on a eu aussi ce qu'on appelle dans le jargon, pareil, un family office, c'est-à-dire une structure qui permet de placer l'argent d'une famille, en l'occurrence qui était intéressée par la dimension sociale mais aussi le fait que c'est une entreprise qui a un modèle économique. Et puis, plus récemment, au troisième tour, on va dire, de levée de fonds, on a fait rentrer un fonds d'impact, en l'occurrence INCO et Aviva Impact Investing, donc un fonds d'impact, c'est-à-dire un fonds d'investissement classique sauf qu'il a la particularité d'investir dans des entreprises qui cherchent un impact social. Après, notre modèle économique se fonde principalement sur du chiffre d'affaires. Encore une fois, on est une société commerciale même si on est agréé d'utilité sociale. Donc on facture des prestations mais comme beaucoup d'entreprises sociales, on a aussi des financements et un modèle économique hybride. C'est-à-dire qu'on a une partie de subventions, en l'occurrence de deux types d'acteurs, d'un côté des collectivités locales, soit une ville comme la ville de Paris ou une région comme la région Centre-Val de Loire par exemple qui, de par nos partenariats, nous accordent des subventions. On a aussi un deuxième type d'acteurs qui sont des acteurs, on va dire, de l'économie sociale, comme des instituts de prévoyance ou mutuelles qui, là encore, nous financent par le biais de subventions. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Le problème principal qu'on a, c'est que cette question du lien social, de la solitude est une question majeure. Quand on regarde les chiffres, c'est quand même assez sidérant. Et pourtant, c'est une question qui intéresse tout le monde, et du coup personne. Difficile de monétiser, difficile d'en faire vraiment un modèle économique. Personne ne veut vraiment payer directement, entre guillemets, pour résoudre ces problèmes de lien social et de solitude. Donc ça, c'est vrai que ça nous a pris du temps de comprendre quel pouvait être le modèle économique qui nous permet de répondre au besoin social qu'on avait identifié. Je pense que, aujourd'hui, on a trouvé. Heureusement, on a des actionnaires, des investisseurs qui nous font confiance, qui nous suivent et ça, ça a été essentiel dans la réussite de Kawaa et dans la pérennité de Kawaa. C'est d'avoir vraiment un pool d'actionnaires, d'investisseurs et de partenaires qui nous font confiance et qui ont compris que ça mettrait du temps de trouver les solutions à ces questions complexes et systémiques autour du lien social. [MUSIQUE]