[MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] Alors, la France est l'un des pays qui réduit le moins les inégalités. En tout cas si on regarde les statistiques de l'OCDE, un enfant issu de milieux défavorisés a quatre fois moins de chance de faire partie des bons élèves. La deuxième chose, c'est que si on regarde les études PISA, les enseignants sont deux à quatre fois moins formés que les enseignants des autres pays de l'OCDE, qui sont soit dans la moyenne, soit qui réussissent bien. Donc, on se rend compte qu'il y a à la fois beaucoup d'inégalités non résorbées, un deuxième sujet qui est un manque de formation des enseignants. Et puis, dernière chose, les enseignants qui démarrent, en début de carrière, sont en général affectés en éducation prioritaire, dans les zones donc les plus complexes. Donc on cumule les difficultés, et ce que ressentent, en tout cas c'était l'écoute que j'ai pu avoir de leurs besoins, ce que ressentent les enseignants, c'est à la fois un déficit de formation et un manque d'accompagnement, surtout quand ils démarrent, en début de carrière. Ce qu'on a aussi observé, c'est que les enseignants, notamment les jeunes enseignants, passent en moyenne six heures par semaine sur Internet à consulter des ressources pour préparer leurs cours, réfléchir à leur pédagogie. Donc ils passent déjà un temps significatif sur Internet, et dans les solutions qui existent aujourd'hui pour accompagner les enseignants notamment en début de carrière, il y a évidemment aujourd'hui les INSP, c'est-à-dire les écoles de formation initiale, mais si on pense vraiment l'accompagnement dans le démarrage de la carrière, vous allez avoir des plateformes institutionnelles numériques qui vont apporter un certain nombre de contenus, et puis de l'autre toute la blogosphère, twittosphère, enfin tous les réseaux sociaux enseignants où il va y avoir des échanges informels, peut-être conviviaux mais en tout cas pas forcément très structurés. Donc des besoins, des réponses qui existaient déjà mais un manque qui subsistait, à la fois d'avoir des contenus de qualité et une convivialité qui permet de se développer professionnellement avec les pairs, grâce aux pairs. Donc EtreProf, aujourd'hui, qui est une de nos initiatives, c'est une communauté de développement professionnel pour les enseignants. [MUSIQUE] [MUSIQUE] Au départ, j'ai vraiment commencé avec un modèle économique subventionné qui se fondait à la fois sur la philanthropie familiale, donc des grosses fondations comme la Fondation Bettencourt, la Fondation Bellon, qui m'ont vraiment permis de commencer. Et d'ailleurs je pense que je n'aurais pas pu commencer avec les fondations d'entreprise ou avec du financement public, parce qu'il faut savoir que quand on se lance sous forme associative, il faut au moins avoir deux ou trois ans d'antériorité, d'ancienneté pour candidater à des fonds publics ou pour candidater à des fondations d'entreprise. Donc, en fait, ce qui est intéressant, c'est que la philanthropie permet, si on a a priori un projet intelligent et un peu structuré, de démarrer et permet de financer finalement une certaine R&D sociale. Et ensuite, le deuxième levier qu'on a pu avoir, c'est des financements de l'État. On a été lauréat de la France s'engage, on a été lauréat d'un programme d'investissements d'avenir. Donc c'est des investissements liés au grand emprunt, Secrétariat général pour l'investissement opéré par la CDC, donc plutôt un financement de l'État pas forcément structurel mais logique investisseur, ce que je trouve extrêmement intéressant parce qu'ils ont une vision d'avenir, finalement, de ce qui peut permettre à la France d'évoluer demain, et notamment sur les questions éducatives. Et c'est seulement dans un troisième temps, finalement, qu'on s'est interrogé sur la contribution directe ou indirecte des bénéficiaires finaux. Donc, en fait, c'est un modèle économique qui là aussi a beaucoup évolué au cours du temps, qui s'est à la fois enrichi et complexifié dans la multiplicité des sources qui permettent aujourd'hui d'avoir un équilibre économique. [MUSIQUE] [MUSIQUE] On s'est rendu compte que, parfois, quand c'est gratuit ça n'a pas forcément de valeur, et donc qu'il était peut-être important de mettre en place une logique d'abonnement. Donc dans les deux plateformes qu'on a aujourd'hui, EtreProf et Manag'Educ, on est sur une logique un peu hybride, notamment pour EtreProf. Alors, dans le numérique, on parle de modèle freemium, donc toute une partie qui est gratuite et puis une partie premium qui est sur abonnement, abonnement relativement modeste, 30 ou 50 euros par an et par enseignant qui peut être pris en charge soit directement par l'enseignant, soit par des tiers payeurs que peuvent être les mutuelles des enseignants, la banque des enseignants, des académies donc les structures employeurs des enseignants. Donc c'est un modèle freemium. Et pour Manag'Educ, on est aussi sur une logique d'abonnement pris en charge soit directement par le chef d'établissement, soit par une académie ou un syndicat, donc des organisations tierces en fait. Et donc l'enjeu pour nous, c'est de se dire que finalement il y a une contribution directe des usagers, qui peut être modeste, qui peut-être directement prise en charge par eux ou par des tiers, mais qui en tout cas permet de donner une certaine conscience de la valeur qu'on essaye d'apporter. Si le bénéficiaire, même s'il est impliqué très modestement dans le financement du service et dans l'indépendance aussi de ce service-là vis-à-vis de la publicité, vis-à-vis de tout un tas d'autres acteurs, c'est aussi une responsabilisation, finalement, de l'acteur dans l'utilisation qu'il va faire du service. [MUSIQUE] [MUSIQUE]