[MUSIQUE] Pape Sakho, on vient de vous écouter, est-ce que l'on peut comme les semaines précédentes, en quelques mots, quelques phrases, résumer les points importants de cette semaine de cours? >> Oui, donc cette semaine qu'on vient de passer, on l'a consacrée aux pratiques donc de mobilité des citadins. Alors, et ce qu'on a essayé de montrer, c'est d'abord qu'il y a des niveaux donc de pratiques, qui sont différents, selon les modes de transports. Et ce qu'on a retenu, ce qui apparait en premier lieu, c'est que la marche est le mode de déplacement qui est le plus fréquemment pratiqué par les citadins des villes africaines. Ça, c'est d'un, maintenant, l'usage des modes motorisés dépend donc, des moyens des conditions, donc, de la population. Et c'est là où il y a des différences. On a ensuite vu donc comment le rapport de genre influe sur la mobilité, comment est-ce qu'il différencie la mobilité des hommes et des femmes. Ensuite, nous avons vu comment est-ce que la position dans le cycle de vie de l'individu peut influer donc sur les différences de mobilité entre les jeunes, adultes, les personnes de troisième âge. Ensuite, on a vu comment est-ce que le lieu de résidence a des incidences, on a essayé donc de voir durant cette semaine quels sont les déterminants qui différencient la mobilité des individus dans une ville. >> Et est-ce qu'il y a un déterminant symbolique, finalement la position sociale de la personne? >> Oui, en quelque sorte, dans tous les cas, >> le fait d'avoir des conditions de vie meilleures, et surtout donc de détenir des ressources individuelles, influe sur la mobilité donc de ces populations urbaines. >> Vous qui avez une vision d'ensemble, on parle beaucoup de Dakar parce que vous venez de Dakar, mais vous avec une vision globale sur l'ensemble des villes africaines, est-ce que globalement, on retrouve les mêmes choses, les mêmes problèmes, les mêmes types de déplacements en fonction de ce que vous venez de nous dire, ou est-ce qu'il y a de grandes disparités en fonction des différentes villes? >> Pas de grandes de disparités, mais souvent des différences. Je vous donne un exemple, à Ouaga par exemple, on fait la journée continue. Forcément, ça peut influer sur la mobilité. Un autre facteur qui peut influer, et on l'a vu avec Niamey, à Niamey, il y a une forte mobilité qui est liée donc à la pratique de la religion. Et ceci c'est lié à des déterminants géographiques, donc qui interviennent, et ces déterminants géographiques sont à prendre maintenant en compte quand on va faire l'analyse de la mobilité pour chaque grande ville. >> On voit dans certaines villes beaucoup de deux-roues, et dans d'autres pas du tout, on a plusieurs types de deux-roues bien sûr, mais est-ce qu'on sait pourquoi, quels sont les indicateurs, ou quelles sont les caractéristiques d'une >> ville par rapport à l'autre qui fait qu'on va trouver des vélos partout dans telle ville et on n'en trouvera pas dans une autre? >> Effectivement, on a vu en gros, pour l'essentiel donc des grandes villes ouest-africaines, >> au moins, ce qui les différencie des villes d'Afrique centrale, des villes d'Afrique orientale, et des villes de l'extrême Ouest de l'Afrique, dans cet espace donc de l'Afrique sahélienne, on a le développement des deux-roues, effectivement, que ce soit donc les >> bicyclettes, ou bien les deux-roues motorisés, et je crois que par rapport à ça, il y a notamment un facteur socio-culturel qui influe, et qui dépend, non seulement donc d'une certaine tradition, mais qui dépend également >> du type donc de colonisation qui a été développé dans cette ville, à Dakar par exemple, on n'a pas cette culture du deux-roues. Alors, aujourd'hui, si Dakar est épargnée, par contre c'est quelque chose je crois qui a tendance à se développer, maintenant cette fois-ci lié au contexte économique. Parce que c'est un investissement qui n'est pas lourd, en général, il n'y a pas beaucoup de contraintes règlementaires, et qui dépend, non seulement donc d'une certaine tradition, mais qui dépend également du type, donc, de colonisation qui a été développée dans cet iii, à Dakar par exemple, on n'a pas cette culture du deux-roues. Alors, aujourd'hui, si Dakar est épargnée, par contre c'est quelque chose je crois qui a tendance à se développer, maintenant cette fois-ci lié au contexte économique. Parce que c'est un investissement qui n'est pas lourd, en général, il n'y a pas beaucoup de contraintes règlementaires, et du coup, il y a donc le développement de cette activité de transport avec les deux-roues, d'autant plus que on est dans un contexte où l'ouverture au monde a permis d'accéder à l'accaparation de, certains pays, aujourd'hui, pratiquement dans toute les villes africaines, c'est le règne des motos de marque chinoise. Donc à moindre de coût contrairement au coût des motos qui étaient fabriquées par les grandes firmes européennes par exemple. >> Mais là on peut parler des motos, on peut parler aussi des vélos, finalement le vélo ça permet d'aller très loin, c'est le système de transport après la marche à pied, mais le plus >> écologique, et puis on le voit se développer depuis très longtemps dans les villes hollandaises, on voit aussi qu'aujourd'hui à Londres s'est extrêmement développé, on sait qu'à Berlin c'est extrêmement développé, Paris est en retard par rapport à ça, pourquoi on en voit très peu en Afrique, et est-ce que c'est quelque >> chose qui est je dirais dans l'agenda des gestionnaires d'imaginer des villes qui se développeraient aussi sur le deux-roues, mais le deux-roues qui ne serait pas forcément motorisé? >> Merci, bon, on va anticiper un peu sur la semaine qui va venir, mais eh bien en effet ça permet à nos auditeurs >> encore de mieux comprendre ce qui va venir, en fait effectivement cette question du vélo pourtant, dans certaines régions africaines, il y a cette tradition de la pratique du vélo. Mais moi je crois que donc le fait que c'est une pratique qui ne s'est pas développée, c'est lié un peu à l'effet de la colonisation. Bon, c'est vrai que pour l'essentiel on a donc une colonisation française, l'utilisation du vélo n'a pas été très développé en France tant qu'on n'a pas pas parlé de ville durable et autre. Et donc à la limite pour l'élite locale, c'est être mal vu d'être sur une bicyclette, alors parce que on croit que par sa position sociale, donc l'individu devrait avoir un mode de transport qui est au niveau de sa position dans l'élite sociale. >> Alors, sans dévoiler la semaine prochaine, est-ce qu'on a des leviers d'actions, quels seraient les éléments qu'il faudrait essayer de travailler ou de changer pour que finalement on utilise un peu plus le vélo? >> Oui, je crois que ça c'est une bonne question, et l'année dernière donc, >> justement, invité à une rencontre entre les autorités municipales et l'université de Ziguinchor, l'une des universités sénégalaises, alors, je disais donc aux autorités >> mais regardez entre le centre ville de Ziguinchor et l'université, ça fait sept kilomètres. Il n'y a qu'une seule voie qui n'a ni trottoir, ni piste cyclable, large de cinq mètres, donc, et je disais aux autorités justement, promouvoir la ville durable, ce serait développer une action de partenariat entre l'université et la municipalité pour faire des pistes cyclables, je le dis parce que au sud du Sénégal, on a la tradition du vélo, justement, et ce serait l'occasion de prendre en charge le contexte local qu'il faut valoriser et en faire un moyen moderne de promotion de cette mobilité urbaine. >> Pape Sakho, merci beaucoup pour ces quelques réponses. >> Merci.