[MUSIQUE] [MUSIQUE] Revenons sur cette technique des mouvements contraires et apportons-y un peu plus de complexité. La polarisation peut survenir en général non pas que sur un pôle et sur un axe, mais sur plusieurs pôles et plusieurs axes en même temps. Pour vous donner un exemple, et si je me mets un peu en scène, on peut regarder comment est-ce que je me polarise sur vous. Si je me préoccupe de qu'est-ce qui se passe pour vous, je peux le faire de différentes manières. Je peux le faire en me préoccupant par exemple de comment vous êtes installé, de où vous vous situez. Là, je suis plutôt sur un pôle externe vous concernant. Je peux aussi me préoccuper sur un pôle plus interne, et sur le pôle interne, je peux même aller sur le plan cognitif, qu'est-ce que vous avez comme intérêts, qu'est-ce que vous pensez au sujet de ce module par exemple, mais je peux aussi aller sur un pôle affectif, c'est-à-dire qu'est-ce que vous ressentez, quelles sont vos émotions du moment. Donc, vous le voyez, je peux bouger non pas que sur un axe, mais sur plusieurs axes à la fois. C'est important parce que du coup, c'est très vite très complexe et puis ça peut nous mettre un petit peu dans la confusion de savoir c'est à quel niveau qu'on doit faire notre mouvement contraire. Moi je serais assez simple là-dessus, c'est-à-dire le premier niveau qu'on identifie, ce qu'on remarque comme pertinent, on commence par ça, mais on garde à l'esprit qu'il y a plusieurs polarisations et donc plusieurs choix qui s'offrent à nous comme mouvements contraires. Si je reprends l'exemple de notre appartement, il y a plusieurs pièces qu'on pourra visiter et où on pourra se rendre avec notre interlocuteur. Du coup, on en choisit une pour commencer, mais on garde à l'esprit qu'on va essayer de générer du mouvement autant que possible et visiter l'ensemble des axes et l'ensemble des pôles parce que c'est ce qui va donner le plus de profondeur et le plus de richesse à notre interaction. Prenons un second exemple. Une amie vous dit qu'elle n'a pas aimé l'expression sur le visage de telle personne. Donc, votre amie est focalisée ou polarisée sur autrui externe, puisque c'est le visage comme source d'information. Si on veut faire des mouvements contraires, on a plusieurs choix. On peut revenir sur elle, et puis on peut revenir sur elle soit sur le versant cognitif soit sur le versant affectif. Qu'est-ce que tu as pensé quand tu as vu ce visage, ou bien qu'est-ce que ça t'a fait ressentir cette expression de visage. On a aussi le choix de rester sur le pôle qui est le sien, c'est-à-dire le pôle autrui, mais on peut lui proposer un mouvement de l'extérieur vers l'intérieur. Bon, il a fait cette tête-là? Et qu'est-ce que tu penses qu'il ressentait comme émotion, et qu'est-ce que tu penses qu'il avait comme pensée à ce moment-là? On passe de l'extérieur vers l'intérieur et vers le pôle cognitif ou vers le pôle affectif. Donc, chacune de nos phrases finalement, vous le voyez, opère plusieurs mouvements contraires à la fois. Ajoutons trois remarques. La première c'est qu'on pourrait ajouter d'autres axes à ces quatre axes qu'on a déjà vus ensemble. On pourrait parler d'un axe temporel. On pourrait dire que dans nos propos, on peut être parfois focalisé sur un moment particulier, passé, présent ou futur. Et puis, garder du mouvement c'est intégrer toute la temporalité.C'est de pouvoir passer avec souplesse du passé au présent ou du présent vers le futur. Donc, là on a un nouvel axe. On peut aussi considérer un axe Cas particuliers / Généralités. On peut avoir tendance à tomber dans des généralités et on peut nous ramener sur des cas particuliers, ou à l'inverse être focalisé sur un cas particulier et perdre de vue une vision plus globale, une vision plus générale, voilà un autre axe. Peut-être que vous en aurez d'autres en tête, des axes. La deuxième remarque c'est qu'on veut vraiment visiter tout un appartement avec la personne et rester en mouvement entre les différentes pièces et pas rester coincé dans une seule pièce. Donc, on doit continuellement enchaîner ces mouvements contraires. C'est pas un mouvement contraire, puis on s'arrête. Cette souplesse-là dans l'interaction permet de générer la mentalisation. On va s'intéresser aux états mentaux, puis on va s'intéresser aux aspects plus concrets, on va s'intéresser à soi, on va s'intéresser à autrui, passé, présent, généralités, cas particuliers, on reste en mouvement. Et puis enfin, la dernière remarque c'est la plus évidente. En fait, je ne vous apprends pas grand-chose, tout ça vous le faites déjà souvent. Moi j'essaie surtout d'attirer votre attention sur le fait qu'il y a des moments où on fait des polarisations à l'identique ou à l'opposé face à quelqu'un qui est polarisé, mais il y a d'autres moments où on arrive à garder cette souplesse et à faire ce qu'on appellera ici des mouvements contraires. On n'invente rien, on insiste sur distinguer ces deux cas de figure-là parce qu'il y en a un où on va s'enfermer dans une spirale de faible mentalisation avec notre interlocuteur tandis qu'il y en une autre où on ouvre et c'est beaucoup plus fluide et beaucoup plus simple de communiquer. OK, en conclusion, on a vu les polarisations de la mentalisation, et puis on a vu comment y répondre par des mouvements contraires. On a vu que les mouvements c'est vite compliqué parce qu'il y a plusieurs polarisations et donc il y a plusieurs mouvements contraires à choix. Pas de panique, on choisit le premier qui nous vient. L'objectif c'est de les enchaîner et pas de les enchaîner tout le temps, on ne va pas passer nos interactions à faire des mouvements contraires. On les enchaîne que quand c'est vraiment nécessaire, quand notre interlocuteur se retrouve seul coincé dans cette pièce du fait de sa polarisation. Le reste du temps finalement, on n'a pas besoin de tout le temps penser à ce qu'on est en train de faire dans la relation avec les gens. C'est que quand il y a des problèmes significatifs qui surviennent. Pour la suite, on va s'intéresser à notre deuxième grille de lecture, c'est-à-dire les modes de prémentalisation, et puis on va s'intéresser à comment réagir et comment relancer la mentalisation quand les modes de prémentalisation sont dominants. [MUSIQUE] [MUSIQUE]