[MUSIQUE] [MUSIQUE] Dans cette leçon, nous allons voir comment réagir à une polarisation de la mentalisation. J'ai pris cette boussole que vous avez déjà vue dans un module précédent pour illustrer notre propos. L'idée, c'est que quand quelqu'un est polarisé, il se retrouve coincé sur l'un ou l'autre de ces éléments-là : affectif, cognitif, soi, autrui, externe, interne, etc. Quand il est polarisé, sa vision du monde, sa vision de l'interaction et du moment, elle est restreinte, étriquée. L'objectif que nous verrons ensemble, c'est de voir comment est-ce qu'on peut l'aider à assouplir sa perception et à assouplir sa vision du moment présent. Donc, on va commencer par voir qu'est-ce que cela nous fait d'être face à quelqu'un qui a une mentalisation polarisée, et puis ensuite, on va voir quelles stratégies on peut mettre en place pour l'aider à assouplir sa vision. Pour commencer, peut-être, mettons directement en situation avec un petit exemple. Imaginez que vous avez une amie qui s'appelle Marie. Et puis Marie vous raconte une injustice qu'elle traverse. Elle a essayé d'inviter des amis pour un repas chez elle et puis alors qu'ils avaient répondu favorablement initialement, il se sont désistés un peu tardivement parce qu'ils ont été invités, imaginons, à un anniversaire, quelque chose d'un peu plus important que juste un apéro ou un dîner sans motif particulier, on va dire. Mais Marie, elle le prend très mal. Elle est vraiment blessée d'avoir été passée au second plan, que ses amis soient partis pour un autre événement. Elle vous le dit avec beaucoup d'émotion, elle n'a plus envie de les voir. Elle pense que ces amis-là, finalement il faut rompre avec eux. La question qui se pose, c'est : si vous vous mettez dans la situation, qu'est-ce que vous pourriez éprouver face à Marie? Marie, elle est polarisée sur un pôle soi, et puis elle est polarisée surtout sur un pôle assez affectif. Et quand on se retrouve face à quelqu'un qui est polarisé, le risque principal, il est de se polariser aussi. Donc on pourrait tomber à la manière de Marie dans le pôle affectif. Alors, on pourrait dire, oui, Marie, tu as raison, ces amis-là, ce ne sont pas des vrais amis, ce n'est pas un truc qu'on fait, je partage tout à fait ce vécu-là, et entrer ainsi avec elle dans cette conflictualité vis-à-vis de ses amis. On verra peut-être que cela pose un problème. C'est que si elle se sent proche de nous ou si nous, nous nous sentons proche d'elle pendant qu'on est polarisé sur le même pôle qu'elle, le risque, c'est qu'on fasse partie du conflit tout d'un coup. On est entré dans un conflit qui à la base ne nous regardait pas nécessairement. Et puis, cela pose une autre question. Est-ce qu'on arrive vraiment à aider Marie à réguler son problème de cette manière-là? À l'inverse, si on se défend d'être trop affecté par les émotions de Marie, on pourrait basculer plutôt sur le pôle cognitif. Trouver de bonnes raisons logiques à tout cela. Écoute, Marie, un anniversaire, ce n'est quand même pas tous les jours de l'année. Donc, ils n'ont peut-être pas eu le choix, ces amis, que d'accepter cette invitation-là en espérant que tu comprendrais. Cela, c'est une, finalement, opposition, une polarisation à l'opposé. Ce qui va se passer pour Marie, éventuellement, si c'est la position qu'on adopte, c'est qu'elle va se sentir assez seule dans sa position affective. Et puis, elle n'est pas en contact avec nous. Ou plutôt, elle va nous vivre comme refusant le contact avec elle. Donc, le danger, c'est que en plus d'un conflit avec ses amis, elle se retrouve avec un conflit avec nous. Alors, comment est-ce qu'on peut faire pour avancer dans la régulation de l'émotion quand il y a une polarisation? Ce qu'on va proposer, c'est un mouvement qu'on appelle contraire. On va faire des mouvements contraires par rapport à la position polarisée de notre interlocuteur. Mais un mouvement contraire, ce n'est pas la même chose qu'une polarisation opposée. On l'a vu, la polarisation opposée, c'est quelque chose qui nous vient spontanément, de manière un peu défensive. Le mouvement contraire, c'est quelque chose d'un peu plus actif. On l'a identifiée, la polarisation, et pour faire ce mouvement contraire, il faut avoir une certaine sympathie pour la polarisation dans laquelle se trouve notre amie ou notre interlocuteur. On ne doit pas la refuser. On doit admettre qu'elle existe et puis on doit avoir une certaine sensibilité, une certaine empathie par cela. Mais en même temps, chercher à nous distancier un tout petit peu de cette vision étriquée du monde. C'est un peu comme si dans cet appartement et dans cette pièce dans laquelle notre interlocuteur se trouve coincé, on prend le temps avec cette personne de voir un peu à quoi cette pièce ressemble, mais aussi d'essayer de voir si elle est d'accord de nous accompagner un petit peu plus loin. Donc pour proposer un bon mouvement contraire à notre interlocuteur, il faut d'une part valider sa position, puis entamer un chemin sur les différents axes de façon à assouplir cette même position. On va voir comment le faire sur le pôle soi, autrui et sur le pôle affectif et cognitif. Mais, j'insiste vraiment sur le tact dont il faut faire preuve parce qu'il y a toujours ce risque de se retrouver plutôt dans une forme d'opposition et de se dissocier du vécu de notre interlocuteur et de régénérer quelque chose de l'ordre du conflit. Si on prend notre boussole, et qu'on regarde, par exemple une polarisation soi, notre ami exprime un vécu personnel, et puis on pourrait lui dire quelque chose comme, c'est clair, je comprends assez bien que tu vives cela. Mais dans l'interaction avec quelqu'un d'autre, comment tu pourrais exprimer aux autres ton vécu? On pourrait inviter notre interlocuteur à imaginer comment est-ce qu'il pourrait essayer de faire comprendre à autrui son vécu. D'accord? À l'inverse, s'il est fortement focalisé sur autrui, je ne sais pas, un ami à vous qui, quand vous discutez avec lui, s'intéresse beaucoup à ce qu'il y a dans la tête de quelqu'un d'autre, vous pourriez l'inviter à vous faire savoir, mais et toi? C'est quoi ton opinion à ce sujet? Donc dans mon premier exemple, on invite notre ami à considérer les autres et puis dans le deuxième, on a bien vu qu'il considérait suffisamment les autres pour laisser un peu de place à qu'est-ce qu'il pense lui de la situation. On a fait deux mouvements sur cet axe-là. Il peut être nécessaire d'en faire plusieurs. Quand on fait ces mouvement-là, on va voir la réaction de notre interlocuteur. On doit rester assez attentif à cela parce qu'à mesure qu'on l'invite à se déplacer, il peut résister. Et s'il résiste, c'est qu'on n'a pas assez validé sa propre position. Donc on revient un petit peu en arrière. On insiste sur, on a bien compris ta position. Si on prend un autre exemple sur le pôle affectif et puis sur le pôle cognitif, si notre amie est fâché et elle est donc sur le pôle affectif, on aimerait l'amener un peu plus sur le pôle cognitif. Alors, on peut lui dire quelque chose comme, je comprends bien que tu es fâché, je le vois bien, je le vis avec toi, mais comment est-ce qu'on pourrait trouver les moyens d'expliquer cela à quelqu'un d'autre? Si on pose cette question, on force la personne à être un peu plus explicite sur les raisons de sa colère et du coup, cognitivement, il doit se mettre à la place de celui qui va expliquer quelque chose, il doit basculer un petit peu sur le plan cognitif pour le faire. Autrement, il restera sur un mode affectif intuitif en disant, mais c'est évident pourquoi je suis en colère. Et puis, en lui disant, mais non, en fait, ce n'est pas si évident que cela, ou c'est sûrement plus compliqué qu'il n'y paraît. Donc si tu prends le temps de m'expliquer, tu vas devoir faire un petit mouvement sur le pôle cognitif. À l'inverse, si la personne est focalisée sur le plan cognitif, elle va nous donner des explications qui sont très logiques, rappelez-vous. Alors, vous pourrez lui dire quelque chose comme, toutes tes explications sont très logiques et très compréhensibles. Et puis elles aident un peu à calmer mon énervement ou ma déception, mais pas complètement. Il m'en reste un peu. Peut-être que ce serait important qu'on puisse aussi parler de cela, des émotions. Donc là, on propose une bascule du côté affectif en intégrant les aspects émotionnels. Bon, maintenant, c'est à vous d'essayer de proposer des réponses de type mouvement contraire dans l'exercice qui suit. [MUSIQUE] [MUSIQUE]