[MUSIQUE] [MUSIQUE] Bonjour Mario. J'apparais en fin de module pour essayer de tisser le fil rouge entre les différents modules. Et au premier module, on a parlé de la définition de la mentalisation. Toi tu nous a parlé vraiment des étapes développementales de la mentalisation. Au travers de ton module, qu'est-ce que tu aimerais qu'on retienne? >> Un premier point qui me semble essentiel, c'est de comprendre que la mentalisation est avant tout relationnelle. Elle naît dans la relation entre le bébé et son pourvoyeur de soins. >> On doit être deux pour mentaliser. >> Oui, on doit être vraiment deux. Et c'est justement cet échange, ce va-et-vient entre le pourvoyeur de soins et le bébé qui participe à la construction de la mentalisation. Et puis, tu nous parles aussi de cette relation d'attachement comme d'un laboratoire pour apprendre à mentaliser. >> Oui, la relation d'attachement est vraiment un laboratoire d'entraînement à la mentalisation. C'est justement parce que le parent mentalise l'enfant que l'enfant arrive à apprendre à mentaliser soi-même et aussi l'autre. Donc, l'attachement est ce lieu dans lequel cet entraînement a lieu. >> Et puis, en quelque sorte c'est comme le dit Professeur [INCONNU], de trouver son esprit dans l'esprit de l'autre, c'est-à-dire que lorsqu'on est avec un parent qui nous traite comme quelqu'un qui mentalise, même lorsqu'on est nourrisson, on arrive nous-même à s'identifier à ça, à développer notre capacité à mentaliser. C'est un petit peu ce que tu nous as transmis dans ce module aussi. >> Il y a un élément essentiel, c'est la sensibilité parentale au message de l'enfant, ce qu'on a appelé le mirroring parental, cette capacité du parent à identifier les émotions de l'enfant pour l'aider à les différencier et à les réguler. Ça c'est un élément essentiel. Et cette régulation est une régulation qui est faite de façon partagée. Et en même temps, l'intérêt que porte le parent à l'état d'esprit de l'enfant l'intéresse progressivement à ses propres états mentaux et à ceux du parent. >> Ok, du coup, le parent doit vraiment lui-même être autorégulé émotionnellement pour aider en fait l'enfant à s'autoréguler en utilisant la mentalisation. >> Tout a fait. D'ailleurs, on sait que la mentalisation des parents est liée à leurs propres efforts d'attachement. Et donc c'est là une porte aussi à la transmission de la mentalisation entre les générations. >> Et quand tu nous parlais justement de cette relation, de ce premier laboratoire dans la relation d'attachement, c'est aussi un laboratoire où la confiance naît, c'est dans cet attachement-là que la confiance dans la source d'informations peut vraiment prendre son socle. >> Alors, l'attachement permet à l'enfant au fur et à mesure de ses interactions de créer des schémas dans sa tête, des schémas mentaux qui lui permettent d'anticiper comment ça va se passer dans la relation avec les autres. Et donc, cette confiance qu'on est capable d'attribuer à l'autre est un lien avec l'histoire de nos relations. Et ça conditionne la manière qu'on a de considérer qu'une information qui nous est transmise par quelqu'un d'autre est utile, est acceptable, est importante et peut être donc généralisée au monde. C'est ça la confiance épistémique. >> Et puis du coup, la variation de l'intensité émotionnelle va potentiellement miner l'attribution de cette confiance épistemique. >> Si l'enfant est en situation émotionnelle difficile, s'il est stressé, il va avoir plus de mal à attribuer des émotions, à attribuer des états mentaux adaptés. Il va avoir un biais de lecture. Et le problème c'est qu'un attachement plus insécure crée un biais dans la manière de lire l'environnement et donc aussi d'accéder aux apprentissages et aux informations que l'environnement lui transmet. >> Sauf erreur, tu as lié ces biais aux modes de prémentalisation successivement dans le développement. Tu peux nous en dire deux mots? >> Oui. La mentalisation n'est pas d'emblée présente. D'abord, il y a des modes de prémentalisation qui précèdent une mentalisation plus mature. Ces modes de mentalisation, on l'a vu, c'est des manières qu'a l'enfant de s'adapter à la réalité. Et donc, progressivement, il va trouver un équilibre entre attribuer l'importance aux majeurs à la réalité externe ou à la réalité interne. Et la mentalisation mature c'est quand cet équilibre est souple. >> OK, ce serait cette combinaison de différentes perspectives qui enrichirait notre manière de voir le monde, de voir sa complexité. >> Tout a fait. Un élément clé de la mentalisation c'est cette capacité à prendre une perspective différenciée sur soi, sur autrui. >> OK, merci Mario. Ça nous prépare vraiment au prochain module qui est au sujet des émotions et de la mentalisation, comment les émotions peuvent venir soutenir mais aussi poser obstacle à notre capacité à mentaliser et toi, tu as pu vraiment nous donner les repères développementaux de notre capacité à mentaliser. Un grand merci, Mario. >> Au plaisir. [MUSIQUE] [MUSIQUE]