[MUSIQUE] [MUSIQUE] >> Dans les trois premiers épisodes de ce MOOC, nos intervenants vous ont expliqué à quels enjeux leurs alliances territoriales permettent de répondre, les types d'alliances qu'ils ont mis en place et comment ils ont co-construit ces alliances innovantes dans >> les territoires. Nous avons notamment étudié la question de leur structuration juridique et de leur financement sans oublier la question clé de l'évaluation des résultats de ces alliances territoriales. Mais comment démultiplier leur impact et pourquoi cela est-il nécessaire? Quels sont les facteurs clés de succès de ces alliances territoriales? C'est ce qu'ils vous ont présenté dans ce quatrième épisode et ce sur quoi nous allons revenir aujourd'hui. Commençons tout d'abord par revenir sur l'impact de ces alliances sur leurs parties prenantes et sur les territoires. Le pré-requis pour un changement d'échelle de ces alliances est en effet qu'elles donnent lieu à des impacts positifs. Pour Charles-Benoit Heidsieck, ces alliances ont trois impacts sur les territoires. Un, elles sont un levier de performance pour les organisations et permettent de renforcer leurs liens. Deux, elles renforcent la capacité d'innovation des territoires et permettent de faire émerger des solutions que n'aurait pas pu développer un acteur seul. Trois, elles sont facteur de confiance entre les différents acteurs du territoire. Emmanuel Dupont, responsable au CGET, commissariat général à l'égalité des territoires, pense quant à lui que ces innovations territoriales font face aujourd'hui à deux enjeux. Premièrement, sortir d'un caractère très local et souvent éphémère pour acquérir une dimension plus pérenne et deuxièmement, permettre un décloisonnement et une modernisation de l'action publique. Selon lui, ces innovations doivent avoir et ont un impact sur la façon dont les administrations s'organisent et travaillent. Elles permettent en effet aux administrations de repérer des besoins sociaux que les acteurs publics ne peuvent pas toujours capter. Emmanuel Dupont souligne enfin qu'il est essentiel de capitaliser sur les alliances réussies en les transformant par exemple en politiques publiques. Ceci constitue à l'évidence une première forme de changement d'échelle. Ce changement d'échelle peut prendre une forme très différente selon les alliances. Pour Jean-Pierre Lartigue du collectif Silver Geek, la première démarche de démultiplication est de présenter et de valoriser son projet dans des réseaux très divers. Chaque membre du collectif a ainsi diffusé le bilan du projet dans ses réseaux au niveau national. les médias ont également contribué à la diffusion de ce projet. La deuxième démarche d'essaimage de Silver Geek a été de mettre par écrit la façon dont le projet s'est construit et de créer des kits d'animation afin que d'autres structures puissent s'emparer de leur initiative. Karen Toris, chargée de communication à ADB Solidatech, conseille quant à elle d'intégrer de nouveaux projets dans des dispositifs déjà existants plutôt que de créer de nouvelles structures. Enfin, Philippe Jouanny, le président du Club Gravelle Entreprendre estime que l'alliance Agir ensemble à Charenton Saint-Maurice devrait non seulement être essaimée géographiquement dans d'autres territoires, mais aussi sectoriellement pour répondre à d'autres besoins comme le handicap ou la précarité par exemple. Le changement d'échelle de ces alliances est aujourd'hui incarné par une communauté dont fait notamment partie Cécile Dupré Latour, la communauté des pionniers des alliances dans le territoire dont l'objet est de jouer le rôle de facilitateur pour démultiplier cette approche sur d'autres territoires. Afin de mettre en oeuvre ce changement d'échelle, nos témoins se sont bien sûr penchés sur la problématique du financement. Brigitte Tondusson, chargée de mission à la fondation Macif, et membre de Silver Geek, estime que les résultats très positifs de leur alliance, mis en avant dans un rapport, seront un atout pour aller démarcher de nouveaux financeurs. Jean-Pierre Lartigue du même collectif pense également que leur projet devrait intéresser des acteurs privés de la Silver économie. Mais il est aussi convaincu que les acteurs publics doivent capitaliser sur le bilan très positif de leur expérimentation, et donc les soutenir financièrement. Cette conviction est partagée par Emmanuel Dupont du CGET qui constate que de nombreux financements publics sont disponibles pour la création d'activités mais qu'il faudrait également valoriser et développer des mécanismes de financement pour la reprise d'alliances ayant fonctionnées et pour leur duplication sur d'autres territoires. Hugues Sibille, le président du Labo de l'ESS pense que les social impact bonds peuvent être une piste de financement pour démultiplier les alliances territoriales. Si vous voulez en savoir plus sur ces social impact bonds, ces titres à impact social, vous pouvez vous reporter au MOOC sur La finance qui change le monde, le troisième MOOC que nous vous proposons également sur Coursera. Hugues Sibille met également en avant deux autres outils de financements innovants. Un, les fondations territoriales en tant que tiers de confiance, légitimes pour sélectionner des projets locaux et lever des fonds localement pour les financer. Le deuxième mode de financement, c'est les circuits courts de financement tels que le crowdfunding. Passons maintenant aux facteurs clés de succès de ces alliances. Toujours selon Hugues Sibille, il faut qu'elles soient pilotées par la société civile et qu'une culture entrepreneuriale en soit à l'origine pour qu'elles soient fructueuses. Les intervenants sont unanimes quant à l'un des principaux facteurs clés de succès d'une démarche de co-construction. Partager un même objectif clair et faisant l'unanimité. Philippe Lemoine, le président du Forum d'Action Modernités, précise que ces objectifs doivent être mesurables. Il met également l'accent sur le fait que le succès des alliances territoriales réside dans la capacité des acteurs à croître tout en restant authentiques. Frédérique Marquet, en charge de la direction de l'économie et de l'emploi de la ville de Charenton, rajoute que la souplesse est essentielle, ainsi que le fait de respecter la diversité des points de vue grâce à une véritable écoute mutuelle. Et finalement, le principal obstacle à la réalisation de ces alliances, c'est l'inertie. Le risque existe qu'elles se limitent à quelques pionniers qui pouraient s'épuiser sur le long terme. Le témoignage des pairs est dont essentiel pour convaincre de nouveaux porteurs de projets de passer à l'acte. C'est d'ailleurs ce que nous avons souhaité faire au cours de ce MOOC. Car, souvenez-vous du conseil du président fondateur du Rameau. Allez voir un membre de ces alliances pour constater à quel point elles ont été sources de transformations pour le territoire bien sûr, mais aussi pour chacune de ses parties prenantes. [AUDIO_VIDE]