[MUSIQUE] [MUSIQUE] Nous retrouvons donc Charles-Benoît HEIDSIECK, Président-fondateur du RAMEAU, pour ce dernier témoignage du dernier module de notre MOOC sur les alliances territoriales. Alors, après s'être intéressés à la définition du territoire et aux enjeux des alliances territoriales, avoir analysé quelques-unes des alliances territoriales aujourd'hui en cours et, lors du dernier module, s'être intéressés au comment, à la co-construction de ces alliances territoriales, on va maintenant travailler la question de la démultiplication de ces alliances. Dans les modules précédents, on a bien vu que la place et le rôle des acteurs publics étaient primordiaux, essentiels, et la première question que je voudrais vous poser c'est : pourquoi est-ce que les acteurs publics nationaux sont finalement plus difficiles à mobiliser que les acteurs publics locaux? >> Alors, comme nous l'avons vu, notamment dans le troisième >> volet, il s'agit d'articuler, pour les alliances territoriales, il s'agit d'articuler les acteurs, les domaines et les territoires. Et face à cette complexité, il est bien évident qu'il est beaucoup plus facile pour les collectivités territoriales, très pragmatiques finalement, puisque c'est le lieu de l'incarnation de ces partenariats dont nous avons parlé, il est beaucoup plus facile pour ces collectivités territoriales de le traiter d'un point de vue pragmatique que d'un point de vue politique. Dès qu'on va passer au niveau national, bien évidemment, les questions politiques vont être beaucoup plus importantes à traiter, ne serait-ce que pour l'articulation justement des territoires entre eux sur cette dynamique-là. Donc, il est plus facile, et c'est pour ça que on voit bien que ce phénomène est un phénomène qui est beaucoup plus en avance sur les territoires qu'au niveau même de nos réflexions nationales, parce que quelque part c'est le principe de réalité sur les territoires qui permet de le faire. Et puis il est plus facile à des acteurs élus territoriaux, finalement d'être juste primus inter pares. Mais du coup, d'être à même hauteur, j'allais dire, que les organisations sur territoire, que d'un point de vue national où nous attendons de nos élus, finalement d'autres choses et plutôt une dynamique politique et peut-être moins de territoire, ou peut-être moins pragmatique que celle que ne peuvent avoir nos élus territoriaux. >> Vous venez d'insister sur la dimension très pragmatique, donc l'action >> de ces alliances territoriales. Alors, quand on pense action, on pense évidement résultats, et la question qui vient c'est : sur quel registre, autour de quels axes peut-on mesurer les résultats et l'impact de cette action? >> Alors, comme nous l'avons vu dans la première partie finalement, pour le territoire il y a trois impacts. Le premier, c'est la consolidation des organisations de son territoire. Finalement, c'est un levier de performance des organisations. Et avoir des entreprises solides sur son territoire, avoir des associations d'intérêt général, solides, sur son territoire, c'est un enjeu majeur. Le fait de pouvoir faciliter le lien entre les deux est un élément totalement déterminant. Ca, cela peut se qualifier justement par ce qu'apportent très concrètement les partenariats in fine de la démarche. Mais si l'on va un cran plus loin, le deuxième élément c'est la capacité d'innovation. Et, c'est la capacité finalement à faire émerger des solutions sur le territoire qui ne pouvaient pas exister auparavant, donc l'innovation. Et puis la troisième, beaucoup plus difficile à mesurer mais que l'on voit très bien par exemple à Charenton-Saint-Maurice. C'est finalement la confiance que cela créé entre les acteurs du territoire. Donc, on peut mesurer effectivement la performance pour les organisations, assez simple aujourd'hui à faire et d'ailleurs je vous invite à revoir le premier MOOC sur les partenariats qui changent le monde, le deuxième sur l'innovation et là on voit bien finalement l'élément déterminant de cette capacité à construire ensemble. Je vous invite à regarder le référentiel modèle d'investisseur sociétal que le Rameau a publié en 2015 sur cette dynamique de capacité à faire émerger, à amorcer des projets, mais aussi et peut-être surtout à les faire changer d'échelle, et puis, troisième point, la confiance, la capacité des acteurs à se rencontrer, à voir qu'ils ont beaucoup de choses à faire en commun et du coup, à créer une dynamique de territoire qui permet de répondre là où aucune des organisations seules ne pouvaient le faire auparavant. >> Pour atteindre ces résultats en matière de confiance, en matière d'innovation, en matière de performance des organisations, il va falloir lever certains obstacles. Donc, quels sont les obstacles à la diffusion de ces alliances territoriales et finalement, y a-t-il deux ou trois moyens ou deux ou trois idées fortes pour les lever ou les surmonter? >> Alors effectivement, la première éthique c'est, comme toute dynamique collective, de lever l'inertie. C'est-à-dire de ne pas limiter à quelques-uns, quelques moteurs, qui sont essentiels pour faire démarrer l'initiative mais qui ne suffisent pas et qui peuvent même, dans la durée, un peu s'épuiser. Donc finalement, on voit bien que la première logique c'est convaincre de passer à l'acte. Et c'est là où finalement, le témoignage des pairs est indispensable. Alors pour ça, il y a trois choses. D'abord, il y a des outils. Des outils pour pouvoir être clair sur ce dont il s'agit, bien comprendre ce dont il s'agit, bien avoir la démarche de boîte à outils, j'allais presque dire, pour pouvoir le faire, et ça il ne faut pas réinventer la roue. Le centre de ressources numériques que met à disposition le Rameau pour les territoires est un des exemples d'aller puiser ce qui existe déjà pour pouvoir ne pas réinventer. Mais avoir une boîte à outils, ça ne suffit pas. Le deuxième élément, c'est bien évidemment la formation. Comment est-ce que cette formation peut s'organiser? Et il est intéressant de voir que les catalyseurs de territoire, ceux qui sont déjà dans cette démarche, nous en dénombrons dans notre réseau des pionniers des alliances territoriales plus de 200, peuvent être des leviers pour pouvoir transmettre à d'autres ce qu'ils ont vécu. Et là encore, des modules de formation existent, les acteurs qui peuvent transmettre leur vécu peuvent exister. Et puis le troisième point, c'est réellement cette ingénierie d'accompagnement territorial. Et là, les catalyseurs territoriaux, ceux qui sont peut-être à la pointe de la pointe parmi ce réseau de 200 pionniers, aujourd'hui travaillent ensemble pour pouvoir se dire finalement, comment est-ce qu'on peut venir outiller les autres territoires, aider les autres territoires à aller dans cette démarche-là, parce que, encore une fois, c'est une démarche extrêmement récente. >> Enfin, une dernière question : si vous aviez un conseil à donner à celles et ceux qui veulent s'engager dans une démarche d'alliance territoriale, quel serait-il? >> Tout simple. Allez voir l'un de vos pairs qui est déjà en marche. Allez voir combien c'est concret, c'est réel, et combien c'est extrêmement enthousiasmant. Alors, bien sûr, entre l'objectif qu'on se fixe au départ et ce que l'on constate après, il y a de grandes surprises. Mais à la limite, c'est ça qui est intéressant. C'est de se dire qu'on ne peut pas définir à l'avance ce que l'on va trouver, mais toute personne, toute personne qui avait fait la démarche y a trouvé beaucoup plus que ce qu'elle attendait de façon très différente, a fait souvent un pas de côté beaucoup plus grand que ce qu'elle pensait faire mais, in fine et c'est bien cela, pour les enjeux du territoire cela a été beaucoup plus productif. Et c'est de cette capacité à produire ensemble du résultat que finalement, chacun à la fois au titre de l'organisation qu'il représente et à titre individuel a pu progresser. Allez voir ceux qui ont déjà été en marche, et vous verrez que leur passion, leur enthousiasme et concrètement, les résultats qu'ils ont obtenus, valent la peine d'y aller. Donc vous aussi faîtes l'expérience. [MUSIQUE]